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Passer une nuit au Pic du Midi : est-ce que ça vaut le coup ?

Coucher de soleil, pic du midi

HAUTES-PYRÉNÉESDormir au sommet du Pic du Midi, c’est possible ! Le prix élevé, la réservation difficile, la météo incertaine… Est-ce que ça vaut le coup de (se) l’offrir ? Notre avis.

Passer une nuit au Pic du Midi, une sacrée expérience ! Mais est-ce que ça le mérite, au regard du prix ? On vous dit tout et on vous donne notre avis !
Dormir là-haut, la promesse est belle, c’est vrai. Mais chère… A offrir ou à s’offrir, c’est au minimum 200 euros par personne, en chambre double, en basse saison (en solo, les tarifs sont encore plus chers). En plein été, avec les frais de dossier pour la réservation (8 euros), on a payé l’expérience 457 euros au total, pour le couple. Un joli cadeau…  

Réserver sa nuit au Pic du Midi : pas si simple

Réserver sa nuit au Pic du Midi, ça n’est pas forcément évident. Parce que tout est complet des mois avant ! Les soirs des week-ends d’été ? Sauf à être sur le coup dès la mise en ligne des places (quasiment un an à l’avance sur la centrale de réservation du tourisme dans les Hautes-Pyrénées), vous pouvez faire une croix dessus. Dormir au Pic du Midi : la formule cartonne !

Mais malgré ces deux bémols, une Nuit au sommet du Pic du Midi, est-ce que ça vaut vraiment le coup ? On vous raconte notre séjour, tel qu’on l’a vécu, et on vous donne notre avis. Avec sincérité : hé oui, vous n’êtes pas là sur un article sponsorisé et on n’a pas été invités (quand c’est le cas, on le dit toujours ; question d’honnêteté avec vous, lecteur chéri).

En téléphérique depuis La Mongie

Fin du mois de juillet 2019, donc. C’est le Grand Jour ! Si on est venu en vacances pour une semaine dans les Hautes-Pyrénées (lire notre article complet : Que faire dans les Hautes-Pyrénées, à la montagne, en été ?), c’est avant tout pour cette soirée-là, pour dormir au sommet du mythique Pic du Midi de Bigorre. 2876 mètres.

Une altitude qui s’atteint rapidement et sans effort grâce au téléphérique, au départ de La Mongie. On a de la chance : après plusieurs jours d’une météo catastrophique (le sommet était resté emprisonné par le brouillard, avec une visibilité quasi nulle), la météo est claire et parfaite. « C’est très rare une telle visibilité en été », nous assure l’hôtesse d’accueil, en-bas.

Un accueil VIP

L’accueil, justement, est impeccable. On se sent VIP dès l’arrivée au téléphérique. On nous passe autour du cou un badge qui servira de clé pour les portes de l’observatoire (les secteurs auxquels on a accès, dans la partie réservée aux visiteurs de nuit) et celle de notre chambre. Et puis on nous offre un tote bag chacun. À l’intérieur, des chaussons, une petite lampe-torche à lumière rouge (on comprendra bientôt pourquoi), un tour de cou type buff et des petits chocolats. Tout est siglé « Pic du Midi ». Les petits cadeaux sont très chouettes.

L’hôtesse nous accompagne jusqu’au téléphérique. Il y a des départs tous les quarts d’heure. Mince : il y a vraiment beaucoup de monde qui attend… Faire la queue ? Pas pour nous, merci. Avec notre statut de VIP, badge « Nuit au sommet » autour du cou, on nous fait passer devant tout le monde. Cool.
Allez, on s’accroche, cette fois, c’est parti pour la montée !

Des précautions pour l’altitude

Le départ est rapide, les premières minutes vertigineuses (si vous êtes sujet au vertige… ne regardez pas dehors). La montée se fait en deux temps. Un premier tronçon de La Mongie (1 785 m) au Taoulet (2 341 m), comporte deux pylônes. De là, on débarque et on rembarque dans une autre cabine jusqu’au sommet (2 872 m, donc) sans aucun pylône entre les deux. Pour info, ça représente une travée de câble de plus de 2,5 km de long ! Durant le voyage, déjà, la vue (pour ceux qui ont regardé dehors, du coup) est vraiment spectaculaire.

À l’arrivée du téléphérique (le trajet dure un quart d’heure), là encore, accueil impeccable. Une personne nous prend là-aussi en charge. Avant toute chose, la gentille dame nous donne quelques conseils liés à l’altitude. Rien de bien compliqué : durant notre séjour, bien s’hydrater, marcher lentement, notamment dans les nombreux escaliers de la station. Nous, on en n’a pas du tout ressenti les effets (on a même dormi comme des souches). Et puis elle nous guide jusqu’à notre chambre. Et là, bim ! Une claque ! Par la fenêtre, le panorama de la chaîne des Pyrénées au loin, le lac d’Oncet juste en-dessous. Chambre avec vue, c’est le cas de l’écrire.

Chambre avec vue sur les Pyrénées

La chambre n’est pas grande, mais elle est très confortable. Un radiateur, un bon lit et une grosse couette, un lavabo : un sacré luxe à près de 3000 m d’altitude (et pour avoir pratiqué pas mal de refuges de montagne, on le mesure). Les toilettes et les douches sont communes, dans le couloir. Rien à redire, tout est propre.

Rendez-vous nous a été donné à 17h30 pour le pot d’accueil. Il est encore tôt dans l’après-midi, il fait super beau, alors on part se balader. Les terrasses panoramiques sont noires de monde. Pour tenter d’accéder au Ponton dans le ciel, belvédère dans le vide créé en 2018 côté nord, il y a une impressionnante file d’attente. Et là, notre statut VIP ne fonctionne pas… Tant pis, on le sait, bientôt les visiteurs à la journée vont redescendre (dernier départ, 18 h) et on aura le Pic du Midi rien que nous, ou presque. 

Les terrasses du Pic du Midi

Sur la grande terrasse, un parcours avec une série de petits panneaux informatifs fait le tour des installations du Pic du Midi. Plutôt distrayant. Différentes animations sont proposées, une nouvelle tous les quarts d’heure, environ.

C’est l’heure du pot d’accueil. Jus de fruits et petits macarons. On est tous réunis dans une salle panoramique. 27 personnes au total, c’est la capacité maximale par nuit (il y a 12 chambres doubles et 3 chambres individuelles). Notre guide nous présente le programme jusqu’à demain. C’est sa première fois, le ton est hésitant mais le garçon, passionné d’astronomie et membre d’une association d’amateurs éclairés (non, ce ne sont pas des scientifiques professionnels qui mènent les visites) est plutôt sympathique. Le chef du restaurant est là aussi, il nous détaille le menu du soir.

Le construction de l’Observatoire, une épopée

La visite démarre sur la grande terrasse, désormais vide. Tout commence par une petite introduction à l’Histoire du Pic du Midi et à la construction de l’observatoire, débutée dans les années 1870. Une incroyable épopée, une prouesse humaine et technique.

Notre groupe se déplace maintenant vers le planétarium (le plus haut d’Europe), installé depuis 2016 dans l’ancienne coupole Baillaud. Confortablement installés dans de gros fauteuils penchés, sur un écran de 8 mètres qui occupe tout l’intérieur du dôme, on regarde un film sur cette histoire, celle du Pic du Midi, avec de nombreuses images d’archives. Nous, on a trouvé ça assez passionnant.

Vite, c’est l’heure de passer à table. Le temps est compté : il faut avoir fini avant 21 h, pour assister au coucher de soleil. Pas question de le louper ! Les tables sont déjà prêtes et constituées : non, vous ne vous retrouverez pas à dîner avec des inconnus. Du coup, on ne lie pas connaissance. Les couples restent en couple, les familles ou les groupes entre eux.

Le dîner, champagne et foie gras !

Côté boissons, une petite bouteille de champagne pour deux personnes, à l’apéritif, puis une petite bouteille de vin pour deux. Le service est classe. Tout comme le menu : foie gras fumé, dos de cabillaud (en altitude ?) et riz à l’encre de seiche, charlotte aux fraises revisitée. Très bon !

Nous, on n’aurait pas été contre une ambiance moins « prout-prout » et plus « montagne« , avec de vrais plats du terroir et de grandes tables partagées. Ce qui rendrait le moment plus convivial et permettrait sans doute de proposer une prestation moins chère… Mais ce n’est pas l’ambiance « Nuit au sommet du Pic du Midi », une prestation qui se veut chic. Et romantique, pour les couples. Si c’est ce que vous recherchez, c’est bien l’esprit du séjour.

La page dîner est donc assez vite refermée. Pas possible de s’attarder, sinon on va louper le soleil n’attend pas. Le guide nous invite à repasser rapidement dans les chambres pour enfiler d’autres couches de vêtements. À partir de maintenant, la température va vite redescendre.

Coucher de soleil magique au Pic du Midi

Cette fois, on est passé de l’autre côté des bâtiments de l’observatoire, sur la petite terrasse ouest. Le spectacle commence. La chaîne des Pyrénées, dont seuls les sommets, émergent d’une mer de nuage. Le soleil rougeoyant. L’altitude. Un grand moment.

Franchement, on est assez fans de ce moment-là, et on en a vu quelques-uns, des beaux couchers de soleil, notamment pendant notre tour du monde. Certains même qui nous ont ému aux larmes (sur le lac Baïkal, depuis l’Isla del Sol, sur le lac Titicaca ou encore, entre autres, au Grand Canyon). Celui-ci restera aussi gravé dans nos mémoires, c’est sûr. Grâce, on le répète, à une météo très favorable.

Il fait noir maintenant. On est invités à n’utiliser que nos petites lampes à lumière rouge (ou lumière inactinique), qui ne crée pas de pollution visuelle qui perturberait l’observation. Commence alors notre voyage au bout de la nuit. On est assez impatients de vivre cette expérience d’observation des étoiles, planètes et galaxies (on avait loupé l’occasion de vivre ça au Chili, dans le désert d’Atacama, à cause de la pleine lune).

On pénètre dans l’une des coupoles : chacun est invité à glisser son œil dans un télescope géant. Un autre télescope est installé sur la terrasse. Mais entre les nécessaires réglages par le guide, les premiers nuages qui commencent à apparaître et l’attente (27 personnes qui veulent toutes voir), l’expérience est plutôt frustrante. On arrive quand même à voir, vite fait, les planètes géantes Jupiter et Saturne, avec ses anneaux. Une première pour nous !

Finalement, le meilleur moment, c’est plutôt quand on s’installe dans les chaises longues à disposition, là, à presque 3000 m d’altitude, sous une couverture (il y en a en rab dans la chambre, il ne faut pas hésiter à les prendre avant de sortir) à observer les milliers d’étoiles. Et c’est chouette. Avec un laser, le guide nous montre les constellations. Nous explique, nous sensibilise, nous donne des anecdotes. Instructif.

La météo, l’élément clé

Mais les nuages commencent à se faire de plus en plus nombreux. On le savait : la météo n’annonçait pas du beau temps pour le lendemain sur le Pic du Midi, et visiblement, elle avait raison.

Le guide nous propose de retourner au planétarium. Il y projette un documentaire spectaculaire sur l’infiniment grand, les galaxies. C’est très intéressant, même si comme nous, vous n’êtes pas spécialistes. Et ça donne matière à réflexion : ça permet de bien relativiser. Ceux qui aiment se questionner sur notre place – minuscule – dans l’univers sont servis.

Il est bientôt minuit, désormais, c’est quartier libre. On retourne sur la terrasse. Mais le ciel est de plus en plus couvert. Et il fait sacrément froid. On va se coucher vers une heure du matin, il ne reste plus grand-monde dehors.

Le lever de soleil ? Raté !

Biiiiiip ! Réveil à 6 heures du matin. La nuit était bonne, mais la nuit était courte. Même si les prévisions sont mauvaises, on tient à tenter le coup pour le lever du soleil. Vite, gants, bonnets et le reste et, hop, dehors. Le ciel s’éclaire. Mais patatras. Le Pic du Midi est complètement dans les nuages, c’est raté pour le lever de soleil, ne le verra pas.

Direction le petit-déjeuner, alors : un buffet libre-service très bien fourni et varié (on y repassera un peu plus tard, d’ailleurs).
On va faire un tour, enfin, sur le Ponton dans le ciel. La veille, on avait renoncé à cause de la foule et on n’avait pas eu le temps d’y aller avant la tombée de la nuit. Mais là-aussi, dans les nuages, l’expérience n’est pas extraordinaire.

Le télescope Bernard-Lyot

Ce second jour, le rendez-vous est fixé à 9h dans une salle de l’observatoire : le guide nous attend pour nous détailler le programme de la matinée. Ce matin, c’est visite complète des lieux. On traverse toutes les installations du Pic du Midi, on passe sous les bâtiments de l’émetteur de la télévision et de l’armée pour aller jusqu’au TBL, le télescope Bernard-Lyot, un engin mythique pour les passionnés d’astronomie. Avec sa lentille d’un diamètre de 2 mètres, c’est le plus grand du pays. Le seul au monde utilisé pour étudier un aspect précis de la vie des étoiles. 

La visite est intéressante, mais elle est très scientifique. Les plus jeunes, ou les moins intéressés, sont vite lâchés. Une partie du groupe abandonne, d’ailleurs. Avec les autres, on retraverse tout le site du Pic du Midi en direction de la coupole du coronographe. Un outil qui permet de reproduire le phénomène des éclipses totales pour observer le soleil (sa surface, du moins), sans se ruiner instantanément les yeux. Mais à cause de ces maudits nuages, impossible de le voir fonctionner. On se contente de vidéos.

La visite se termine vers 11h. On se sépare, les autres redescendent. Nous, on profite encore un peu de ce lieu exceptionnel qu’est le Pic du Midi, même s’il reste toujours emprisonné dans les nuages, malgré de timides éclaircies. On a un peu de mal à descendre. On sait la chance qu’on a eu de pouvoir passer une nuit là-haut.

À la descente, sous les nuages, on se retrouve sous une pluie battante. Décidément, on était mieux au sommet.

Notre bilan : dormir au Pic du Midi, on valide, mais…

Alors, en conclusion, passer une nuit au sommet du Pic du Midi, est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Il y a du contre : le prix élevé, la difficulté à réserver et surtout, selon nous, la taille du groupe. 27 personnes, c’est trop (c’était 19 encore récemment, la capacité a été augmenté) pour les moments d’observation et même de déplacement.

Il y a du pour, aussi. Le site en lui-même, d’abord. Le Pic du Midi est un endroit incroyable, dont la magie est palpable sur place. Pouvoir y dormir est une chance.
Même pour les non-spécialistes (les spécialistes, eux, seront aux anges), la visite des installations scientifiques, et l’initiation à l’observation des étoiles reste un moment fort et passionnant. Côté repas, on ne s’attendait pas à ça : du haut niveau. La chambre est confortable.

Nous, on valide ! Mais ça tient aussi à la météo, globalement favorable durant notre séjour. C’est ça le critère numéro Un, celui qui change toute l’expérience. Passer une journée et une nuit au sommet du Pic du Midi s’il reste sans cesse emprisonné dans les nuages, ça doit être terriblement décevant… Mais comment prévoir, surtout en réservant des mois à l’avance ? Bref, en cliquant, pensez à croiser les doigts…

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