Argentine

Les grondements du Perito Moreno

ARGENTINE – Il est impressionnant. Il est vivant. Le glacier craque et se disloque et vous pouvez l’approcher à quelques dizaines de mètres. Inoubliable.

Argentine, El Calafate, glacier Perito Moreno

Une devinette d’abord. Qu’est-ce qui est blanc, gigantesque et qui bouge sans cesse en lançant des grondements ? Bougez pas, vous allez savoir.

Près de 30 heures de bus, au total, en provenance d’El Bolson (où l’on a raté le marché hippie pour ne pas louper le bus…). Ça, ce n’est plus un problème depuis longtemps. Ce qui l’est en revanche, avec ce trajet, c’est son prix : 1630 pesos, soit 100 euros chacun. Ça pique. Soyez prévenus si vous pensez vous déplacer en bus en Argentine, et tout particulièrement en Patagonie : c’est cher, très cher. D’ailleurs, tout est cher en Patagonie.
Bon, le point positif de ce voyage c’est une chouette rencontre, lors d’un arrêt pour changer de bus, à Rio Gallegos. On entend un couple qui cause dans la langue de Joe Dassin, on noue le contact. On commence par échanger un livre glané peu de temps avant dans un auberge (ben oui, à coup de 30 heures de transport, on consomme de la page). Nadège et Maxence, Parisiens, en sont au début d’un trip de près d’un an en Amérique du sud. Comme nous, ils n’avaient pas forcément prévu le coût de la vie dans l’extrême sud du continent. Alors ils commencent à flipper un peu côté budget.

On a le même but : descendre à El Calafate pour aller faire un tour du côté du célèbre Perito Moreno, glacier vedette des réseaux sociaux. Arrivés à destination, on cherche ensemble la solution la moins chère pour se rendre jusqu’au pied du glacier, à 80 kilomètres de la ville. Il existe plusieurs options.

– EN EXPEDITION. De nombreuses agences de voyage – il y en aurait une cinquantaine – en organisent, vous les trouverez sans souci sur l’avenue del Libertadore, l’artère principale du village, qui n’est pas si grand. Les hôtels et autres auberges de jeunesse en proposent aussi. Le nôtre (hostel Libertadores, lire ci-dessous) propose une formule qui semble plutôt intéressante. Départ en bus, passage par « l’ancienne route » paysagère, petite balade à pied avant d’arriver sur le site et de pouvoir admirer le glacier, retour par la route classique, le tout sous la conduite d’un guide. Le tarif : 490 pesos argentins (30 euros).

– EN BUS. L’aller-retour simple en bus coûte 400 ARS (25 euros). Achetez vos billets à la gare routière.

– EN TAXI. On est quatre, on se dit qu’en divisant, si ça se trouve, ça peut nous revenir moins cher. Erreur. Même en négociant du mieux qu’on peut dans le petit bureau enfumé dédiés aux chauffeurs de taxi près de la gare routière, on obtient un prix de 1500 pesos (90 euros, soit 22,50 euros par personne) pour l’aller seul. On oublie.

– EN LOUANT UNE VOITURE. Bingo ! À quatre, c’est vraiment la solution la plus économique. Celle qu’on choisit donc : 1080 pesos (66 euros, soit 16,50 euros par personne) pour un véhicule cinq portes tout à fait honorable, durant 24 heures avec un kilométrage limité à 200 kilomètres. Auxquels il faut ajouter 80 pesos de carburant (4,90 euros ; 1,20 euros par tête).

Nota bene : quelle que soit la solution retenue pour effectuer le trajet, il faut s’acquitter du billet d’entrée dans le Parque nacional Los Glaciares : 260 pesos par personne (16 euros).
ATTENTION, les prix sont donnés à caractère indicatif. Parce qu’en Argentine plus qu’ailleurs, entre variations vitesse grand V des cours et marché des changes opaque (lire aussi notre encadré sur le Blue market dans Bariloche, la Suisse latine), en matière de budget, la vérité du jour n’est pas forcément celle du lendemain.

Bien mieux qu’en Nouvelle-Zélande

Argentine, El Calafate, grottes de Punta WalichuOn a trouvé l’auto dans la petite agence située juste après le pont à la sortie de la ville, sur la route de Rio Gallegos, juste à côté de l’hostel Libertadores. Louer une caisse, d’abord ça coûte moins cher, mais c’est aussi la possibilité de se lancer librement à la découverte de l’un des sites les plus touristiques de Patagonie en fuyant les hordes de visiteurs. Toutes les expéditions partent à huit heures ? Parfait, nous on va décoller vers midi, peinards, quand elles seront sur le retour. Pourquoi se presser ? On a la voiture jusqu’au lendemain matin, il fait jour jusqu’à 23 heures, le site reste ouvert jusqu’à 20 heures. En partant, on se permet même un détour d’une dizaine de kilomètres jusqu’aux grottes de Punta Walichu, sur la berge de l’émeraude Lago Argentino. Là, des dessins des indiens Tehuelches, premiers habitants des lieux, datent d’une dizaine de milliers d’années. Sympa, mais pas inoubliable.

Rien à voir avec le Perito Moreno. On avait été un peu déçus par de précédentes expériences « glaciers » en Nouvelle-Zélande (lire Le Top 10 de l’Île du sud). Ici, rien à voir. Dès notre première halte pour une observation depuis un mirador situé sur la route – la liberté de la voiture – on comprend qu’on va en prendre plein les yeux. Sur le site, on choisit de pas grimper dans les navettes et de tout faire à pied, depuis la petite plage située en contrebas du parking. Deux bonnes heures de marche aller-retour, sans se presser, sur une chemin aménagé à flanc de colline face au Perito Moreno, jusqu’à l’approcher à seulement quelques dizaine de mètres.

Argentine, El Calafate, glacier Perito Moreno

Incroyable. Devant nous, une falaise de glace haute d’une soixantaine de mètres et large de cinq kilomètres. Derrière, près de 30 kilomètres d’un glacier qui glisse inoxerablement. Partout, fissures laissent entrevoir un bleu profond. Mais surtout, très régulièrement, des grondements sourds et puissants s’échappent du monstre froid. Encore plus impressionnant : des blocs, parfois gros comme des immeubles, s’en détachent pour aller s’écraser en bas, dans l’eau, dans un fracas incroyable. Promis, ce n’est pas rare : si vous y allez, avec un minimum de patience, vous le verrez aussi.

Argentine, El Calafate, glacier Perito Moreno

Le Perito Moreno est l’un des glaciers les plus facilement accessibles de la planète, c’est aussi l’un des plus mobiles. Son avancée dans le lac, environ deux mètres par jour, est constante : un spectacle naturel vivant et unique.

On rentre par l’ancienne route (une piste en fait) qui, c’est vrai, est assez paysagère. On fait un petit détour au supermarché et on gare la voiture devant l’agence de location avec… 196 bornes de plus au compteur. Impeccable.

Le soir, tandis que de beaux morceaux de viande grillent au barbecue sur l’emplacement de camping de Nadège et Maxence, on évoque la suite. Et si on se lançait ensemble à l’assaut des Torres del Paine, pour plusieurs jours d’une randonnée qui figure parmi les plus belles de la planète ?

OÙ LOGER ?
Nadège et Maxence, eux, ont emporté une tente. Dans ce cas, le camping, situé à l’entrée du village, est la solution la moins chère pour se loger à El Calafate. Attention toutefois à être bien équipés ET pas frileux.
Sinon, rayon auberges de jeunesse, à El Calafate, on vous conseille deux adresses. Deux établissements qui appartiennent au même propriétaire. L’hostel Del Glaciar Libertador, sur l’avenue du même nom, est une adresse propre et très sympa (220 pesos la nuit en dortoir de quatre lits, 13 euros par personne). L’hostel Del Glaciar Pioneros, un peu plus éloigné du centre, est aussi un peu moins neuf. Mais la cuisine est tout aussi fonctionnelle que dans l’autre, le salon est plus convivial ; la salle de bains et les toilettes sont à l’extérieur du dortoir, ce qui est, à l’usage, est plutôt un avantage : vous n’êtes pas dérangés par vos voisins de chambrée. Tarifs un peu moins chers (170 pesos, 10,40 euros) : ça vaut le coup de faire les 500 mètres de plus à pied, même avec les sacs.

 

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