Chili

À l’assaut du volcan Villarica

CHILI – Grimper au sommet d’un volcan, c’est une sacrée expérience. Grimper dans la neige au sommet d’un volcan actif, à 2847 mètres d’altitude, là, ça devient carrément inoubliable.

Chili, Pucon, volcan Villarica

Un pied hors du bus de nuit, et il est là. Inratable. Du haut de ses 2847 mètres d’altitude, il s’impose déjà à nos regards. Dans le ciel bleu, la fumée qu’il crache sans cesse rappelle à tous que la menace est réelle. Oui, le volcan Villarica peut se réveiller à tout moment. Comme tout récemment, ce matin du 3 mars 2015… C’est peut-être ce qui le rend encore plus fascinant.

C’est pour lui qu’on est ici, à Pucón, petite ville touristique au coeur de la région des lacs, à 800 km de Santiago. L’idée de grimper au sommet d’un volcan nous trotte dans la tête depuis un petit moment. Cette région chilienne promet de formidables randonnées. Une seule nous intéresse aujourd’hui : l’ascension jusqu’au cratère.

Prenons les choses dans l’ordre. D’abord, on part s’installer dans notre hôtel. Le PatacChili, Pucon, volcan Villaricaón, en ville, côté lac (lire notre encadré ci-dessous). L’endroit est charmant et la jeune maîtresse de maison encore plus. On est un peu fatigué. Ben oui, on a roulé presque assis, alors qu’on s’était habitué à la position cama, pour voyager de nuit ces derniers temps (lire aussi « comment venir » en fin d’article). Le manque de sommeil se fait sentir. Mais le programme de la journée est chargé, après une pause pastel de choclo (lire aussi notre Petit lexique de la gastronomie chilienne). En tête de liste : trouver une agence agréée pour nous conduire au sommet dès le lendemain. Il y en aurait une dizaine en ville. Notre hôte nous indique quelques noms, on part voir ça de plus près.

Un petit air de Suisse ?

On n’est jamais allé en Suisse. Mais la ville de Pucón correspond exactement à l’image que l’on se fait des stations de ski helvétiques. De beaux bâtiments de bois et de pierres, un lac, des monts enneigés. Une ville propre, agréable et il faut le dire, plutôt bourgeoise. Destination privilégiée des jeunes chiliens de bonnes familles en vadrouille, qui viennent profiter des plages qu’offrent les rives du lac. Le week-end approche, les vacanciers remplissent déjà la ville et les agences. Demain, il y aura du monde sur les pentes du volcan.

On s’en doutait, notre petite tournée des agences nous le confirme : grimper sur le Villarica est une expérience magique qui se paye cher. Prix affichés : entre 90 000 et 120 000 pesos par personne (118 à 158 euros). L’agence Turismo Florencia, sur l’avenue principale, serait l’une des moins chères. En discutant un peu avec les gérants (en attendant que les autres clients potentiels aient quitté les lieux), on arrive à arracher une ristourne. 80 000 pesos dernier prix, soit 105 euros. Rendez-vous est fixé le lendemain matin, à 6 heures ; une voiture passera directement nous chercher à l’hôtel. En espérant que les conditions climatiques soient bonnes. Sinon, il arrive que les groupes fassent demi-tour : dans ce cas, vous n’êtes pas remboursés…

Chili, volcan Villarica

Le réveil sonne à 5 heures. Ça pique un peu. Nos hôtes se lèvent exprès pour nous préparer le petit-déj’. On a besoin de prendre le maximum de force. Première étape : récupérer l’équipement à l’agence. Le ciel bleu annonce une belle journée, mais on part à l’assaut d’un sommet enneigé, à plus de 2800 mètres. Ça demande un minimum de préparation.

L’agence fournit une grande partie du matériel, pour compléter le vôtre (lire encadré ci-dessous) :
– sac à dos
– veste et surpantalon imperméables
– crampons
– guêtres
– gants
– casque (obligatoire)
– piolet
– petite pelle plate en plastique (ça servira de luge pour la descente).

Un petit topo sur le programme de la journée et une demi-heure de mini-bus plus tard, nous voici au pied du Villarica. On n’est pas le seul groupe à viser le sommet aujourd’hui. Chaque agence a préparé ses clients. Si les groupes sont généralement espacés, il faut avouer que cette « foule » engagée sur le chemin du cratère est le seul véritable point noir de cette expérience. Il faudra faire avec.

QUE METTRE DANS SON SAC ?
En plus de tout ce que vous fournira l’agence, vous pouvez prévoir :
– une paire de chaussures de randonnée. L’agence peut vous en prêter mais on a préféré garder les nôtres pour plus de confort. En revanche, il est fort probable que vous finissiez la journée les pieds mouillés.
– compiler les couches, avec si possible une mérinos : il peut faire froid mais en grimpant au soleil, il fait chaud !
– snacks et repas. Vous allez avoir envie de grignoter à chaque pause. L’idéal : plusieurs petits sandwich, barres de céréales, chocolat, bananes…
– au moins deux litres d’eau par personne.
– lunettes de soleil et crème de protection : indispensables, sur la neige.
– un appareil photo. Globalement pas de risque de l’abîmer, si vous le rangez bien pendant la descente.
– le plus : une gopro. On l’a oublié et on l’a regretté. Inutile pendant l’ascension, elle vous servira pendant la descente sur les fesses !

Chili, volcan Villarica

Cinq heures de montée…

À la queue leu leu, on commence l’ascension, guidés par un professionnel de l’agence. Le rythme est régulier. Chacun trouve sa place dans la ligne. Très vite, après trois quart d’heure de grimpette sous un télésiège, la neige s’ajoute au défi. Le soleil tape et l’effort nous fait quitter toute couche superflue. Les sacs sont un peu lourds (eau, snacks et équipement imperméable pour la descente), mais la montée se gère plutôt facilement. Disons qu’on est quand même plutôt en forme, après ces mois de voyage et de marche, et qu’on s’attendait peut-être à pire. Mais c’est pas fini…

Chili, volcan VillaricaParce que quand on nous a annoncé « cinq heures de montée », on a doucement souri, habitués à voir les agences gonfler le timing. Erreur. Les cinq heures, elles y sont bien. C’est là finalement la principalement difficulté : tenir la distance. Mais en grimpant à son rythme, un pas après l’autre, en plantant bien ses crampons dans la neige, chacun y arrive. Les pauses sont nombreuses et les guides encadrent le début et la fin du groupe, donc pas de panique.

Une fois parvenus à une quinzaine de minutes du sommet : c’est l’heure du dernier briefing. Il est temps de s’équiper entièrement. Après les derniers efforts, nous aurons exactement cinq minutes pour profiter du cratère, de sa fumée et de la vue qui nous entoure. Pas une minute de plus. Le lieu est très réglementé : pour des raisons de sécurité, chaque groupe a un timing précis. S’il ne le respecte pas, des sanctions (amendes) sont données par l’organisme de gestion du site. Et apparemment ça ne rigole pas…

On reprend son souffle et on y va. Les derniers mètres sont les plus durs. Il fait chaud, on est trop couverts, les muscles tirent, mais on y est presque. Encore un effort. Certains, à la traîne pendant toute la montée, se sentent pousser des ailes. Allez… dix, neuf, huit… quatre, trois, deux… (grandes respirations, sourire aux lèvres). On l’a fait. On est au sommet. Merveilleux. Il offre une formidable vue à 360° sur les autres volcans, la Sierra Nevada enneigée et les lacs, au bord d’un cratère immense. Cinq minutes sur place, c’est court alors on en prend plein les yeux.

Chili, volcan Villarica, au sommet

Alors, c’était si dur que ça ? Non, c’est franchement faisable ! Nous n’avons eu aucun problème pour grimper durant ces cinq heures d’affilée (pauses comprises). À savoir cependant que l’on revient d’un long séjour (Pérou, Bolivie) en altitude, que l’on a fait un long trek de cinq jours pour arriver jusqu’au Machu Picchu et que ça fait plusieurs mois que l’on marche très régulièrement. Une bonne préparation. Si on l’avait fait au début de notre voyage, on l’aurait sans doute vécu plus difficilement.

Et maintenant la redescente…. sur les fesses ! On va enfin utiliser cette pelle plate que l’on s’est trimballée depuis le début de la journée. Et c’est parti pour une heure de luge ! Ludique. Même Elodie, qui craignait plus cette partie que la montée elle-même, prend son pied ! Mathieu, lui, dévale comme un tabanardo. Le passage des précédents a creusé des sortes de toboggan, le pilote, lui, sert maintenant de « frein à main ». Youhou ! Parfait pour finir cette journée pleine d’émotions. Une dernière glissade et hop, on grimpe dans le minibus. On repart sur Pucón. Et on ne rêve que d’une chose : une grosse empanada. C’est que ça creuse de grimper sur un volcan.

COMMENT VENIR ?
Depuis Santiago ou Valparaiso, la meilleure solution pour relier la ville de Pucon reste le bus de nuit. Réserver à l’avance (plus de deux jours avant) pour avoir des places cama dans les compagnies les moins chères (Pullman est généralement bien placé). On s’y est pris un peu tard et seule la grosse compagnie Turbus avait des places. Depuis Valparaiso, plus de 50 000 pesos la nuit en cama (65 euros). Un peu cher pour nous, on privilégie le semi-cama, 25 000 pesos par personne (33 euros). En partant en début de soirée, les bus arrivent en début de matinée.
OÙ DORMIR ?
Hostel Patacon. Les chambres sont inégales et petites mais la partie commune à l’étage est très conviviale. La terrasse est aussi agréable et les propriétaires vraiment adorables. Ajouter à ça des prix corrects et un bon wifi. Que demander de plus ?

Categories: Chili, Randonnée

8 replies »

  1. Bonjour, on est obligé d’être accompagné pour monter ou on peut le faire sans guide? Nous partons dans 3 semaines au Chili!! Merci

    • Bonjour Elizabeth. L’ascension du Villarica est soumise à des autorisations de passage (le volcan est actif et en fonction de son état et de la météo, l’accès est autorisé ou non) et il me semble que seules les agences de voyages disposent des droits nécessaires… Je ne suis pas sûre à 100 % mais c’est très peu probable que l’ascension se fasse non encadrée. Bon voyage 🙂

  2. Vous avez trop de la chance d’avoir pu grimper. Malheureusement, c’était interdit à notre passage! On est super contents pour vous! Les photos donnent bien envie et sont magnifiques!

    • Oui on a eu peur jusqu’à la dernière minute que le vent soit trop fort. Mais ouf, c’est passé ! On sait ce que c’est de pas pouvoir aller au bout à cause de la météo. Tout ce qu’on a pas pu faire en Nouvelle Zélande à cause d’elle (rrrr) !

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