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Louer une voiture et conduire au Pérou, c’est chaud !

PÉROU – Visiter le pays avec une voiture de location, oui, c’est réalisable. Mais attention : conduire au Pérou, c’est un sport à risques. Infos pratiques, récit et conseils.

Visiter le Pérou avec une voiture de location, est-ce réalisable ? Louer un véhicule pour circuler librement, conduire option kilométrage illimité et bras à la fenêtre à travers les grands espaces, de l’altiplano, par exemple… Relier Lima à Cusco, Arequipa au lac Titicaca, tout ça à son rythme… Ça fait envie, pas vrai ?

Alors oui, c’est réalisable. Sauf qu’avant de faire le choix de la location de voiture, il faut tout de même être conscient que conduire au Pérou, ça peut se révéler un peu chaud. Rafting, saut à l’élastique, tyroliennes géantes… Vous savez quoi ? C’est de la gnognote. Si vous voulez vraiment de l’adrénaline, installez-vous au volant !

Louer une voiture et conduire au Pérou : on vous raconte nos péripéties (et il y en a eu) et on vous donne quelques conseils. Allez, bienvenue à bord !

Visiter le Pérou avec une voiture de location : notre récit

On a donc opté, en amont, pour un voyage au Pérou avec une voiture de location. Simple, côté administratif ; le permis de conduire français est valable sur le territoire péruvien (plus de détails sur la page dédiée de l’ambassade).

L’engin arrive directement devant la porte de notre hôtel, à Lima. Un rapide tour du propriétaire avec son convoyeur de l’agence de location, une signature et un « tchao ! » plus tard, ça y est, les clés sont entre nos mains.

Nous, on est toujours en plein tour du monde. Avec trois de leurs amis, les parents d’Élodie nous ont rejoint dans la capitale péruvienne pour un road trip de deux semaines. Ils sont cinq, avec nous deux ça fait sept : le compte est bon. Après le campervan en Nouvelle-Zélande avec notre pote Luc, on va expérimenter une nouvelle façon de voyager. En groupe, et avec une voiture.

Notre van récupéré à Lima

Enfin, une voiture… plutôt une sorte de van (neuf places à bord) mais du genre tout en largeur. Un tank, mais en blanc. La machine (*) en jette : une ligne sans rondeur, des roues XXL, du chrome. Yeah ! Ça, c’est une vraie bête de la route sous stéroïdes ! Plouf, plouf. Que de la gonflette. On s’en aperçoit très vite : avec sa molle boîte automatique, dans la moindre montée (et autant vous dire qu’il y en a une ou deux, au Pérou), le taureau de combat se change en veau gras.

Mission conduire au Pérou, c’est parti ! La sortie de la tentaculaire Lima (lire aussi notre article Que faire à Lima ?), malgré quelques petites situations un poil tendues, se passe plutôt bien. Alors que Lima a une réputation terrible en matière de circulation. Mais on était loin du centre historique, et assez proche des voies rapides pour s’échapper de la ville. Ouf ! D’ailleurs, cette première journée, les sept heures de route sur la mythique Panaméricaine jusqu’à Nazca se passent sans encombre. De quoi se sentir en confiance, pour la suite. Conduire au Pérou ? Pffff, Muy facil. On ne savait pas encore ce qui nous attendait.

Conduire au Pérou : sur la route, la loi de la jungle

Dès le lendemain, ça se complique. L’arrivée à Arequipa est épique (lire par ailleurs notre article Nazca, Arequipa et le canyon de Colca). Vous trouvez que dans les grandes villes françaises, la circulation, c’est un peu chaotique ? Ici, c’est juste la loi de la jungle. Dans les ronds-points, c’est la guerre. Faut s’imposer. En comparaison, place de l’Étoile à Paris, des Bisounours sous Lexomil rivalisent de politesse pour se céder le passage. Grâce au self-control de Jean-Michel et à notre fidèle application smartphone Maps.Me (oui parce que sans GPS, les villes péruviennes, vous oubliez) on arrive à bon port. Jusqu’au lendemain.

En route vers le canyon de Colca. Dès le premier col, alors qu’on vient de doubler notre vingtième camion en une douzaine de kilomètres, d’un coup, plus rien. Plus de jus. L’accélérateur ne répond plus. On arrive à se ranger en urgence sur le côté (ouf, il y avait un dégagement à cet endroit-là). On ouvre le capot : ça bout là-dedans. Visiblement, le système de refroidissement du moteur… ne refroidit plus. Bon, on laisse reposer mémère et on repart gentiment en faisant le deuil de la clim. Au village de Chivay, on trouve un petit garage, on engloutit deux bidons de liquide de refroidissement ; ça tiendra pour le reste de la journée.

À savoir : prudence, les routiers péruviens ont tendance à pratiquer le « dépassement alléluia » ; même sans visibilité, dans les virages, ils doublent. Effrayant.

Cap sur le lac Titicaca !

Conduire au Pérou, nouvel épisode. Cap sur Puno et les rives du mythique lac Titicaca. On se met en route de bonne heure. Patatras ! Nouveau pépin avant de même de quitter l’hôtel : en reculant dans l’étroite allée, Mathieu explose un rétroviseur dans le portail (pas totalement) ouvert. La glace ? En mille morceaux ! Le temps d’en retirer un planté dans le doigt du maladroit conducteur – cette fois-ci bien réveillé – on peut y aller. Inquiets de voir s’envoler une partie de la caution pour la voiture de location, décidément maudite…

Coup de bol (enfin) : on passe par hasard dans la rue d’Arequipa où se concentrent visiblement tous les réparateurs de pare-brise. Garés en travers en bord de route, un mécano péruvien nous fixe une nouvelle vitre, à grand renfort de colle, de salive et de scotch à ôter « mañana ». Le tout pour seulement 18 soles (moins de cinq euros !). Ça se voit, mais pas trop ; espérons que ça passe avec l’agence… C’est reparti.

Itinéraire bis ?

On a repéré un itinéraire bis qui traverse la réserve nationale Salinas et Aguada blanca. Le Routard est formel : il y aurait de chouettes points de vue sur les lacs. Sur notre carte routière, c’était une route comme les autres. Pas dans la réalité. On s’engage sur une piste bien sableuse, de laquelle descend une file incessante de camions (viennent-ils des salines ?).

Après une vingtaine de kilomètres de montée au pas – ben oui, sinon la voiture chauffe et on doit s’arrêter -, fenêtres fermées pour ne pas bouffer toute la poussière des Andes mais clim éteinte pour économiser le moteur, on croise enfin autre chose que des poids lourds. Un pick-up, auprès duquel on apprend qu’il reste encore au moins 80 bornes à parcourir à ce régime. Des heures à rouler à 20 à l’heure et à cuire dans l’habitacle, sans être certains que la caisse tienne le coup. OK, demi-tour, on abandonne.
Et voilà comment après plus de quatre heures éprouvantes de route, on se retrouve… au point de départ, à l’entrée d’Arequipa, qu’il faut entièrement traverser pour reprendre l’autre route, la bonne… Et on vous a déjà raconté comment ça se passe dans les ronds-points, etc., hein ?

Conduire au Pérou ? Chacun pour soi, et dieu pour tous

Sur la route vers le Titicaca, à une heure de Puno, il y aussi Juliaca. Charmante bourgade de près de 250 000 âmes. Paraît qu’il vaut mieux éviter d’y passer la nuit. Au volant, sa traversée à la tombée de la nuit vous offrira des souvenirs pour une vie. Nous, on l’a fait deux fois, dans un sens puis dans l’autre. Routes défoncées (pas des nids de poule, non, des nids d’éléphants). Camions et voitures cabossées qui surgissent de partout. Tuks tuks en mode « Grand Prix de Monaco ». Piétons suicidaires. Conduire au Pérou ? Chacun pour soi, et dieu pour tous.

Le tout, dans un épais nuage de poussière qui donne une atmosphère fantasmagorique à l’ensemble. Après une bonne heure d’évitements et de jurons, si vous passez sous le panneau « Juliaca vous souhaite un bon voyage« , c’est que vous avez passé l’épreuve avec succès. Voilà, vous avez conduit en enfer. Vous êtes vivants. Félicitations.
Après cette looOoongue journée de route, on gare enfin la voiture de location à Puno. Tiens, elle doit être fatiguée, elle fait un drôle de bruit.

On la retrouve deux jours plus tard, après une escapade sur l’île Taquile. On met le contact. Une impressionnante fumée noire s’échappe de l’engin, qui émet des sons non répertoriés dans le manuel. On arrive tant bien que mal à rejoindre notre hôtel situé à une paire de kilomètres. Ça ira peut-être mieux demain en roulant, on verra bien.

Le coup de la panne avec la voiture de location

On a vite vu. Première montée, c’est fini. La surchauffe (bon, ça on commence à s’habituer) et la fumée. Impossible de continuer avec cette satanée bagnole de location. Il est 8 h 30, on appelle l’agence. « Pas de souci, on envoie une autre voiture ; un chauffeur part d’Arequipa, il sera là d’ici quatre heures ». Il est arrivé… à 16 h 30. Bloqué, nous a-t-il expliqué, par un accident de camion ; bon, on le croit, vu la conduite des chauffeurs péruviens.

Une bonne nouvelle toutefois : la nouvelle auto marche très bien et, ça fait plaisir, elle a une boîte manuelle. Elle marche tellement bien, d’ailleurs, que même quand on ôte la clé de contact, le moteur continue à tourner. Passons.
On roule enfin vers Cusco. La nuit tombe à 18 heures, on arrive dans l’ancienne capitale inca à 23 h 30, avec les yeux qui piquent. Ah oui, parce que les Péruviens ont une habitude différente de la nôtre en ce qui concerne l’usage des pleins phares… En bref, ils vous en foutent plein la gueule. C’est aussi ça conduire au Pérou. Dodo mérité.

Conduire au Pérou ? Chacun pour soi, et dieu pour tous

C’est notre dernier jour au Pérou avec une voiture. Et c’est cool, parce que celle-là fonctionne très bien et qu’on va pouvoir en profiter pour visiter, depuis Cusco, les sites de la légendaire Vallée sacrée, à notre rythme. En évitant les bus bondés et les itinéraires prédéfinis. D’ailleurs, côté itinéraire, on se tente une variante (ça ne nous a pas servi de leçon, ou quoi ?) pour rejoindre les Salines de Maras. L’occasion de s’offrir une dernière – et une vraie – frayeur en s’engageant sur un pont suspendu en bois improbable

Le soir, on rend les clés de la voiture de location. On quitte les parents d’Élodie et leurs amis le lendemain. Au programme : le trek du Salkantay, cinq jours de marche jusqu’au Machu Picchu. Ensuite, on va retrouver les transports en commun. Ça a du bon, les transports en commun.

(*) : on a choisi de taire la marque et le modèle, mais sachez tout de même qu’il s’agit d’un Hyundaï H1.

NOS CONSEILS POUR CONDUIRE AU PÉROU 
Avant toute chose, restez calme. Soyez patient. Vous pratiquez le yoga, la méditation transcendantale ou la plongée en apnée ? C’est mieux.
– Méfiez-vous des cartes routières. Non, une route n’est pas forcément une route. Demandez aux locaux ce qu’il en est vraiment.
– Équipez-vous d’un GPS, ou à défaut, d’un smartphone avec une application type Google Maps ou Maps.me (qui fonctionne hors connexion, à condition de télécharger la carte du pays avant, lorsque vous avez du wifi).
– Choisissez une société de location de voitures reconnue. Ou assurez-vous qu’elle soit réglo si vous avez un pépin (épluchez les forums). Mais ne vous faites pas d’illusions, les trois quarts des véhicules du parc automobile de location au Pérou ont vécu. Cols, poussière, chaleur, mauvaise conduite… Même rutilantes à l’extérieur, elles sont souvent usées sous le capot.
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