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Visiter Nouméa en quelques jours : notre expérience

NOUVELLE-CALÉDONIE – Un road-trip en Nouvelle-Calédonie commence forcément à Nouméa. Que voir et que faire dans la capitale ?

Un voyage en Nouvelle-Calédonie commence forcément par Nouméa. Avant un road-trip de trois semaines en Grande-Terre, on s’applique d’abord à visiter la capitale.

On reste d’ailleurs plus de temps que prévu à Nouméa. Une ville qui ne mérite pas forcément de s’y attarder. Mais qui a quelques charmes à faire valoir. On vous raconte notre expérience.

Visiter Nouméa : ça commence mal…

Tromperie sur la marchandise ! Pas la moindre calinette à l’embarquement. Même pas un petit bisou à l’atterrissage. Pffff. La compagnie calédonienne Air Calin, avec laquelle on a voyagé de Sydney (lire notre article Visiter Sydney en 4 jours, les incontournables) à Nouméa ne porte pas bien son nom. Bon, on a quand même eu droit à un plateau-repas à bord (tiens, du couscous ?) et à un film : ça fait du bien, pour une fois, de ne pas voler en low-cost.

Débarqués après presque six mois de voyage dans notre tour du monde, on se retrouve plongés en plein conflit social. Bienvenue en Nouvelle-Calédonie ! Les « rouleurs », ces chauffeurs qui transportent le nickel (principale ressource du territoire), bloquent tout le pays. Impossible d’attendre le bus vers le centre-ville de Nouméa, une presqu’île à sept baies située à 50 km de l’aéroport, il pourrait bien ne jamais venir. Pas le choix, on grimpe donc à bord d’une navette privée : 3000 francs pacifiques (aïe, 25 euros) le trajet, par personne.

Dormir dans des huttes sur le modèle traditionnel

L’avantage, c’est que ladite navette, non sans s’être d’abord retrouvée ralentie par une opération escargot, nous dépose directement à destination. Tant mieux, parce qu’il fait déjà noir, qu’on n’a aucun repère et qu’il paraît que Nouméa n’est « pas très sûre, la nuit ». C’est Clotilde, notre hôte couchsurfing qui nous l’a écrit.

Elle nous accueille pour deux nuits chez elle, dans sa chouette hutte du Kuendu beach, resort situé à Nouville, ancienne île reliée à Nouméa par un pont. Initialement prévues pour les touristes de passage, ses huttes hébergent aujourd’hui presque toute, à l’année, des Zoreilles qui ont trouvé là une alternative séduisante, au bord du lagon, aux difficultés de logement de Nouméa.

L’apéro : connecting people

Abracadabra. Un quart d’heure après notre arrivée, on est installé, avec Clotilde et ses voisins, à l’apéritif. L’apéro. Le vrai. Discuter, tranquillement, avec du vin, du fromage et même de la charcuterie. Oh la belle tradition ! C’est con, mais après plusieurs mois en Asie, c’est le genre de choses qui nous manquaient.

Au centre de Nouméa, la place des Cocotiers

La nuit a été bonne. Et longue. Clotilde, hôte adorable, nous a laissé sa chambre sur la mezzanine, sous la belle charpente de la hutte, bâtie sur le modèle traditionnel. Tartines de pain grillé au beurre demi-sel (cocorico) avalées, elle nous dépose en centre-ville de Nouméa. Une ville morte. Paralysée par le mouvement social : toute entrée et sortie par la route en est impossible. Deux boutiques sur trois sont fermées. Drôle d’ambiance.

Bon, on arrive à faire quelques courses au supermarché pour notre hôte ;  l’occasion de constater que le coût de la vie est le double de celui de la métropole. On glane des renseignements pour la suite à l‘office de tourisme de la place des Cocotiers, la principale de la ville (où il y a du wifi gratuit dehors !). Et on réserve à l’auberge de jeunesse (lire l’encadré ci-dessous).

On lit le journal aussi. Les infos du jour ? Le conflit des rouleurs s’enlise, un gendarme a été blessé par balle et un des quatre criminels évadés de la prison a été retrouvé. L’un de ces faits se passerait n’importe où dans l’Hexagone, il ferait l’ouverture du 20 heures… En métropole, à 20 000 km de là, on se désintéresse de ce coin de France.

OÙ DORMIR À NOUMÉA : LA SOLUTION ÉCONOMIQUE
C’est la seule auberge de jeunesse de la ville, et du pays. Pour l’instant : une autre va bientôt voir le jour à Poé. L’auberge de jeunesse de Nouméa est le point de passage quasi inévitable pour celles et ceux qui débarquent en Nouvelle-Calédonie pour y vivre une expérience d’expatrié ou pour les voyageurs. Très grande, elle est aussi très fonctionnelle. Et sûre : des casiers se verrouillent dans toutes les chambres, la cuisine (hyper fonctionnelle) et même la chambre froide.
Côté tarif : 2000 CFP (16, 80 euros) par personne en dortoir de quatre lits si vous n’êtes pas membres du réseau. On a aussi testé la chambre double au retour de notre road trip sur la Grande Terre : 4500 CFP (37,70 euros).
L’ambiance est particulière : vous y croiserez beaucoup de jeunes qui viennent à Nouméa pour y travailler quelques mois ou quelques années et qui, dans l’attente de trouver du boulot ou un appart, ou les deux, occupent l’essentiel de leurs journées à boire des trucs et fumer des machins.
Adresse : 51 bis Rue Pasteur Marcel-Ariège (au-dessus de la cathédrale). Téléphone:  +687 275-879.

Le centre culturel Tjibaou

Le lendemain, Clotilde nous accompagne. Direction le centre culturel Tjibaou (lire l’encadré ci-dessous). L’écrin nous séduit. Le contenant nettement moins. Expos permanentes légères et peu intéressantes, nombreux espaces vides. À notre sens, l’endroit, situé en périphérie de la ville, ne vaut pas forcément une visite en soi. Allez-y plutôt lorsqu’un spectacle, une conférence ou un autre événement culturel y est organisé.

Au centre Tjibaou, ne vous attendez pas véritablement à trouver des informations sur la culture kanake traditionnelle (si ce n’est à la médiathèque) ou des objets qui y sont liés. Ça, à Nouméa, c’est au musée de Nouvelle-Calédonie que ça se passe. L’endroit, situé en plein centre-ville face à la baie de Moselle, mérite vraiment une visite. Pour l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, en revanche, c’est au musée de la ville de Nouméa (tout près de la place des Cocotiers) qu’il faut se rendre. Tout le monde suit ?

=> LE BON PLAN : Le pass Nature et Culture (appelé aussi pass NC, comme Nouvelle-Calédonie) permet, pour 1700 CFP (14,25 euros) d’accéder à six sites touristiques majeurs de la ville :

JEAN-MARIE TIBAOU, FIGURE KANAKE
Fils de chef de tribu. Prêtre. Leader indépendantiste. Jean-Marie Tjibaou est celui qui a signé les accords de Matignon en 1988 avec le premier ministre Michel Rocard, au terme de quatre années de quasi guerre civile en Nouvelle-Calédonie. Il est assassiné moins d’un an plus tard, lors de la commémoration du premier anniversaire du drame d’Ouvéa (21 morts au total et des rancœurs pour des décennies, pour en savoir plus).
Le centre Tjibaou, siège de l’Agence de développement de la culture kanak (ADCK), créée justement à la suite des accords de Matignon, a pour objectif de valoriser le patrimoine kanak et d’encourager les formes contemporaines d’expression de la culture locale. L’endroit, qui s’articule autour de dix cases allégoriques, est une merveille architecturale signée Renzo Piano (prix Pritzker pour l’ensemble de son œuvre), vous savez, le prolifique esprit italien qui a imaginé, entre autres, le centre Pompidou à Paris.

Nos affaires posées à l’auberge de jeunesse, le soir, on découvre la Bodega del Mar, LE lieu branché de Nouméa. C’est ici que nous conduit Aude, installée en Nouvelle-Calédonie depuis deux ans, auprès de qui on va se ravitailler en roquefort (voir notre vidéo Nouvelle-Calédonie : du roquefort sous les cocotiers). Le lieu est festif, ça c’est sûr. Mais il y a un quelque chose de dérangeant. Ici, comme dans les autres établissement de la baie des Citrons, quartier favorisé, pas le moindre kanak. Que des blancs. Symbole d’une ville où les uns et les autres vivent côte à côte, mais pas ensemble.

L’aquarium et le zoo de Nouméa

Les jours se suivent et se ressemblent. Ville morte, encore. Musées fermés. Averses. Donc : cap sur l’aquarium des lagons, situé près de la baie des Citrons (compris dans le Pass NC sinon l’entrée est à 1000 francs par adulte, 8,40 euros).
L’endroit, très pédagogique, mérite d’y passer une paire d’heures, un jour maussade. Notamment pour son bassin des tortues à l’extérieur ou ses requins. En tout cas, c’est une bonne idée d’y aller avant de plonger ou de faire du snorkelling : ensuite, vous reconnaîtrez plein de bébêtes dans l’eau.

On aura aussi profité de notre séjour plus long que prévu à Nouméa, avant de partir en road trip sur la Grande Terre, pour visiter le zoo. Une petite anecdote : alors qu’on s’y rendait à pied (c’est loin et ça grimpe), une dame, kanake, s’est spontanément arrêtée et a tenu à nous y déposer. Dans ce parc, essentiellement des oiseaux mais aussi quelques singes et quelques reptiles. Ça vaut le coup d’y aller ne serait-ce que pour voir le cagou, animal totémique de la Nouvelle-Calédonie. Un piaf à crête rigolo, qui ne vole pas et qui aboie comme un caniche-à-mémère.

Cap sur la brousse, la vraie Nouvelle-Calédonie

Voiture louée, matériel de camping rassemblé (Aude nous prête une tente, on emprunte gratuitement réchaud et gros duvets à l’auberge ; sinon, il existe une boutique spéciale de location près de l’aéroport de Magenta) : on s’apprête à quitter le centre-ville, qu’on a trouvé sans charme. Nouméa ne nous a pas vraiment  enchanté. On y passé plus de temps qu’on l’aurait souhaité et que ça le mérite, selon nous. Cap sur la brousse. La véritable Nouvelle-Calédonie

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