Chine

À bord du Transmongolien, le train entre Oulan-Bator et Pékin

CHINE – Embarquement à bord du Transmongolien, à travers les steppes, direction Pékin. 30 heures de trajet. Avec une looooongue pause à la frontière pour changer d’essieux. 

Transmongolien

Après la traversée de la Russie en Transsibérien, le voyage va se poursuivre à bord du Transmogolien (ou transmongol). Le train qui va d’Oulan-Bator à Pékin.

Pour l’instant, on a encore la tête sous la yourte, après notre tour à travers la Mongolie. Inoubliable.

De retour des steppes, on regagne un samedi en soirée nos quartiers à Oulan-Bator. Pause obligatoire : il n’existe que deux Transmongoliens par semaine pour relier Pékin, depuis la capitale mongole.
Le premier, qui arrive directement de Moscou, part le dimanche matin : quelques heures seulement après notre retour à la civilisation… Impossible, trop de choses pratiques à faire avant de quitter le pays (après 10 jours sans salle-de-bain, une lessive générale s’impose).
Le second train quitte lui la gare… le jeudi matin. Zut ! Pas le choix, il va falloir passer quatre jours de plus à Oulan-Bator. On aurait bien aimé partir un peu plus vite…

TRANSMONGOLIEN : COMMENT ACHETER SON BILLET ?
La billetterie pour les trains internationaux, à Oulan-Bator, se trouve dans un bâtiment annexe à la gare. Côté est. Grimpez au premier étage et, bonne surprise, l’hôtesse, bien que fort désagréable, parle anglais. Aucune difficulté donc pour cette réservation. N’attendez pas le dernier moment, les places sont très recherchées.
Pour le train du dimanche, les billets ne sont en vente que la veille (priorité donnée aux Russes et aux Chinois). Deux couchettes, en seconde classe, nous ont coûté 303 500 tugriks à deux (70 euros par personne, c’est assez cher). À savoir : d’autres moyens
moins onéreux mais plus aventureux existent aussi pour aller à Pékin.

À la gare d’Oulan-Bator

Jeudi matin, donc. Sept heures, on quitte notre guesthouse. Pas besoin d’héler un taxi, la première voiture qui nous voit avec nos sacs sur le bord de la route s’arrête pour nous emmener, moyennant quelques billets : ici la pratique est courante. Direction la gare ferroviaire. Il y a beaucoup de Mongols dans les salles d’attente ; aucun panneau lumineux au mur pour indiquer les voies… Le train est déjà là. Toutes portes closes. Il ne part qu’à 8 h 15, il faut encore attendre dans le froid.

On n’est pas les seuls voyageurs en partance pour Pékin. Plusieurs dizaines d’Occidentaux sont aussi là, sur le quai. Pour la première fois depuis le début de notre voyage en train, à Saint-Pétersbourg, il y a déjà 7000 km, il y aura dans notre wagon plusieurs Européens. Plus que de locaux, même.

Compartiment quatre couchettes

Nous partageons d’ailleurs notre compartiment de quatre couchettes (en Mongolie, pas de troisième classe russe façon platskart) avec deux jeunes Hollandais : Michael et Matthijs. Partis de Moscou, ils ont fait le voyage en moins de dix jours. Après une halte de deux jours à Oulan-Bator, ils filent sur Pékin pour une très courte visite. Leurs congés annuels se terminent. Nous sommes des privilégiés : nous pouvons prendre notre temps.

8 h 15, c’est parti. Vingt minutes plus tard, chouette, les steppes sont de retour sous nos yeux. Profitez du paysage : c’est splendide !
Le train est beaucoup plus récent que ceux empruntés jusqu’à présent, mais il nous manque néanmoins le très utile samovar russe (les robinets « hot water » mis à disposition ne fonctionnent pas vraiment). 

L’arrivée (l’heure n’est pas précisée sur nos tickets) est prévue à 11 h 27, heure de Beijing. Les Pékinois, pourtant plus à l’est, affichent curieusement une heure de moins que leurs voisins d’Oulan-Bator. Explication simple : malgré l’étendue de leur territoire, les Chinois ont décidé d’afficher la même heure dans tout le pays. 

Bogies-woogie à la frontière, le soir

Il y a près de 28 heures de voyage pour relier les deux capitales. C’est beaucoup. Et pour cause, l’arrêt à la frontière est long : contrôle des passeports côté mongol, rebelote côté chinois en plus d’un changement de bogies (les essieux) avant la gare d’Erenhot, côté Chine. Ah oui, parce que les chemins de fer chinois et mongols (ou russes) n’utilisent pas le même écartement de rails… On y reviendra.

La journée passe : sieste, repas (nous avions fait les courses avant d’embarquer ; vieille habitude russe), lecture… On remplit aussi deux petits papiers sur le contenu de nos bagages et une carte d’arrivée pour la Chine. Le jour décline. Nos voisins néerlandais ont passé une grande partie de leur après-midi à boire des bières au wagon restaurant. Forcément, ça finit par donner envie…
19 h 30, on file apprécier le coucher de soleil en dépensant quelques tugriks (attention ! changez tous vos tugriks avant la frontière mongole : ils ne s’échangent pas hors du pays, pas même en Chine). Moins d’une heure plus tard, la bière à peine terminée, le serveur nous renvoie dans notre compartiment. Nous approchons de la frontière, le contrôle des passeports doit se faire à nos places respectives.

Le contrôle des passeports

Les agents mongols grimpent dans le train et inspectent rapidement toutes les cabines. Pas très souriants. Nos passeports sont embarqués et nous seront rendus peu après, avec un nouveau tampon.

Le train reprend sa route. Deuxième arrêt quelques minutes plus tard : la frontière chinoise. Les étapes semblent jusque-là s’enchaîner rapidement. Même contrôle, sourire en plus.

Transmongol, changement d'essieux

Ultime épreuve : le changement d’essieux. L’opération est intéressante. Mais longue. Très longue. Elle dure de 20 heures à 1 heure du matin ! Tous les wagons du train sont enlevés un à un, désolidarisés les uns des autres. Ils sont répartis dans un gigantesque hangar, sur trois voies distinctes.

Forcément, ça demande un nombre incalculable de manoeuvres (marches avant, marches arrière, avec des bons chocs à chaque fois) qu’il faudra répéter plus tard pour reconstituer le train. Chaque wagon (avec ses passagers à l’intérieur ; interdiction de sortir) est soulevé, grâce à des verrins hydrauliques, à près de deux mètres de haut. Les cheminots chinois peuvent alors changer tous les bogies, puis faire redescendre les cabines.

Attention ! Depuis 2019, le changement d’essieux se ferait à l’abri des regards. Les passagers doivent descendre du train et attendre en gare la fin des opérations…

L’arrivée à Pékin

Il est plus de deux heures du matin quand le train quitte le hangar pour s’arrêter… dans la gare voisine d’Erenhot. A l’intérieur, les toilettes sont fermées depuis de longues heures et le resteront encore 60 minutes de plus. Tous les passagers réveillés et bougons filent en trottinant vers celles de la gare. Petit conseil, et c’est du vécu : évitez bières et thé juste avant le changement d’essieux…

Après une nuit mouvementée, la matinée se passe sans encombre. 11 h 27, « Pékin time », le train entre en gare, pile à l’heure. La Mongolie est derrière nous. Nous voici en Chine pour un mois. Nĭ hăo Beijing !

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Categories: Chine, Mongolie

13 replies »

  1. Salut!
    Désormais le changement d’essieux se fait loin du regard des voyageurs. Quand on arrive à la frontière chinoise, tout le monde doit descendre du train. On erre alors dans la gare tout le temps de l’opération sans pouvoir en sortir. Honnêtement, j’aurais largement préféré rester dans mon compartiment, allongé tranquille sur mon plumard! 🙂

  2. Bonjour,
    je compte prendre le transmongolien cet été durant les deux dernières semaine d’août. Y a t-il un moyen de réserve on billet en avance ou est-il juste possible de la faire sur place ? Ce sera en saison touristique, n’y a t-il pas de risque qu’il n’y ai plus de billets.

    • Bonjour Yohan,
      Oui il est possible trouver des billets sur internet. Ils sont probablement plus chers que si vous les achetez sur place. Mais si vous voulez jouer la sécurité c’est peut être la solution.
      Ce site semble en proposer. https://www.russianrailways.com/routes/Ulan_Bator-Beijing
      Est-ce que vous faites des arrêts lors de votre trajets ? Est-ce que vous êtes à une journée près dans votre planning ? Si vous êtes un peu flexible peut être pouvez vous tenter de les prendre sur place. Nous étions hors saison donc je ne sais pas comment ça se passe en pleine saison.
      Bon voyage 🙂

  3. Bonjour, nous prévoyons fidèle faire le trajet inverse avec ma compagne. Nous partitions de Pékin vers Moscou avec plusieurs haltes le long du trajet.
    Il me semble qu’il faut maintenant un visa pour la Mongolie même pour y séjourner 4 ou 5 jours le temps de tenter les nuits en yourtes et de découvrir un temps soit peu le peuple Mongolie.
    Pouvez-vous m’en dire un peu plus ?
    Merci

    • En effet Loic, après avoir supprimé les visas mongols pour les ressortissants français, la Mongolie a rétabli le système depuis début 2016. Nous sommes passés « entre les mailles du filets ». Je pense qu’il faut le demander quel que soit le temps de séjour dans le pays. Si vos dates de séjour sont déjà fixées, je vous conseille de faire votre visa avant de partir. Vous devriez trouver toutes les informations nécessaires sur le site de l’ambassade mongole en France. Je n’en sais pas plus malheureusement…
      Bon courage pour cette « paperasse »… 🙂

  4. Vraiment instructifs tous les commentaires, surtout que nous prévoyons prendre le train d’Oulan-Bator pour aller à Pekin.
    Nous pensons acheter notre billet le 14/10 prendre le train le jeudi le 15/10. Nous choisirons cette option pour vivre le changement de ‘boogies’ . Ce train du jeudi est ce le local?
    Merci pour l’info

    • Bonjour Marthe,
      En effet, le train du jeudi est le « local ». Pas de grande différence avec celui du dimanche si ce n’est qu’il part d’Oulan Bator, et que vous serez donc les premiers à grimper dedans.
      Le notre était en très bon état, assez récent et plutôt confortable.
      Bon voyage !
      PS : au risque de me répéter, n’oubliez pas que les toilettes restent fermées de longues heures durant le changement de boogies… N’hésitez pas à anticiper, ça peut gâcher le « spectacle » !

  5. Bonjour
    Bravo pour votre site, il est super!
    Nous partons bientôt pour 1 mois en Mongolie avec nos deux enfants et nous comptons ensuite rejoindre Pékin avec le transmongolien. Nous avons décidé de tenter notre chance, d’aller voir la dame désagréable 🙂 et d’acheter nos billets directement sur place. Un petit détail, de taille, me gène encore: le visa chinois. Nous aimerions bien pouvoir le faire en France, avant de partir, pour être tranquilles, mais il faut, semble-t-il, fournir un billet d’entrée dans le pays pour l’obtenir… Et vous? Comment avez vous fait?!!!
    Merci d’avance
    Caroline

    • Merci Caroline. La Mongolie vaut vraiment le détour !
      Pour ce qui est du visa chinois, nous l’avons fait faire à Oulan Bator (on vient tout juste de publier un article pour détailler la démarche, voir adresse ci-dessous). Pour la réservation de vols, c’est assez simple d’en obtenir une fausse en Mongolie (et gratuitement!). En France, il doit exister un moyen de réserver un avion/train puis d’annuler, mais on ne connait pas forcément la meilleur combine.
      Bon courage !
      L’article sur le visa : https://www.a-ticket-to-ride.com/obtenir-visa-chinois-oulan-bator/

  6. J’aurais au contraire pensé que les voyageurs auraient été invités à quitter leurs wagons… Ne serait-ce que pour leur permettre de se dégourdir les jambes… voire même pour des raisons de sécurité…

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