Pérou

Nazca, Arequipa et le canyon de Colca

PÉROU – Ce sont trois incontournables dans le sud du pays. Méritent-ils chacun un arrêt ? On vous dit ce qu’on en pense.

Pérou, sur la route du canyon de Colca

Nazca, Arequipa, le canyon de Colca. C’est le « circuit classique » du Sud Pérou, emprunté chaque année par des milliers de voyageurs, souvent en route vers le Machu Picchu. Après Lima (lire notre article Que faire à Lima ?), nous aussi, on s’est mis en route vers ces trois grandes étapes péruviennes. Et pour nous, toutes ne se valent pas.

Nazca, déçus sur (presque) toute la ligne

Pérou, Nazca, depuis le mirador

On quitte Lima avec notre grosse auto, direction Arequipa à 1015 kilomètres. Trop long pour faire le trajet en une seule journée. L’escale logique, à près de 500 kilomètres, c’est Nazca et ses légendaires lignes au sol. Il nous faudra une bonne journée pour atteindre le site des mystérieuses formes géométriques géantes tracées au sol (lire l’encadré ci-dessous) à la tombée de la nuit. Le long de la mythique route panaméricaine : le désert, toujours le désert. Le soleil baisse, la lumière est parfaite. On atteint enfin le mirador. 

LE MYSTÈRE DES GÉOGLYPHES
ColibriQuelle histoire ! Découvertes en 1927, les lignes de Nazca (le nom savant, c’est géoglyphes) sont de grandes figures, représentant la plupart du temps des animaux, tracées dans le désert, sur un espace de 450 km2. Le plus célèbre, le colibri, fait 96 mètres de long (photo ci-contre). Certaines lignes sont longues de plusieurs kilomètres. Elles ne peuvent être bien vues, et donc comprises, que depuis le ciel. Ces dessins ont été réalisés par la civilisation Nazca, entre 400 et 650 de notre ère, en déplaçant des cailloux. Peu de vent, pas de pluie : les caractéristiques météorologiques de la région leur ont permis de durer jusqu’à nous.
Pourquoi ont-elles été tracées ? C’est la grande question. Et ça reste un mystère. Pour la mathématicienne allemande Maria Reiche, elles constituaient un calendrier, parce que certaines lignes sont dans l’axe du soleil au moment des équinoxes. D’autres hypothèses évoquent une carte du réseau hydraulique souterrain. Sur place, les locaux préfèrent affirmer qu’il s’agit de signe à l’attention des dieux, pour se rappeler à leur souvenir (et implorer la pluie). Sinon, pour certains, il s’agit de pistes d’atterrissage pour les extraterrestres. Ils sont nombreux à le penser et à venir en pèlerinage à Nazca…
Les géoglyphes de Nazca sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994.
Nous, on ne les a pas vraiment vues. Mais on a approché le mythe de près.

 

Pour observer les lignes, le voyageur a deux solutions : le mirador situé en bord de la Panaméricaine (à 25 kilomètres au nord de la ville, vous ne pouvez pas le manquer) ou l’avion.

L’avion est le seul vrai moyen de bien contempler les lignes, et d’en voir beaucoup. Mais dans ces petits coucous (vous pouvez réserver dans votre hôtel), ça bougerait comme sur « des montagnes russes ». Le prix n’est pas anecdotique (entre 60 et 100 euros pour 30 min de vol, sur l’un des deux secteurs). Enfin, l’ambassade de France à Lima déconseille l’expérience. « Le 25 février 2010, 7 touristes ont trouvé la mort dans le crash d’un avion Cessna qui survolait les lignes de Nazca. Cet accident fait suite à plusieurs incidents répétés et à un accident ayant coûté la vie à 5 touristes français en avril 2008, peut-on lire sur le site du ministère des Affaires étrangères. En attendant la mise en place de mesures de sécurité, l’Ambassade de France déconseille d’effectuer en avion le survol des lignes de Nazca... »

Le mirador ? Moins cher (2 soles, 0,5 euro) et beaucoup plus sûr. Quoique. C’est une vieille tour tremblotante en fer. Les personnes sujettes au vertige devront prendre sur elles. Vous y apercevez, comme nous, quelques lignes : la main et l’arbre notamment. Soyons honnêtes, ce n’est quand même pas la vue du siècle. On est un peu déçu. Si vous n’envisagez pas de monter dans un avion et que Nazca n’est pas sur votre itinéraire, ne faites pas spécialement le détour, ça ne le mérite pas.
Puisqu’on y est, on grimpe aussi sur le gros monticule de terre situé à un kilomètre de là. Y parait qu’on y aperçoit aussi les lignes. On en a deviné quelques unes, mais aucune forme géométrique distincte. Le point de vue sur le désert est agréable. Surtout à l’heure du coucher de soleil. Il est temps de rejoindre notre B&B pour la nuit : Nazca Trail (lire ci-dessous). Demain on a encore de la route devant nous. 

NOS ADRESSES
Où manger ?
– 
Gracia tipico. Pour une petite pause entre Lima et Nazca, visez San Andres, le port de Pisco. En front de mer, plusieurs restaurants. Tous proposent le fameux ceviche (poissons ou fruits de mers crus marinés dans du jus de citron, des oignons et du coriandre). Attention certains sont de véritables attrape-touristes. On a testé le Gracia tipico. Pas mal de locaux à l’intérieur, des prix corrects (on a même réussi à négocier le menu à 15 NS, 4 euros).
Rico pollo.Un tout autre genre, lui aussi bien local : du poulet à la broche. Le Rico pollo est en plein centre de Nazca (calle Lima 190), fréquenté par de nombreux locaux là aussi. Les portions sont énormes (un quart de poulet suffit largement). Essayez le poulet rôti ou les chicharrones (poulet pané et frit). Moins de 20 soles (5,40 euros) le plat.
Où dormir ?
Nazca trail B&B. Les chambres sont simples mais très correctes. Le petit déjeuner est compris. Il y a wifi et parking. Le gros plus : Juan, le sympathique patron de l’hôtel parle parfaitement français. Et il a plein d’anecdotes sur les hurluberlus qui viennent chez lui pour les extraterrestres… Tarif : 81 NS la chambre soit 22 euros.

 

Arequipa, c’est (vraiment) le Pérou 

Pérou, Arequipa, plaza de armas

Mise à part une arrivée nocturne chaotique dans la ville (lire notre article Conduire au Pérou : c’est chaud !), notre première impression est plutôt bonne. Il faut dire qu’Arequipa a quelques atouts en poche : altitude modérée (2335 mètres), 300 jours de soleil annuels, tout ou presque peut se visiter à pied.  Quant au cœur de ville, assez touristique, il reste relativement paisible. Loin du tumulte de la tentaculaire Lima. 

Avant d’explorer plus en détails les ruelles centrales classées au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2000, on part visiter le couvent de Santa Catalina. LE site majeur de la Ville Blanche : plus grand couvent du monde, plus grand édifice religieux du Pérou. Il a résisté tant bien que mal à tous les tremblements de terre de la région, celui de 2012 ne l’a même pas ébranlé. Depuis 1579, cette immense ville dans la ville abrite des religieuses. Plus de 170 nonnes et 300 servantes ont vécu entre ses murs. Aujourd’hui elles ne sont que 18 à résider dans une partie du couvent. Tout le reste se visite (avec une guide qui parle français c’est beaucoup mieux). Des peintures bleues, orange, des fleurs, de la verdure : ça donnerait presque envie de faire vœu de chasteté. Presque. Les ruelles et les placettes portent les noms de villes espagnoles. Un plaisir de s’y perdre facilement. Une visite incontournable, même si le prix de l’entrée pourrait faire douter. Tarif : 40 NS, 10,70 euros

L’Unesco ne s’est pas trompé, le cœur d’Arequipa mérite son label. Les édifices mêlant architectures européennes et savoir-faire amérindiens témoignent du riche passé colonial de la ville. Autour de la Plaza des Armas, de nombreuses arcades qui en font l’une des plus belles places du pays. Cathédrale, églises, hôtels particuliers…
Flânez dans les ruelles jusqu’au grand mercado. Ouvert de 6 heures à 18 heures tous les jours, cette immense halle lumineuse abrite tous les fruits et légumes du pays. Essayez tous ceux que vous ne connaissez pas ! On y trouve également des amulettes et fœtus de lamas (ils sont enterrés dans le sol des fondations des nouvelles maisons pour porter bonheur). Apparemment on peut également y essayer le jus de grenouille aphrodisiaque (mixée vivante pour plus de fraîcheur). On ne l’a personnellement pas vu. Beaucoup plus sains et sûrs : les jus de fruit. Un délice. N’oubliez pas de repartir avec quelques empanadas pour votre repas du soir.

Si vous avez un peu de temps, passez dire bonjour à la momie Juanita au musée Santuarios Andinos. Cette jeune princesse inca de 14 ans a été découverte intacte en 1995, au sommet du glacier Ampato (6280 m). Elle aurait été  offerte en sacrifice au dieu protecteur de la montagne, il y a plus de 500 ans. Après un petit film explicatif, il faut traverser deux petites salles parsemées d’objets anciens (pas le plus intéressant) pour arriver à Juanita, visible dans sa vitrine congelée. Elle mérite le coup d’œil. Tarif : 20 SN, 5,4 euros ; prévoyez un pull pour la visite.

NOS ADRESSES
Où manger ?

Pérou, Arequipa, restaurant Hatunpa – Hatunpa, calle Ugarte 208. Rien que pour le concept ce petit restaurant mérite le détour ! Sur un lit de patates péruviennes (d’une dizaine de variétés différentes), vous choisissez l’assaisonnement de votre choix. Sauce, salade, viande… Pour ne rien gâcher, les patrons sont très sympas et la déco aussi !  Tarif : environ 15 NS le plat, soit 4 euros.
– Zingaro, calle San Francisco 309. C’est l’endroit qu’on a choisi pour tester le fameux cuy, vous savez, le cochon d’inde (photo dans le diaporama à la fin de l’article). Et bien on n’a pas été déçu ! Pas mauvais du tout. Une viande assez fine, entre la caille et le lapin côté goût. Pour les âmes sensibles, vous pouvez demander à l’avoir non pas entier, mais prédécoupé dans votre assiette. Pour les âmes trop sensibles, le quinoa est aussi très bon !
Tarifs : 46 NS le cuy, soit 12,30 euros ; 16 NS le pisco sour soit 4,30 euros.
Où dormir ?
Refugio ecológico, calle Francisco Bolognesi 126. Il n’a d’écologique que le nom… Mais cet hôtel récent aux chambres confortables est relativement bien situé (moins de 10 minutes à pied du couvent Sainte-Catherine) et propose un parking gratuit. Ce n’est pas un établissement premier prix, mais les tarifs restent corrects : 110 NS, soit 29,50 euros la chambre double. 

 

Colca, altiplano et condors 

Pérou, canyon de colca, condor

Il faut le mériter pour y arriver. Depuis Arequipa, comptez quatre bonnes heures en voiture pour parcourir les 180 kilomètres qui séparent la ville du début du canyon, où une piste caillouteuse et poussiéreuse remplace la route goudronnée. Mais le voyage vaut le coup. Une fois la première montée passée (avec quelques soucis techniques), s’étend devant nous l’altiplano à perte de vue. On est à plus de 4000 m d’altitude, pour la première fois (on va même monter jusqu’à 4910 mètres !) et on le vit plutôt bien. On mâche de la coca, comme de vrais locaux, parait que ça aide. Sur l’infini plateau, des lamas, des vigognes par dizaines. Et en toile de fond, les nombreux volcans de la région. 

La route est longue et belle

À l’entrée du canyon, petite pause technique dans le village  de Chivay pour se restaurer – et acheter du liquide de refroidissement – avant la dernière partie du voyage. Le Colca (c’est en fait le nom de la rivière) s’étire sur une centaine de kilomètres. Sa vallée est considéré comme le deuxième canyon le plus profond du monde (3400 mètres) derrière celui de Cotahuasi (3535 mètres), lui aussi au Pérou, juste à côté. Bref, tout ça pour dire qu’il est deux fois plus profond que le Grand Canyon américain. On n’a pas (encore) vu celui du Colorado, mais le canyon de Colca ne paraît pas si impressionnant. Les Gorges du Saut du Tigre, en Chine, nous semblaient déjà plus profondes… 

Quatorze villages, éparpillés le long de cette « vallée des Merveilles » (c’est l’écrivain Mario Vargas Llosa qui le dit), irriguent des milliers de terrasses agricoles, qui créent une merveilleuse mosaïque de couleurs. Arrêt final au mirador Cruz del Condor (à 50 km de Chivay). Si on est venu ici c’est aussi (et surtout) pour voir le condor des Andes, ce majestueux rapace charognard de plus de trois mètres d’envergure qui domine la vallée. Et l’imaginaire quechua. Il est midi passé. Le problème c’est que le planeur ne se montre généralement que tôt le matin. La petite dame qui vend quelques souvenirs sur place nous rassure un peu. « Un momentito ».  Et alors qu’on n’y croyait plus, il arrive. Repart puis revient. Ils sont deux, trois. Grandiose. Un spectacle à ne pas rater.

 

Categories: Pérou, Road Trip

7 replies »

  1. Woww votre article est vraiment super et nous donne beaucoup d’infos intéressantes!
    Je suis en train de faire mon parcours pour mon road trip et nous hésitions entre faire les villes de paraquas, ica et nazca ou directement aller à arequipa en avion pour faire le canon del colca.. je crois que nous allons faire le canon del colca car personne ne semble déçu de ce voyage!
    Cependant j’ai quelques questions, pensez vous que des jeunes mais pas vraiment sportif puissent le faire ?
    Et avez vous des endroits à nous conseiller pour dormir au canon..etc ?
    Merci en tout cas, et bonne journée !

    • Hello Julie,
      Nous avons nous aussi eu beaucoup de bons retours sur le trek du canyon de colca. Si ma famille n’avait pas était là, on l’aurait probablement fait. Ce que je peux te dire d’après ce qu’on nous a raconté, c’est que le trek est faisable. Dur mais faisable. Le plus compliqué c’est de gérer l’altitude. Alors ce que je peux te conseiller c’est de t’acclimater avant le trek et de ne pas y courir dès les premiers jours en haute altitude. On ne sait jamais comment on peut réagir.
      Deuxième chose : si vous avez peur de ne pas suivre, faites le en un jour de plus. Je crois qu’ils proposent deux formules, une assez dense avec de grosses journées de marche et une autre avec un jour de plus de marche mais un rythme plus « cool ».

      En revanche côté bonnes adresses j’ai pas plus à te donner. Si t’as besoin d’autre chose, on reste dispo !

  2. On se décide finalement à vous mettre un petit mot…on suit votre blog depuis quelques mois maintenant ! J’étais tombée dessus par hasard en cherchant des infos sur la Mongolie…et puis jme suis laissée charmée par vos articles !! La qualité de l’écriture et le contenu dépassent largement la plupart des blogs que j’ai pu lire jusque là…Vos photos sont superbes.
    On vous a piqué au passage quelques tuyaux, le bon plan pour la Muraille de Chine, quelques adresses etc
    J’ai toujours plaisir à découvrir un nouvel article…
    Nous aussi on est partis un an (sans blog) sans guide papier, alors on a besoin de gens motivés comme vous pour nous filer des infos !!
    Une bonne continuation à vous et un grand merci pour le partage des bons plans !!
    Manue et Nico

    • Merci beaucoup ! Voilà un message qui nous touche et nous fait vraiment plaisir. Tant mieux si certains articles ont pu vous aider… Bonne suite de voyage !

  3. Un bel article qui nous rappelle de bons souvenirs… Nous avions aussi beaucoup aimé Arequipa. Mais il y a 6 ans déjà… L’ambiance y était assez paisible, et nous nous régalions de crêpes à l’alliance française! Par contre, nous n’avons pas osé conduire… 😉
    Et le canyon de Colca… Magique! Bonne continuation à vous!
    PS : Si vous n’êtes pas encore allé au Machu Picchu, n’hésitez pas à aller manger à El Indio Feliz à Aguas Calientes!!! Plus cher que les restos locaux mais ça vaux le détour!

  4. J’aime tellement Arequipa! C’est une ville (et une région) encore méconnue par rapport à Cusco et au Titicaca, mais je trouve qu’elle vaut vraiment le détour. La première fois, il y a plusieurs années, j’ai fait le classique Arequipa et Canyon de Colca et j’ai adoré, mais je veux absolument y retourner pour faire la Vallée de Majes qui a l’air incroyable ^^

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