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Chemin de Saint-Guilhem : 12 jours de grande randonnée

FRANCE – Itinéraire, carte, distances, hébergement : notre vidéo sur le GR et notre guide pratique pour une rando sur le Chemin de Saint-Guilhem, de l’Aubrac à l’Hérault.

Vous voulez notre avis ? Facile : le Chemin de Saint-Guilhem est une randonnée somptueuse ! L’une des plus belles dans sa catégorie (temps, distance, dénivelé, etc.). Si bien qu’au fil des 242 kilomètres et des 12 jours de marche, à en prendre si souvent plein les yeux entre Aumont-Aubrac et Saint-Guilhem-le-Désert, une question n’a cessé de grandir dans nos têtes : pourquoi ce GR n’est-il pas encore plus réputé dans le monde de la rando ? Mystère.

Un chemin de Grande Randonnée entre Massif Central et Méditerrannée

Installés à Nîmes depuis plusieurs années, après avoir vécu notamment en Aveyron et en Lozère et avoir déjà pas mal arpenté la région, on savait avant le départ que ce chemin de Grande Randonnée allait être spectaculaire. Sur la carte : l’Aubrac, les Gorges du Tarn et de la Jonte, les Grands Causses, les Cévennes ou encore le Cirque de Navacelles… De belles promesses. Oui, on s’attendait à être ébloui par les paysages. Mais pas autant, pas aussi souvent. Notre conseil : foncez !

Randonner sur le Chemin de Saint-Guilhem, trait d’union entre le Massif-Central et la Méditerranée : voici toutes les informations pratiques, sur le sentier, le miam miam et le dodo, et notre récit pour vivre et réussir cette belle itinérance.

SOMMAIRE

✖  Comment organiser sa randonnée ?

✖  Notre récit jour après jour

LE CHEMIN DE SAINT-GUILHEM, C’EST QUOI ?

Les infos essentielles sur le Chemin de Saint-Guilhem-le-Désert, aussi appelé parfois Grande Traversée du Massif Central :

◾ 242 km en grande itinérance
◾ Du Massif Central aux portes de la Méditerrannée
◾ Départ : Aumont Aubrac (Lozère)
◾ Arrivée : Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault)
◾ 4 départements traversés
◾ 12 jours de marche en moyenne
◾ Plusieurs variantes
◾ Ancienne voie de transhumance
◾ Dénivelé positif total : 2900 m

Sauf au départ, lorsqu’elle emprunte un tronçon du Chemin Saint-Jacques de Compostelle, ça reste une randonnée peu fréquentée. À l’inverse de certains tours alpins de même durée… C’est aussi ce qui fait son intérêt. Et le Chemin de Saint-Guilhem n’est pas une rando typée montagne donc, physiquement moins engagée et plus accessible.

 Pourquoi choisir le Chemin de Saint-Guilhem ?

Chaque jour ou presque, le Chemin de Saint-Guilhem plonge le marcheur au cœur de panoramas spectaculaires et surtout variés. Cela au cours d’une itinérance plein sud, dans une ambiance qui change sans cesse, de la moyenne montagne à la garrigue méditerranéenne.

ORGANISER SA RANDONNÉE
SUR LE CHEMIN DE SAINT-GUILHEM –

Le site VisuGPX propose une trace GPX (non officielle) à télécharger : ici.

Il existe un topoguide de la Fédération Française de Randonnée précis détaillant la totalité du Chemin de Saint-Guilhem et ses variantes. Un indispensable à acquérir avant de se lancer sur le sentier.
Ce lien est un lien affilié. En achetant votre topoguide via celui-ci, vous ne paierez pas plus cher, mais nous toucherons une petite commission  sur l’achat. Une petite façon de nous soutenir <3

Autre outil utile à la préparation de la randonnée : la carte interactive créée par l’association des Amis du Chemin de Saint-Guilhem, consultable gratuitement sur leur site internet.

Ajoutez à tout cela une application gratuite de cartes sur votre téléphone, type maps.me (notre indispensable en voyage comme en randonnée).

QUAND PARTIR ?

À chaque saison, ses avantages, ses inconvénients. Le printemps est vert et fleuri, l’été est plus sec (voire bien chaud, on peut en témoigner) mais il n’y a quasiment aucune pluie. Paramètre très apprécié sur 12 jours de marche !

L’automne permet de retrouver de la fraîcheur, et des paysages renouvelés, mais les journées sont plus courtes.
La haute saison sur le chemin, en tout cas : d’avril à mi-juillet, septembre et octobre.

QUEL ITINÉRAIRE, QUELLES ÉTAPES SUR LE GR ?

Départ : Aumont-Aubrac (Lozère)
Arrivée : Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault)

Il existe plusieurs itinéraires pour relier Aumont-Aubrac à Saint-Guilhem-le-Désert. Quelques variantes à étudier avant de se décider, la principale se jouant au niveau de La Canourgue (voir la carte ci-dessus).

Nous avons choisi de suivre l’itinéraire « principal », long de 242 km. Celui qui traverse le Causse Méjean par le haut, plutôt que de suivre les Gorges du Tarn.

Concernant les étapes sur cet itinéraire de Grande Randonnée, il y a des dizaines de possibilités ! C’est l’un des avantages du Chemin de Saint-Guilhem. Les étapes ne sont pas immuables. Chaque randonneur, en fonction de son niveau et de ses envies, peut définir les arrêts qui lui correspondent.

Des étapes de marche ajustables à l’envie !

En effet, le Chemin traverse régulièrement des zones habitées qui offrent donc un large choix d’options pour la nuit. Notre itinéraire a été imaginé avec l’association des Amis du chemin de Saint-Guilhem. Il correspond aux grandes étapes « classiques » du Chemin, à quelques kilomètres près.

Si vous visitez la région pour la première fois, nous vous conseillons d’en ajuster certaines pour passer la nuit dans des villages qui méritent un arrêt plus long (avec par exemple une nuit sur Nasbinals, Sainte-Enimie ou Le Vigan). Patience, on vous explique tout un peu plus loin…

NOS 12 ÉTAPES SUR L’ITINÉRAIRE PRINCIPAL

Voici donc les étapes que nous avons réalisées sur notre Chemin de Saint-Guilhem, et quelques alternatives intéressantes si vous cherchez à faire des haltes dans de plus gros villages.

ÉTAPE 1 : Aumont-Aubrac – Pont de Marchastel 23 km
alternative arrêt à Nasbinals (+ 3,5 km)
ÉTAPE 2 : Pont de Marchastel – Saint-Chély-d’Aubrac 21 km
ÉTAPE 3 : Saint-Chély-d’Aubrac – Les Rajas 18 km
ÉTAPE 4 : Les Rajas – Le Ségala (Banassac) 23 km
alternative arrêt à La Canourgue (+ 4 km)
ÉTAPE 5 : Le Ségala (Banassac) – Champerboux 25 km
alternative Sainte-Enimie (+ 7,5 km)
ÉTAPE 6 : Champerboux – Le Buffre (Hures-la-Parade) 22 km
ÉTAPE 7 : Le Buffre (Hures-la-Parade) – Meyrueis 14 km
ÉTAPE 8 : Meyrueis – L’Espérou 21 km
ÉTAPE 9 : L’Espérou – Avèze 21 km
alternative Le Vigan (- 2,5 km)
ÉTAPE 10 : Avèze – Navacelles 21 km
ÉTAPE 11 : Navacelles – Les Lavagnes 25 km
ÉTAPE 12 : Les Lavagnes – Saint-Guilhem-le-Désert 8 km.

Notre dernière étape a été volontairement courte pour profiter à notre arrivée du village de Saint-Guilhem-le-Désert. Mais il est possible d’équilibrer les deux dernières étapes pour qu’elles soient plus homogènes.

Avant de partir, pré-définissez vos étapes en fonction de vos envies.
Si vous êtes en autonomie, vous pourrez bien sûr les adapter au fur et en mesure.
Si vous logez en gîtes/hôtels/chambres d’hôtes, faites preuve d’un peu de souplesse au moment des réservations. Vous serez peut être obligés d’ajuster de quelques kilomètres certaines haltes. Rien de grave, le nombre de logements est suffisamment important tout au long de l’itinéraire pour que vous trouviez votre bonheur.

QUELLES SONT LES VARIANTES SUR LE SAINT-GUILHEM ?

Nous avons donc choisi de suivre l’itinéraire principal du sentier. En mode classique. Mais il existe deux variantes , dont une qui permet notamment d’explorer une autre facette de la région, les Gorges du Tarn.

Variante Aubrac
De la Croix de Rode (entre Saint-Chély-d’Aubrac et Les Rajas) à La Canourgue, via Trélans, au lien de passer par Les Rajas. Distance : 33,3 km (contre 31 km par l’itinéraire principal).

Variante Gorges du Tarn
De La Canourgue à Meyrueis via les Gorges du Tarn, au bord de l’eau, au lieu du Causse Méjean. Passage par Saint-Georges-de Lévéjac et Le Rozier-Peyreleau. Distance : 65,7 km (contre 57 km par l’itinéraire principal).

Mais aussi…
Sur l’Aubrac : variante par la Croix de la Vaysse. Ce tracé (GR670) entre le village Aubrac et la voie romaine (Agrippa) évite le détour par Saint-Chély-d’Aubrac et pique directement vers le sud, pour retrouver l’itinéraire principal après la Croix de la Vaysse. Un sérieux raccourci d’une journée de marche. Ça se réfléchit.

 

COMMENT ALLER AU DÉPART ET À L’ARRIVÉE ?

Se rendre à Aumont-Aubrac.

Partir de Saint-Guilhem-le-Désert.

La navette de la Malle Postale. C’est la solution la plus simple si vous êtes véhiculée et que vous avez laissé votre voiture au départ ou à l’arrivée du Chemin. L’entreprise la Malle Postale assure d’ailleurs un service de navettes pas seulement entre Aumont et Saint-Guilhem mais sur toutes les étapes du sentier. La réservation est obligatoire.

Coût du trajet Saint-Guilhem-Aumont-Aubrac pour 1 personne et un bagage : 62 euros. Pour ceux qui ne voudraient pas porter de gros à sacs à dos, la Malle Postale assure un service de bagagerie d’étape en étape. Pratique.

 

OÙ DORMIR SUR LE CHEMIN DE SAINT-GUILHEM ?

On vous l’a dit, les logements ne manquent pas tout au long du chemin. Gîtes, chambres d’hôtes, hôtels, campings… tout est possible. Quel que soit votre budget ou le confort souhaité, vous trouverez votre bonheur. C’est aussi votre degré d’exigence pour la nuit qui va peut-être finir de déterminer vos étapes de randonnée.

Pour connaître tous les établissements présents sur le sentier, cliquez par ici.

À titre d’information, voici la liste des hébergements que nous, nous avons testés lors de cette rando.

1 – Aumont Aubrac : Les Sentiers fleuris, chez Karine et Olivier.
Tarifs : chambre partagée ou individuelle (en demi-pension), 20 € (43€) ; 55€ (78€). Gîte et chambres d’hôtes. Ambiance randonneurs.
Notre avis : Accueil chaleureux, chambre fonctionnelle, parfaitement situé au cœur du village. 

2 – Pont de Marchastel : La Borie de l’Aubrac
Tarifs : chambre + petit déjeuner pour deux : 100 à 140 €. Repas du soir : 35 € par personne.
Notre avis :  Coup de cœur pour cette chambre d’hôte, qui mérite à elle seule une virée sur l’Aubrac ! Un accueil et un intérieur 4 étoiles dans une vieille bâtisse parfaitement restaurée. Avec en prime, deux hôtes aux petits soins. Le top !

3 – Saint-Chély-d’Aubrac : Gîte Saint-André
Tarifs par personne : 18,60 €  la nuit ; 6 € le petit déj’ ; 39,60€ la demi-pension.
Notre avis : le gîte de randonneurs par excellence. Fonctionnel et convivial. Avec un accueil des plus chaleureux. Et un dîner réconfortant.

4 – Les Rajas : Refuge du Rajas,
Tarifs : entre 35 et 40 € la demi-pension.
Notre avis : Les Rajas s’apparentent à un refuge de montagne. On ne vient pas pour s’y reposer (confort simple et promiscuité inévitable) mais bien pour l’ambiance et surtout la vue à couper le souffle. Sans doute le logement le plus photogénique du chemin. Denise, la propriétaire est un personnage haut en couleur.

5 – Le Ségala (Banassac) : Château de Salelles / Terre d’instants
Tarifs (côté randonneur) : 18 € la nuit/personne ; 16 € le repas, 8 € le petit déj’.
Notre avis : Très beau cadre, chambre simple, accueil distant. Menus végétariens uniquement.

6 – Champerboux : Gîte Les Dolmens
Tarifs : 18 € la nuit/personne ; 13 € dîner + petit dej’ (6 € seul) en autonomie.
Notre avis : gîte spacieux et bien équipé. Le panier repas vous attend dans le frigo, il permet de se préparer un repas chaud et copieux.

7 – Hures-la-Parade : Le Buffre (lieu-dit)
Tarifs : Chambre + petit déjeuner 54 € ; repas du soir 16 € par personne.
Notre avis : chambre joliment surannée, spacieuse et douillette. Les repas sont pris en compagnie de la propriétaire des lieux dans sa cuisine. Plus authentique, ça n’existe pas.

8 – Meyrueis : Chambre d’hôtes Serge Gaillac
Tarifs : 45 € la chambre.
Notre avis : chambre sommaire au dernier étage d’un immeuble très bien situé. Equipée d’un frigo, micro-onde et bouilloire. Pour les repas : pléiade de restos et d’épiceries tout près.

9 – L’Espérou : La Crouzetière
Tarifs : 60 € grand lit pour 2 personnes + petit dej’ ; 17 € le repas.
Notre avis : chambre spacieuse, agréable et très bien entretenue. Propreté irréprochable. Dîner comme à la maison.

10 – Avèze : Auberge Cocagne
Tarifs : 120 € la demi pension pour deux.

11 – Navacelles : Mas Guilhou
Tarifs : 25 € la nuit en dortoir + petit déj’ ; 45 € la demi-pension.
Notre avis : gîte d’étape convivial et très bien situé. Une nuit dans le hameau vidé de ses touristes, c’est une super expérience.

12 – Les Lavagnes : Mas Aubert
Tarifs : 17 € en dortoir, 6 € le petit déj’.
Notre avis : mas en pleine garrigue. Beau cadre et accueil sympathique.

13 – Saint-Guilhem-le Désert : Gîte de la Tour
Tarifs : 22 € en dortoir ; 50 à 55 € la chambre. 8 € le petit déj’.
Notre avis : Très beau gîte au cœur du village. Petit déjeuner copieux. 

En autonomie ?
Il est bien sûr possible de se lancer sur le chemin de Saint-Guilhem en autonomie (nos copines Les Géonautrices l’ont fait, quelques jours après nous). Cette fois, on n’a pas choisi cette option, à l’inverse de notre expérience pour randonner dans le Cirque de Gavarnie sans les touristes, par exemple.

Attention cependant, sur certains secteurs, notamment sur les Causses ou dans le Gard, les propriétés privées clôturées bordent les routes. Il y est parfois difficile de trouver un emplacement confortable pour la nuit.

 

OÙ MANGER ET SE RAVITAILLER SUR LE CHEMIN DE SAINT-GUILHEM ?

Comme pour se loger, il est très facile de se ravitailler sur le Chemin de Saint-Guilhem. Supermarchés, boulangeries et restaurants ne manquent pas.

Liste des épiceries/supermarchés/supérettes : Aumont-Aubrac, Nasbinals, Saint-Chély-d’Aubrac, Saint-Germain-du-Teil, La Mothe-de-Banassac, La Canourgue, Sainte-Enimie, Meyrueis, Camprieu, Col de la Serreyrède, L’Espérou, Aulas, Le Vigan, Montardier, Blandas, Saint-Guilhem-de-Désert. Il y a de quoi faire !

Seules quelques étapes méritent réellement d’anticiper le ravitaillement (mais ça se fait, hein). Nos conseils :
Saint-Chély-d’Aubrac – Les Rajas : vous ne trouverez rien entre Saint-Chély et Les Rajas. Pensez à faire le plein avant de quitter Saint-Chély. Le prochain ravitaillement possible est à Saint-Germain-du-Teil le lendemain.
Banassac – Champerboux : une fois dépassée La Canourgue, vous ne trouverez plus de possibilité de ravitaillement ou de repas sur le chemin jusqu’au lendemain, à Sainte-Enimie.
Sainte-Enimie – Le Buffre et Le Buffre – Meyrueis : vous ne trouverez rien pour vous approvisionner sur le Causse Méjean. Ne quittez pas Sainte-Enimie sans l’anticiper.
Navacelles – Mas Aubert et Mas Aubert- Saint-Guilhem : pas d’épicerie sur les deux dernières étapes.

Très souvent, les gîtes et auberges sur le Chemin proposent des paniers repas à emporter. A réserver la veille, renseignez-vous. Comptez environ 10 €/panier. C’est la solution de facilité et les pique-niques préparés par les hôtes réservent parfois de jolies surprises.

Et l’eau dans tout ça ?

Globalement, le ravitaillement en eau est facile sur toute la randonnée. A deux reprises seulement nous avons dû nous « rationner » un peu pour être sûrs de tenir jusqu’à la fin de la journée (mais on était en plein été, avec des journées particulièrement chaudes et sur des secteurs peu ombragés. Par expérience, attention donc entre :
▪ Sainte-Enimie et Le Buffre, sur le causse Méjean.
▪ Navacelles et Mas Aubert (longue étape).

 

QUEL ÉQUIPEMENT POUR RANDONNER ?

Nous sommes partis en ayant réservé en gîte ou chambre d’hôtes pour toute la durée de la rando. Ni tente, ni matériel de camping donc pour nous (aaah, ça fait plaisir). Mais pour 12 jours de randonnée, il faut quand même prévoir deux-trois trucs. Notre check-list :

NOTRE RÉCIT JOUR APRÈS JOUR  –

Aumont-Aubrac, le départ du Chemin de Saint-Guilhem

Pour se lancer tôt, et dans les meilleures conditions, à l’assaut du Chemin de Saint-Guilhem, on arrive dès la veille au soir du départ à Aumont-Aubrac. La nuit est agréable à l’auberge Les Sentiers fleuris, chez Karine et Olivier, une halte fréquentée par les randonneurs du Chemin de Saint-Jacques. Surtout, c’est l’occasion d’une première expérience prometteuse avec la gastronomie de l’Aubrac : un joli combo truffade (pomme de terre, fromage), coupétade. Boum ! Cette fois, on est prêts ! 

 

JOUR 1 : Aumont-Aubrac – (proche) Nasbinals

23 km ▪ 6 h

Réveil 6h30. Petit-déjeuner. C’est parti pour 12 jours de randonnée ! Mais d’abord, forcément, un petit selfie devant le panneau qui matérialise le point de départ du Chemin de Saint-Guilhem : ne le ratez pas, il se trouve sur la place du Portail, au cœur d’Aumont-Aubrac (1040 m).

On traverse tout le village, les gîtes et les auberges se vident de leurs randonneurs. Eh oui, nous sommes aussi sur le Chemin de Compostelle et donc… il y a du monde.  Le Compostelle, on le suivra d’ailleurs pendant deux jours entiers, jusqu’à Saint-Chély-d’Aubrac. Inconvénient : le monde donc, on double ou se fait doubler par beaucoup de marcheurs. Avantage : le balisage, immanquable, de ce fameux GR 65.

On passe par le hameau de La Chaze-de-Peyre après une petite portion de route, pour arriver au lieu dit Les Quatre Chemins. A partir de là, déjà, on y est, plongés dans ces paysages grandioses que l’on s’attend à trouver sur l’Aubrac. Plateau, à une altitude moyenne de 1200 m, qui s’étend sur trois départements, la Lozère, l’Aveyron et le Cantal.

Après le  petit hameau de Finieyrols (notre pause pique-nique) et la montée jusqu’au Roc des Loups (1273 m, de là-haut, la vue est superbe), ça devient magnifique. Déjà. Premiers enchantements du Chemin de Saint-Guilhem. Pas les derniers…

💛 LE MEILLEUR MOMENT DE L’ÉTAPE : ce passage, justement, à partir du Roc des Loups, au milieu des murets en pierres sèches, des fleurs de gentiane, avec la vue dégagée sur le plateau parsemé de gros rochers. L’Aubrac baby !

La descente se poursuit jusqu’à Rieutort-d’Aubrac (et ses deux jolies fontaines-abreuvoirs de granit) où on retrouve le goudron. De là, débute une assez longue portion sur le bitume pour rallier Nasbinals, l’arrivée classique de la première étape de cette rando. Nous, on quitte le tracé du GR pour quelques centaines de mètres juste après le très mignon petit pont de Marchastel, direction le gîte la Borie de l’Aubrac.

Un gîte dans une ancienne étable reconvertie il y a 11 ans avec goût, avec beaucoup de goût, pour en faire un oasis de volupté au milieu des paysages austères et superbes de l’Aubrac.
Laurent et Pat, la Catalane, ont bourlingué partout dans le monde (Polynésie, USA notamment) avant de venir s’installer sur le plateau, d’où monsieur est originaire.
De leurs carrières en Relais & Châteaux, ils ont conservé le niveau d’exigence et y ont rajouté une franche dose de proximité, de chaleur et de convivialité. Dans leur gîte, on se sent comme à la maison (une maison splendide). Un vrai coup de coeur !

PETIT DÉTOUR : LA CASCADE DU DÉROC
Si vous n’êtes pas totalement épuisés par cette première journée de marche (les premiers jours sont toujours les plus durs), c’est un petit effort qui vaut vraiment le détour. La cascade du Déroc, haute d’une trentaine de mètres de haut, en eau toute l’année, est l’un des plus beaux spots de l’Aubrac. Elle est située à 3 km de Nasbinals (1,5 km de la Borie de l’Aubrac, dans notre cas). Facile à trouver, tous les locaux connaissent, bien sûr, et c’est bien indiqué.

 

JOUR 2 : (proche) Nasbinals – Saint-Chély-d’Aubrac

21 km ▪ 5h30

Qui dit petit-déjeuner royal dit… départ plus tardif. Après avoir profité du terrible buffet de la Borie de l’Aubrac, on retrouve notre Chemin de Saint-Guilhem à seulement 9h30. On remonte d’abord vers Nasbinals (1180m) à 3,5 km où, première pause, on profite du village.  La « capitale » de l’Aubrac lozérien n’est pas sans charme, grâce surtout à son église romane du XIVe siècle.

Le GR traverse Nasbinals pour remonter par une piste qui mène vers la station de ski.

💛 LE MEILLEUR MOMENT DE L’ÉTAPE : grâce à la gentillesse des paysans locaux, cette section du GR traverse des zones de pâturage (bien fermer les portails derrière soi, ne pas approcher les animaux, faire attention aux chiens de garde : des panneaux rappellent les consignes ; cette section est d’ailleurs interdite aux chiens). L’occasion de randonner au plus près des vaches Aubrac, les stars du plateau. Avec leurs cornes en forme de lyre, leurs yeux joliment maquillés, elles sont l’emblème, et la richesse, du pays. Meeeeeuuh !

Le parcours de cette deuxième journée est un peu plus vallonné que la veille, mais rien de bien méchant. Au milieu des pâtures, on profite de l’ombre d’un petit bois pour pique-niquer. Encore une heure jusqu’au charmant petit village d’Aubrac (1307 m), où on franchit la frontière entre Lozère et Aveyron. Un village qui cultive sa tradition d’accueil des pèlerins depuis 1120 ! On y trouve encore les vestiges de la domerie.

 

De là, il reste 1h30 de descente, souvent roulante, parfois un peu cassante dans les pierres, sous les arbres, jusqu’à Saint-Chély d’Aubrac (800 m). Pour nous, halte au gîte Saint-André, chez la Bretonne Sylvie et Roland, qui gère le lieu avec chaleur et sens de l’accueil depuis 13 ans. Au menu ce soir, chouette, le fameux gratin Saint-André, au confit de canard (et Roland est généreux sur le confit). Une tuerie.

✖ JOUR 3 : Saint-Chély-d’Aubrac – Les Rajas

18 km ▪ 5h

Lever 6h30, on arrête de plaisanter. On enchaîne avec le petit-déj’ et à 8h on traverse déjà l’emblématique Pont des Pèlerins à la sortie du village. C’est ici que les deux Chemins emblématiques, Saint-Jacques et Saint-Guilhem, se séparent. L’édifice, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, a d’ailleurs été construit à la fin du XIVe pour les marcheurs en route pour Compostelle ou Saint-Guilhem. Et on a du mal à imaginer le nombre de pèlerins que ce joli petit pont de pierre a vu défiler en plus de 600 ans… On glisse nos pas dans les leurs. Émouvant, quand même.

Pas plus tôt sur l’autre rive que l’on attaque la montée. Pendant 3 km, on suit un petit mono-trace en sous-bois jusqu’au petit hameau des Enfrux (1120 m). Devant, derrière, plus personne ! L’essentiel des marcheurs a continué sur Compostelle. On est seul (avec les vaches) et c’est plus qu’agréable.

Ça continue à monter sur une piste, à droite, la vue se dégage sur la Vallée du Lot et ses villages, là où se poursuit le Compostelle. On atteint le plat et l’agréable forêt domaniale d’Aubrac. Après une heure de marche sur un sentier dans la forêt, on emprunte une route, la D219 et entre à nouveau dans un petit bois. On choisit de pique-niquer à l’entrée d’une zone de pâturage.

💛 LE MEILLEUR MOMENT DE L’ÉTAPE : À partir de là, accrochez-vous, c’est du grand spectacle. En 16/9e. Des burons isolés, un petit lac entouré d’épilobes roses (toute l’année !) devant la tourbière de Montorzier. On en prend plein les yeux et on s’attarde un long moment dans ce sublime décor.

Et quand doit emprunter une portion de bitume, le pire ennemi du randonneur, sur plusieurs kilomètres, et en montée, en plein soleil en plus. Mais même ça, ici, ce n’est pas grave tellement c’est beau .

On arrive à la croix de la Rode (1375 m). Érigée au XIVe siècle, au croisement des drailles, elle est aussi l’un des symboles du plateau. Basalte et granit, les pierres d’ici, ont été utilisés pour la bâtir… et la restaurer. Parce que ces dernières années, elle a été détériorée à plusieurs reprises. Depuis l’an dernier, elle se dresse à nouveau au cœur du plateau.

On quitte à nouveau le bitume, et on franchit la barrière pour pénétrer dans le pâturage qui s’élève derrière la croix. Avec au bout de la montée : l’Aubrac à perte de vue, l’Aubrac jusqu’à plus soif, paysage incroyable et démesuré. Sublime. On entame la redescente jusqu’au refuge des Rajas (1330 m), bijou isolé dans un écrin formidable. On enchaîne les pépites. Quel spectacle !

LE DÉTOUR : Du refuge des Rajas, au pied du Signal de Mailhebiau, le point culminant de l’Aubrac, à 1469 m d’altitude. Faites l’aller-retour si vous avez le temps (et les jambes), il paraît que ça vaut le coup (et on n’en doute pas une seconde, mais là, on ne peut pas vous raconter !)

 
LE REFUGE DES RAJAS
Si vous faites le Chemin de Saint-Guilhem, s’il vous plait, prévoyez de vous arrêter aux Rajas (qui propose aussi des emplacements tentes), cette attachante petite maison dans son chaos granitique sur lequel règne Denise, la maîtresse des lieux. Un personnage.
Sa famille d’agriculteurs a racheté les terres en 1970. Cette ancienne bâtisse dans laquelle se réunissaient les buronniers pour boire des coups et taper le carton (non, ce n’était pas un buron) était alors en ruine. Retapée, puis rénovée et agrandie en 2011, elle accueille des randonneurs autour d’une table commune. Une seule consigne : celui qui part le dernier le matin ferme à clé, et laisse la clé dans la « planquette ». Ici, on ne vient pas pour le confort mais pour la simplicité des lieux et le luxe de pouvoir contempler un magnifique coucher de soleil devant la porte.

JOUR 4 : Les Rajas – Le Ségala (Banassac)

23 km ▪ 6h30

Réveil 6 heures ! On profite de l’autonomie du petit déjeuner au refuge qui nous permet de partir tôt, c’est essentiel pour éviter la chaleur. Départ à 6h45, du coup.

💛 LE MEILLEUR MOMENT DE L’ÉTAPE : Après le super coucher la veille au soir, on assiste au lever du soleil dans ce décor splendide ! Comment s’en lasser ?

On emprunte la piste qui monte jusqu’au Relais des Lacs à Bonnecombe (qui sert, beaucoup de locaux s’accordent sur le sujet, l’un des meilleurs aligots de tout l’Aubrac). La brume se dissipe sous les premiers rayons du soleil, on profite une dernière fois des pâturages de l’Aubrac. Aujourd’hui, on redescend dans la vallée.

On quitte le bitume au Relais des lacs (1343 m) pour une large piste, qui sert au ski de fond l’hiver. A partir de là, on chemine une bonne paire d’heures sur le domaine skiable, sous les arbres.

Au col de Trébatut (1075 m), on attaque maintenant la longue descente qui mène jusqu’à Saint-Germain-du-Teil (760 m). Et on s’offre un petit rafraîchissement : petit « Pac citron » bien frais au café de la place ; prix imbattable : 1 euro ! Revigoré, on repart de plus belle sous la chaleur. Et on est rapidement surpris par un bon gros raidillon à la sortie du village, après une portion de route, sur une large piste pas très agréable. En plein midi, en pleine chaleur, ça calme !

Stop, c’est l’heure de reprendre des forces : on pique-nique en haut à la Croix du Bois du Juge, sur un banc à l’ombre. Il ne reste plus qu’une heure pour redescendre jusqu’au Ségala (800 m), aux portes de La Canourgue.

 

On arrive au château de Salleles à 14 h. Le cadre magnifique, petite cour mignonne comme tout, là qu’on dînera, une table 100% végétarienne, avec des légumes tirés du potager maison. C’est fin et c’est cuisiné. Une partie du château a été transformée en gîte pour les randonneurs.

JOUR 5 : Le Ségala (Banassac) – Champerboux

25 km ▪ 7h

Petit-déjeuner en autonomie, une nouvelle fois. Ça nous permet de décoller tôt. Mais si les départs matinaux se suivent, ils ne ressemblent pas. Après le cadre merveilleux des Rajas la veille, ambiance différente ce matin. Du Ségala, on rejoint Banassac, sous l’autoroute A75, puis sur le goudron, sur une interminable avenue fréquentée par les bagnoles, même tôt le matin, jusqu’à La Canourgue (557 m). Moins charmant.

Ravitaillement en viennoiseries à la boulangerie, pour attaquer la montée vers le Causse de Sauveterre. Ça monte bien, mais il fait encore frais, du coup ça passe.

💛 LE MEILLEUR MOMENT DE L’ÉTAPE : En arrivant sur le Causse, on chemine durant plusieurs centaines de mètres dans une épaisse buissière : un véritable tunnel végétal. Impressionnant. Et on en sort pour découvrir le paysage et l’ambiance caussenards. Tadam !

Le Chemin de Saint-Guilhem croise une route et emprunte une large piste, avant, plus loin, de traverser le hameau de Gazy (863 m) et ses maisons de pierre. Charmant et typique.

Une portion de route mène ensuite jusqu’au dolmen de la Rouvière (on pique-nique quelques mètres plus loin), le premier d’une série de trois dolmens en bord de chemin. Le Causse de Sauveterre abonde de grottes habitées voilà des millénaires… et de vestiges préhistoriques. Plus de 400 dolmens et 350 menhirs, bâtis entre 3500 et 2000 avant J.-C. (c’était pas hier) sont recensés sur l’ensemble de la Lozère. Il y en a plus en région Occitanie qu’en Bretagne !

 

Les derniers hectomètres de l’étape, entre deux murs en pierres sèches de part et d’autre du sentier, offre une vue paysagère sur le Causse de Sauveterre. On arrive au gîte les Dolmens (forcément) à Champerboux (940 m) où dîner et petit-déjeuner se prennent en autonomie. Repos.

JOUR 6 : Champerboux – Le Buffre

22 km ▪ 7h

Départ : 6h45. La mise en jambe est agréable, avec la traversée du joli village de Champerboux. Quelques centaines de mètres plus loin, tiens donc, un nouveau menhir, dit du Bac, se dresse dans les bois avant d’attaquer la descente sur Sainte-Enimie.

Pour bien connaître les Gorges du Tarn, on avait hâte d’y arriver, on savait que ce serait un moment fort de ce Chemin de Saint-Guilhem. Ce canyon à la française, qui ne se parcourt pas qu’en canoë, est magnifique. Mais on craignait un peu une descente raide et cassante pour y descendre. Alors ? Elle est douce et roulante. Et soudain, surgit de l’ombre, le village de Sainte-Enimie (476 m).

💛 LE MEILLEUR MOMENT DE L’ÉTAPE : Niché au cœur des Gorges du Tarn en Lozère, Sainte-Énimie est classé parmi les « Plus beaux villages de France ». C’est mérité : le centre de la commune, ses ruelles pavées de galets du Tarn, est tout mignon, dans un cadre naturel exceptionnel. Depuis Champerboux, on l’atteint après deux petites heures de randonnée.

Ici, la source de la Burle, selon la légende, aurait guérit la princesse Enimie (la sœur d’un certain roi Dagobert) de la lèpre. Nous, on y a remplit nos gourdes… On randonne depuis avec un teint de fleur !

Sainte-Enimie, bien sûr, c’est un village très touristique et l’été, il y a beaucoup de monde dans les Gorges… Mais en arrivant tôt le matin, on a pu s’y balader tranquillement (et recharger en charcuterie et fromages) et même se rafraîchir dans le Tarn, seuls ou presque.

Sous le pont qui enjambe la rivière, juste à droite, il y a une petite plage de sable. En face, des rochers, pour plonger : le spot de rêve ! Surtout qu’à 9 h du matin, il n’y a personne (plus tard dans la journée, ce n’est pas la même histoire). On en profite. La pause baignade dure deux bonnes heures.

Bon, c’était chouette, mais c’était peut-être pas le plus sage avant d’attaquer la montée sur le Causse Méjean. Surtout que maintenant, la chaleur se fait bien ressentir. Depuis Sainte-Enimie, cette ascension se révèle très belle, avec ses épingles, sous les arbres. Il y a du dénivelé, oui, mais ça n’est pas abrupt non plus, moins que ce à quoi on s’attendait. Surtout, c’est vraiment joli : le chemin offre des vues plongeantes sur les Gorges du Tarn. En face, c’est le Causse de Sauveterre, là d’où l’on vient. Pour nous, la grimpette est avalée en 1h15.

On pique-nique en haut… juste à temps, sous la dernière ombre avant bien longtemps. Quand on déboule sur le Méjean, c’est fini : sauvage et désertique, le paysage n’offre pas vraiment d’abri. On remplit nos gourdasses dans une ferme, celle du Chamblon, et on continue sur le Causse Méjean. Cette traversée est vraiment, mais alors vraiment, splendide. Ce sera, avec le Cirque de Navacelles plus tard, notre grand coup de cœur de ce Chemin de Saint-Guilhem (on va y revenir).

Tellement distrait par la beauté des paysages, on se trompe d’ailleurs de chemin en allant jusqu’à Mas-Saint-Chély, et on poursuit dans notre erreur… plus d’une demi-heure, en descente ! Grrrr. Rageant. Au final, cette étape de 21 km avec la descente et la remontée des Gorges du Tarn passe à plus de 25. Il fait chaud. On arrive crevés dans le hameau du Buffre (938 m). Au gîte, on dîne dans la cuisine de la maison, à la bonne franquette : l’accueil est chaleureux et sans chichi. Réconfortant !

 

JOUR 7 : Le Buffre -Meyrueis

14 km ▪ 4h

Aujourd’hui l’étape est relativement « courte » mais nous optons pour un départ matinal afin d’arriver à Meyrueis pour le repas de midi. A 7h30, on décolle donc du Buffre.

Si vous aimez le grand spectacle, le cinémascope, cette étape est faite pour vous… On quitte Le Buffre et sa croix qui, érigée au XIIe siècle serait la plus vieille de tout le département de la Lozère (et il y en a quelques-unes). Et on attaque une montée sur une piste. Très vite, on débouche sur les paysages immenses et infinis du Causse Méjean. A perte de vue ! Ce n’est pas un mythe, le lieu nous plonge dans nos souvenirs de steppes mongoles : des champs secs, couleur or, battus par un vent caractériel ! On s’y croirait.

💛 LE MEILLEUR MOMENT DE L’ÉTAPE : Le Causse Méjean est l’un des plus beaux passages de tout le Chemin de Saint-Guilhem.  Le plus haut des plateaux caussenards est peut-être aussi le plus spectaculaire. Compris en totalité dans le périmètre du site des Causses et des Cévennes inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, le Méjean, entre Le Buffre et Drigas, a des airs de steppes mongoles (on peut en parler en connaissance de cause). Le marcheur finit par ne plus savoir s’il avance ou non, avalé par ces paysages immenses et infinis. Fantastique !

A Hures-la-Parade, on prolonge l’ambiance mongole en faisant un détour pour tenter d’observer les fameux chevaux de Przewalski. Impossible de manquer ça !

LES CHEVAUX DE PRZEWALSKI : ÇA VAUT LE DÉTOUR
Ça vaut le coup de quitter un peu le Chemin de Saint-Guilhem : sur le Causse Méjean, un petit détour, 3 km aller-retour sur du plat, permet de (tenter de) voir les mythiques chevaux de Przewalski.
Quelques représentants de cette race, qui serait la dernière race de cheval sauvage de la planète, ont trouvé en effet refuge sur le Méjean dans les années 90. L’assocation Takh y reconstitue une population naturelle avec le but de réintroduire des individus dans leurs steppes mongoles. On a eu de la chance : pile à notre arrivée, un petit groupe de chevaux est venu boire près des barrières, quelques minutes seulement, avant de repartir. Il n’y avait que nous. Oui, on les a vus.


A la Croix de la Croisette, on attaque la descente vers Meyrueis (717 m). La météo n’est pas exceptionnelle aujourd’hui, et malgré la vue sur les escarpées Gorges de la Jonte, on ne voit pas un seul vautour… pourtant très présents sur ce secteur. Dommage. On aperçoit en revanche le village au loin.

La journée de marche est vite passée, sans véritable difficulté. On arrive à 13h sur la place principale. Et pour fêter cette demi-journée de repos qui s’annonce, on s’offre une pizza-bière, dans l’un des nombreux restos du village. Après déjà une semaine de marche, ça fait du bien…

Meyrueis (717 m), située à l’entrée des Gorges de la Jonte, entre les Causses au nord et les Cévennes, au sud est un village touristique mais pas sans charme, au confluent de plusieurs rivières : la Jonte, le Béthuzon et la Brèze (en occitan, Meyrueis signifierait ainsi « mélange de cours d’eau »).

On profite d’ailleurs de notre après-midi de libre pour tremper les pieds dans l’onde fraîche, et ça fait du bien ! Pour achever parfaitement cette journée de remise en forme, on s’offre un petit aligot. OK, on n’est plus sur l’Aubrac, mais ça fait plaisir pour conclure cette journée à haute valeur calorique.

 

JOUR 8 : Meyrueis – L’Espérou

21 km ▪ 6h30

On attend l’ouverture des boulangeries de Meyrueis (7h) pour s’offrir un bon petit déj’, puis c’est le départ. Aujourd’hui, nouvelle étape majeure sur le Chemin de Saint-Guilhem : le secteur du Mont Aigoual. On délaisse les paysages des Causses pour les belles forêts cévenoles.

On traverse le village en remontant le Béthuzon. Une montée régulière et douce qui va durer 1h15 jusqu’à traverser la route à Boût-de-Côte (1011 m). Autour de nous, d’immenses sapins, l’odeur des sous-bois sous la rosée du matin. Un tout nouvel univers s’offre à nous. C’est bien cette variété des paysages qui font la richesse de ce chemin.

Petite récompense à Boût-de-Côte : une borne symbolise la « frontière » entre les départements de la Lozère, que l’on quitte, et du Gard (home sweet home).
On poursuit : encore une quarantaine de minutes de montée à travers le bois des Commandeurs jusqu’au col de la Pierre Plantée (autre borne Lozère-Gard, le vieux modèle).

Dans la descente, on passe à quelques hectomètres à peine de l’Abîme de Bramabiau. On a découvert cette grotte et sa rivière souterraine il y a peu de temps, et le site mérite amplement une halte dans votre journée de marche si vous le pouvez (tarif : 10 euros par personne).

On traverse le village de Camprieu (1099 m), dans lequel on ne s’attarde pas. Notre objectif pour la pause déjeuner, n’est qu’à un petit kilomètre de là…

💛 LE MEILLEUR MOMENT DE L’ÉTAPE : Le Lac du Bonheur ! Oui, oui c’est comme ça qu’il s’appelle ! Ce paisible plan d’eau, à la sortie de Camprieu est un spot idéal pour le pique-nique. Equipé de tables, de petits coins ombragés, il invite les marcheurs à la pause. Et à la baignade quand il fait beau. Un vent glacial souffle ce midi, donc pour nous, ce ne sera qu’une trempette des pied !

On redémarre en longeant cette fois la petite rivière du Bonheur, celle là même qui traverse aussi l’Abîme de Bramabiau. On monte régulièrement avant de rencontrer deux bons raidillons à l’approche du col de la Serreyrède (1299 m),  ligne de partage des eaux entre Mer Méditerrannée et Océan Atlantique. On profite du panorama sur la Vallée du Bonheur, d’un côté et sur l’Observatoire du Mont Aigoual de l’autre ! On le connaît bien… On y grimpe régulièrement pour son point de vue (lire notre article sur le Sentier des 4000 marches). Si vous n’êtes jamais monté au sommet de l’Aigoual, il vous faut absolument faire le détour !

LE DÉTOUR : Jusqu’à l’Observatoire météorologique du Mont Aigoual. Deux possibilités : le plus direct vous oblige à quitter le chemin de Saint Guilhem avant d’arriver à Camprieu (tournez à gauche, c’est indiqué). Ou depuis le Col de la Serreyrède, comptez une bonne heure de marche pour l’ascension.

 

Depuis le Col de la Serreyrède, l’Espérou (1222 m) n’est plus qu’à une demi-heure de descente. Ce soir, on s’installe chez Monique Pagès, qui gère une chambre d’hôte dans le village. Et avant de s’attabler pour déguster une blanquette de chevreau maison, on s’offre une bonne bière locale au petit bar Le Dahu. Cool.

JOUR 9 : L’Espérou – Avèze

21 km ▪ 6h30

Petit-déjeuner à 7 heures, pain chaud pour le pique-nique acheté à l’épicerie du village, c’est parti. Surprise ! Il fait frais. Bien frais. La veille (petit rappel : on est début août), le mercure est descendu sous les 10°C un peu plus haut, à la station de ski de Prat-Peyrot. On accélère le pas pour se réchauffer.

On quitte le village de l’Espérou, et le bitume, au bout de quelques centaines de mètres pour s’engager dans la forêt. Attention, s’il y a toujours des panneaux, sur l’Aigoual, le tracé est un peu moins bien balisé que ce qu’on a pu connaître jusque-là.

Dans les premières minutes, le chemin forestier ne descend pas encore, mais aujourd’hui, on va perdre beaucoup de dénivelé : de l’Espérou, 1222m d’altitude, au Vigan, moins de 300m, quasiment que de la descente ! Un passage éprouvant pour certains randonneurs qui arrivent véritablement épuisés au Vigan d’après les témoignages. Mais bon, ce n’est pas non plus une descente de montagne ! Rien à voir avec les passages escarpés qu’on a pu rencontrer l’été précédent sur le Tour des Dents Blanches, par exemple. Si vous avez un peu l’habitude de marcher, cette journée se passera bien.

💛 LE MEILLEUR MOMENT DE L’ÉTAPE : Après le col de la Sablière, quand la vue se dégage sur les paysages cévenols et les pentes de l’Aigoual et des Cévennes. L’Aigoual, c’est aussi un massif forestier à l’histoire singulière, entièrement reboisé par l’Homme au XIXe siècle.

À l’approche d’Aulas (330 m), la descente devient un peu plus cassante, avec des pierres qui roulent volontiers sous les pieds du randonneur. C’est au bord de l’eau, dans ce mignon petit village qu’on s’arrête pique-niquer. Avant de continuer à glisser gentiment vers Le Vigan, la plus grande commune de tout le Chemin de Saint-Guilhem (4000 habitants). S’il vous manque quelque chose, profitez-en, vous y trouverez tout ce qu’il vous faut.

Ne manquez pas le coup d’œil sur le Vieux Pont (fin du XIIe – XVIe siècle) qui enjambe l’Arre, la rivière que le Chemin de Saint-Guilhem suit désormais durant plusieurs hectomètres jusqu’à des chouettes cascades à l’approche d’Avèze : un super spot baignade, un de plus !

On saute à nouveau l’Arre pour rejoindre Avèze (247 m) et l’auberge Cocagne, où on passe cette 9e nuit. Au fils des jours, on marche de plus en plus facilement, les pieds ne nous font plus mal, le sac à dos est de moins en moins lourd. La vie est belle !

Jamais on n’avait marché aussi longtemps, même lors de notre randonnée sur le Chemin de Stevenson avec un âne, dans les Cévennes. Record battu !

JOUR 10 : Avèze – Navacelles

21 km ▪ 7 h

Départ 7h30. Attention : retrouver le sentier à la sortie d’Avèze n’est pas si évident, il faut être vigilant. En tout cas, dès la sortie du village, ça grimpe, et ça grimpe fort. Sous les arbres, heureusement. Ici, une heure de montée vous attend au total, dont trois-quart d’heure assez difficiles : nous, on ne s’y attendait pas forcément, à froid. Avec le recul, on se dit que c’est peut-être même la montée la plus dure de tout le Chemin de Saint-Guilhem, finalement. 

On retrouve le plat, puis un petit bout de route, avant d’arriver au village de Montdardier (615 m). On fait une petite pause à l’ombre de l’église : à partir de là, on aborde le Causse de Blandas et de l’ombre, on ne va plus en voir beaucoup… Cette traversée du Causse, jolie mais en plein cagnard, se termine par une portion de route raide et difficile, toujours sous le soleil. Avant de tourner sur un agréable monotrace vers le village de Blandas. Là, on retrouve (enfin) l’ombre et même des tables à pique-nique. Ouf.

💛 LE MEILLEUR MOMENT DE L’ÉTAPE : Et puis là, Bim ! Superbe. Spectaculaire. On l’avait déjà vu, on était déjà venu mais on reprend quand même une gifle ! Le Cirque de Navacelles, c’est juste magnifique. Alors, on prend vraiment du temps pour l’admirer, depuis les différents belvédères aménagés au-dessus du site. Il existe d’autres points de vue en face, côté département de l’Hérault, mais profitez-en : c’est d’ici, côté Gard, que la vue est la plus belle, et elle l’est vraiment (le site est à cheval sur les deux départements).

Cette vue sur le Cirque ? Un grand moment de notre Chemin de Saint-Guilhem. La cerise sur le gâteau. Le Cirque de Navacelles impressionne avec ses plus de 2 km de diamètre et ses airs de Grand Canyon. Classé Grand Site de France, cette épatante formation géologique se trouve aussi au cœur du territoire des Causses et des Cévennes inscrit sur la liste du patrimoine mondial.

Allez, il faut attaquer la descente, jusqu’au fond du Cirque. Les premières minutes sont spectaculaires, un peu vertigineuses même, à flanc de falaise. Pour ceux qui sont sujets au vertige, c’est le seul passage de tout le Chemin de Saint-Guilhem qui peut faire un peu flageoler les guiboles. Mais c’est court.

Certains redoutent parfois ce passage : oui, il faut avoir le pied un peu sûr mais en allant doucement, ça passera pour tout le monde ici. La première partie est un peu raide et technique, c’est vrai (mais rien de foufou, c’est pas non plus la cheminée du Pic du Canigou, qu’on a descendu récemment, par exemple) . Et après quelques centaines de mètres, ça devient rapidement moins raide, même s’il faut rester encore un peu attentif, avec des pierres qui roulent.

On arrive tout au fond du Cirque de Navacelles. Au pied de la cascade (prudence en y descendant, surtout si vous avez déjà enfilé les tongs, comme nous) : un magnifique spot baignade (encore ? oui !). Sinon, la rivière est très facile d’accès au plus près, juste en bas du hameau de Navacelles (310 m).

Ce soir, en effet, on dort la nuit au Mas Guilhou, au cœur même du petit hameau. Une vraie adresse de randonneurs. Au dîner, un bon gros plat de lasagnes maison, un plateau de fromages. Le petit-déjeuner, copieux, est en libre service.

JOUR 11 : Navacelles – Mas Aubert

25 km ▪ 8h30

Réveil 6 heures. Aujourd’hui, une grosse étape, et quelle étape ! Près de 26 km au menu : avant 7 h, on a donc déjà décollé de Navacelles.

Le Cirque de Navacelles est la partie la plus évasée des Gorges de la Vis, un canyon sauvage de près de 17 km de long dont les versants abritent des espèces tels que des aigles royaux. Et ce matin justement, on quitte le cirque pour les Gorges…

💛 LE MEILLEUR MOMENT DE L’ÉTAPE : Le début est superbe, on s’élève rapidement au-dessus du hameau puis on s’engage dans les Gorges de la Vis. On va les suivre pendant près de 8 km,  d’abord sur une petite piste à flanc de pente, un peu vertigineuse là-aussi par endroits (mais c’est vraiment très beau), puis sur une large piste qui longe un canal d’irrigation.

On attaque la montée vers le village de Saint-Maurice-Navacelles (570 m), une vingtaine de minutes d’ascension, et on débouche sur un plateau qui offre, là encore, une très belle vue. Ce début d’étape est magnifique. Cette portion du Chemin de Saint-Guilhem avant, pendant et après le Cirque de Navacelles est splendide !

A Saint-Maurice, le GR tourne face à l’entrée du château (où se trouve un point d’eau potable : mieux vaut y faire le plein, ensuite, c’est du genre sécos).
Après le village, ça monte encore, gentiment, sur un autre petit chemin en corniche qui finit par offrir une très jolie vue sur les Gorges de la Vis, le Causse de Blandas en face et même, au loin,  le massif et les pentes de l’Aigoual. Encore un sacré panorama !

On continue jusqu’au lieu-dit du Ranquet, puis celui du Ranquas. On s’engage dans une descente caillouteuse en forêt jusqu’à la ferme des Natges (460 m) où une bifurcation à gauche nous envoie dans une nouvelle brave côte. Après 20 minutes de transpiration sous un véritable soleil de plomb, on débouche à une croix (664 m) au sommet du Cirque de la Seranne. Et re-bim, nouveau panorama, cette fois sur les massifs héraultais, avec le Pic Saint-Loup en face. Ici, ambiance garrigue, pierres blanches, lapiaz. On serait bien resté à admirer la vue, mais il fait très chaud, et l’ombre se fait rare.

On quitte les bords de falaises. Et on poursuit notre expédition en garrigue, dans les chemins caillouteux, à la recherche de la moindre ombre pour faire une petite pause. On arrive une heure et demi plus tard au terme de notre étape, au Mas Aubert, bien crevés et assoiffés. Didier, le voisin, ancien restaurateur, assure la préparation du dîner pour le gîte. Il nous livre. Il a même pensé aux bières fraîches. Saint homme.

 

Grosse difficulté du jour donc : le manque d’eau. Les sites de ravitaillement sont rares sur le chemin et quand le soleil tape en plein été, que l’ombre est quasi-inexistante, une bonne gestion de l’eau est indispensable !

JOUR 12 : Mas Aubert – Saint-Guilhem-le-Désert

8 km ▪ 2h40

C’est le dernier jour. Ce matin, en se levant, on a du mal à réaliser que cela fait déjà 12 jours que nous marchons sur le Chemin de Saint-Guilhem. Comme souvent, les premiers jours d’une randonnée itinérante semblent très longs, puis tout s’accélère et hop ! Nous voilà à la fin de notre périple. Enfin, pas tout à fait. Il nous reste 8 petits kilomètres à parcourir dans la garrigue avant de passer la porte du village de Saint-Guilhem-le-Désert.

On attaque, le pas léger, cette dernière marche en traversant le village des Lavagnes (aucun point d’eau). Dans des sentiers caillouteux, comme la veille, on profite cette fois de la fraîcheur du matin. Le meilleur moment. On hume une dernière fois le doux parfum du romarin. Et puis on fait plus de pauses que d’habitude. Bref, on fait durer le plaisir.

Une courte montée et c’est la looooongue descente vers Saint-Guilhem-le-Désert. Pas une descente simple, beaucoup de pierres, elle est assez cassante. On dépasse l’ermitage Notre-Dame de Belle Grâce, et on commence à croiser de nombreux touristes (pas forcément bien chaussés, pas forcément équipés en eau), qui se sont donnés pour mission d’atteindre le lieu sacré.

Et soudain, Saint-Guilhem-le-Désert (105 m) ! On aperçoit en contrebas, encerclé de roche dans son val de Gellonne, le village. On y est ! Saint-Guilhem-le-Désert. L’arrivée. La fin de la marche.
On franchit la porte du Géant.

En revanche ici, l’endroit ne manque pas d’eau (les fontaines dans les rues abreuvent le pèlerin… et le randonneur). Car Saint-Guilhem est le point d’arrivée du Chemin éponyme et se trouve aussi sur le GR653, la voie d’Arles du Chemin de Compostelle. On fait un tour du village mais, il est déjà midi, et les touristes sont très (trop) nombreux. La transition avec le calme des paysages naturels dans lequel on évolue depuis 12 jours est un peu brutal.

 💛 LE MEILLEUR MOMENT DE L’ÉTAPE : L’abbaye de Gellone, la merveille de Saint-Guilhem-le-Désert. D’abord modeste prieuré, fondé en 804, ce lieu de culte et de pèlerinage était couru de l’Europe entière au Moyen-Âge pour abriter, outre les reliques de son saint fondateur (l’ami Guilhem, donc, petit-fils de Charles Martel) un morceau de la « Vraie Croix » du Christ offerte par Charlemagne. Aujourd’hui, les « pèlerins » portent des sacs à dos et des grolles de rando.

Ce soir on dort sur place, alors on préfère quitter l’animation du village pour une pause fraîcheur dans la rivière Hérault près du Pont du Diable (navette gratuite en été). Et profitez demain matin, à la fraîche du village. Quand les touristes dormiront encore, que seuls les habitants s’agiteront dans les ruelles. Le meilleur moment pour dire au revoir au sentier. En emportant des souvenirs plein la tête.

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Nous avons découvert le Chemin de Saint-Guilhem-le-Désert
en partenariat avec l’association Les Amis du Chemin de Saint-Guilhem

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