RÉFLEXION – Six mois après notre retour en France, pas de signe dépressif en vue. La preuve qu’on peut revenir d’un long voyage et le vivre bien ?
On s’attendait au pire. À force de lire les témoignages de voyageurs dépressifs, une fois de retour dans leur pays, on s’est nous aussi préparé à encaisser un choc. Allait-on pouvoir reprendre une vie plus calme, plus posée ? Allait-on supporter à nouveau la routine du quotidien ?
Le premier mois est passé. La joie des retrouvailles. Famille, amis. Pas une minutes à nous. On n’a pas vu le temps défiler.
Le second mois est arrivé. Aménager dans une nouvelle ville, Nîmes en l’occurrence. Prendre ses marques.
Puis, le troisième mois, celui de l’organisation d’un futur proche. Celui des questionnements.
Le quatrième, le cinquième, le sixième… Toujours pas d’angoisse. Toujours pas de dépression. De la nostalgie, oui, forcément. L’envie de bouger, de voyager, encore et toujours.
Il nous aura fallu moins de six mois pour retrouver un équilibre, un semblant de routine. Et on le vit bien. ON LE VIT BIEN. Alors pourquoi a-t-on échappé à la dépressive malédiction du voyageur de retour après de longs mois de vadrouille ?
Peut être, d’abord, parce qu’on est parti sans fuir
Nous étions heureux avant de nous envoler pour notre tour du monde. On avait la bougeotte, l’envie de partir à l’aventure, de réaliser un rêve. Mais nos vies en France nous épanouissaient d’une autre façon. Partir était important, essentiel, mais pas vital. Beaucoup de personnes partent en quête de réponses : les questions seront sans doute toujours là à leur retour.
Le voyage permet de grandir, de se découvrir certes, mais les questions sans réponse restent en France et attendent le voyageur à son retour. Si vous ne savez pas que faire de votre vie, à moins de vous pencher clairement sur la question pendant vos aventures, ou d’avoir une révélation, vous devrez faire face à ces interrogations en rentrant. Et là, la dépression vous guette.
Ensuite parce que chaque voyage est unique
Partir dix mois sillonner le monde était une chance exceptionnelle que nous avons su nous créer. Une aventure qui ne pourra jamais se reproduire. Pas comme ça, pas dans les mêmes conditions. Alors repartir oui, mais pour une nouvelle aventure. Différente. Le passé est passé, il faut se tourner vers l’avenir. Le voyage n’est pas la recette du bonheur assuré. Bon, c’est vrai, il y contribue.
Mais surtout parce qu’on est plein de projets
De toutes tailles, de toutes proportions. Se créer un petit cocon en était un. Voyager peut aussi être fatigant et se retrouver chez soi permet de se ressourcer. Mais ça ne veut pas dire qu’on va rester sédentaires pour le reste de notre vie. Dès qu’on a un moment de libre, on part découvrir de nouveaux horizons. Pour l’instant, on gravite beaucoup autour de notre nouveau chez-nous. Ça tombe bien, la région regorge de belles choses. La France aussi. Voyager ne signifie pas forcément voyager loin. Ce n’est pas un mythe, les jeunes générations connaissent parfois mieux de lointains pays d’Asie que la France. On a aussi envie de connaître notre pays.
On va pas s’arrêter là. L’Europe, le monde continue de nous attirer, plus encore qu’avant. Il n’y a pas de fatalité. On en est convaincus : quand on veut voyager, on peut. « Ce qu’il y a de difficile, pour un homme qui habiterait Vilvoorde et qui voudrait aller à Hong-kong, ça n’est pas d’aller à Hong-Kong, c’est de quitter Vilvoorde », disait Brel.
Bref, ce voyage autour du monde nous a changé. Il nous a rendu plus curieux, plus tolérants, plus ouverts, plus débrouillards, PLUS VIVANTS. Mais les voyages de demain n’en sont pas moins excitants. Repartir, voyager, même si c’est pour un mois, dix jours ou même un week-end.
On est heureux parce qu’on sait que notre retour est le début d’autre-chose. Une nouvelle vie de voyages, de projets, de découvertes. Rien qui ne nous rendent tristes. Le passé nous enrichit mais c’est vers l’avenir qu’on est maintenant tourné. Et l’avenir, c’est ce que vous en faîtes. Alors pourquoi déprimer ?