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Uros et Amantani : escale sur les îles du lac Titicaca

PÉROU – Depuis Puno, les îles flottantes Uros, Taquile ou celle d’Amantani, sur le lac Titicaca, sont facilement accessibles en quelques heures de bateau. Pièges à touristes ?

Le lac Titicaca, on en rêvait depuis longtemps ! On le découvre d’abord, côté Pérou, à Puno, d’où il est facilement possible de partir à la découverte des îles en bateau. On choisit une option qui nous permettre de faire d’abord escale sur les îles flottantes Uros. Puis de dormir sur Amantani avant de s’arrêter sur Taquile au retour. Un piège à touristes ? Embarquez : on vous raconte notre expérience, et on vous donne notre avis.

Le lac Titicaca : à plus de 3800 m d’altitude

Tout le monde le connaît. Son nom fait rire des générations d’écoliers. Puis ils apprennent qu’il s’agit du plus haut lac (navigable) du monde. Le lac Titicaca, long de 200 kilomètres – 15 fois la taille du lac Léman ! – déroule en effet ses vaguelettes à plus de 3 800 mètres d’altitude. Mais ce que les enfants doivent savoir, surtout, c’est que l’endroit est magique.

Magique, il l’est d’abord par sa beauté prodigieuse. Un ciel comme seule l’altitude sait en offrir. Des eaux d’un bleu intense. Les montagnes andines en guise d’écrin.

Mais pas seulement. Le lac Titicaca, située à la frontière entre Pérou et Bolivie, déborde de légendes et histoires extraordinaires. Autrefois vallée fertile, l’endroit aurait été noyé par les 40 jours et 40 nuits (tiens, tiens) de pleurs du dieu Inti. Pour les Incas, le lac est à l’origine de la création du monde et du cosmos, tout simplement. D’ailleurs, leur trésor y serait noyé : depuis le commandant Cousteau jusqu’aux équipes de National Geographic, les chercheurs d’or du monde entier y enchaînent des expéditions subaquatiques plus ou moins régulièrement pour tenter de le retrouver.

Puno : le principal port côté Pérou

Nous, c’est sans sous-marin qu’on arrive à Puno, petite ville pas dénuée de charme, principal port sur les berges péruviennes du lac Titicaca. Non, non, on est juste toujours à bord de cette maudite auto qui commence vraiment à faire des bruits pas catholiques (lire notre article Louer une voiture et conduire au Pérou, c’est chaud !). Crevés par la route, on trouve asile à l’Hacienda, un hôtel qui trône sur la plaza de Armas et se veut luxueux ; et qu’on aurait jamais pu s’offrir sans une redoutable offre booking.com (82 soles, 22 euros la double).

Mais même si on commence à s’acclimater peu à peu à l’altitude, pour certains d’entre nous, la nuit à près de 4 000 mètres d’altitude n’est pas totalement reposante.

En bateau : cap sur les îles Uros

Notre programme du lendemain, donc : une croisière jusqu’à l’île Amantani, avec escales sur les îles flottantes Uros à l’aller, et Taquile au retour. Pas de souci, depuis le port, des bateaux collectifs font régulièrement le trajet. Le temps de négocier et de diviser le prix annoncé par deux (on a payé 30 soles, environ 8 euros par personne), on embarque sur les eaux pour l’instant calmes du Titicaca. Seulement trois autres passagers à bord : une Française installée à San Salvador depuis des années, son époux salvadorien et leur fille.

Après une heure de navigation, à bâbord, deux îles flottantes sont en vue. Premier arrêt. Quatre familles vivent ici, elles nous attendent. On accoste, déjà accueillis par de grands coucous et des chants. Nommées îles Uros en référence au peuple qui y vivait jusque dans les années 50, une soixantaine d’îlots d’un genre unique au monde (lire l’encadré ci-dessous) ondulent à la surface du lac Titicaca.

Autrefois seulement pêcheurs, les Aymaras qui y vivent aujourd’hui (ils seraient plus de 2000) ont parfaitement su s’adapter aux envies des touristes, qu’ils accueillent avec une gentillesse débordante – et visiblement non feinte – le temps de leur expliquer leur mode de vie (c’est le « président de l’île » qui s’en charge), de les emmener faire un petit tour à bord de leurs embarcations traditionnelles et… de leur vendre des objets d’artisanat.

ÎLES UROS, UN PIÈGE À TOURISTES ? UN PEU, FORCÉMENT
L’impression de marcher sur un sol de tourbe. C’est spongieux, les pieds s’enfoncent. On se demande presque si on ne va pas finir par passer à travers. Pas de risque : la technique a fait ses preuves depuis le XIIIe siècle. Les îles flottantes Uros sont faites des bambous locaux, appelés tortora (dont l’intérieur se mange, ça ressemble un peu à du cœur de palmier, avec moins de goût). Tissés entre eux, ils forment un plancher sur lequel sont bâties les habitations, elles aussi en bambou. Les îles sont fixées à des pieux plantés dans le fond du lac, pour ne pas dériver.
Certains les décrivent comme des pièges à touristes. C’est un peu vrai. Les petits objets d’artisanat s’y vendent à prix fort. Les femmes, en tenues traditionnelles, vous accueillent avec des « Vamos a la playa », des « Hasta la vista baby » pour vous faire rire. Elles ont le truc. Mais voilà, quitte à acheter un souvenir, nous on a préféré le prendre à ces gens adorables qui vivent à l’année sur leurs îles flottantes. Dans des conditions qu’on devine difficiles, quand les touristes sont partis et que l’hiver, lui, s’est installé.

Dormir chez l’habitant sur le lac Titicaca

Après cette pause instructive et agréable, on met le cap vers Amantani, à 4 heures de navigation au total depuis le port de Puno. Cette fois encore, on est attendu. Car ici, l’accueil des visiteurs est formidablement bien géré. Le capitaine du bateau a prévenu de notre arrivée ; il en a l’obligation. Les communautés qui vivent sur l’île se sont organisées afin que les familles reçoivent équitablement les visiteurs et que toutes profitent des retombées, avec une juste répartition. L’inverse, cette fois, du bête piège à touristes. Ainsi, ça tourne : elles hébergent à tour de rôle. Et gare : si une famille ne reçoit pas bien ses hôtes et que ceux-ci se plaignent, elle peut être « suspendue » pendant quelques temps.

PASSER UNE NUIT SUR AMANTANI
Le mode de gestion de l’afflux des touristes sur Amantani est exemplaire. Les communautés répartissent l’activité, et les retombées qui vont avec, entre les familles, qui accueillent les visiteurs à tour de rôle. Une manière aussi d’empêcher la construction d’hôtels et le tourisme de masse, de garder la maîtrise des prix (qui ne s’envolent pas)… En ce sens, même si l’île est très fréquentée, voyager là-bas est écoresponsable. On aime.
Par ailleurs, sachez que le lac Titicaca dissimule des écosystèmes uniques. Uniques, mais menacés. Certaines espèces disparaissent en raison de la pollution drainée par des affluents venus de la banlieue de La Paz (pour en savoir plus). Parallèlement à l’action des pays limitrophes, une campagne populaire est en cours, avec appel aux dons sur www.unidosporeltiticaca.org.

Du coup, vous ne choisissez pas votre point de chute, et vous n’en savez rien avant de le découvrir. Mais vous êtes assurés d’être bien reçus. En plus, ce n’est pas tellement cher : on a payé 40 soles par personne (10,80 euros) pour la nuit dans des chambres doubles – avec électricité – et trois repas très bien, un déjeuner, un dîner et un petit-déjeuner. Attention toutefois : le niveau de confort et de partage avec les familles varie selon les points de chute. C’est un peu une loterie. Nous, ça s’est très bien passé avec la dame qui nous a reçu, jusqu’à nous faire prendre le petit-déjeuner avec elle, dans sa cuisine, normalement interdite aux visiteurs.

Sur Amantani, autant vous prévenir, il n’y a essentiellement qu’une seule chose à faire. Grimper. Grimper par de petits sentiers pavés jusqu’aux temples en ruines situés sur les sommets de l’île, anciennement dédiés à la Pachamama (la terre-mère nourricière) au Pachatata (la terre-père, c’est là qu’on est allés). Une bonne heure de montée au total, avec un début plutôt raide et le souffle court (souvenez-vous, on est à près de 4000 m d’altitude). Mais au sommet, quelle récompense ! La vue sur le lac Titicaca est splendide (on découvrira plus tard qu’elle est encore plus belle depuis l’Isla del Sol, côté bolivien).

Le lendemain, une pluie drue nous conduit à annuler notre étape sur l’île de Taquile, et la balade qui va avec. On rentre directement à Puno. Après une nuit de repos, on doit mettre le cap vers Cusco et la vallée sacrée. À la rencontre des Incas… Et avec l’idée de faire un trek, le Salkantay, jusqu’au Machu Picchu. Ça aussi, on en rêvait depuis longtemps…

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