SUISSE-FRANCE – Le Tour des Dents Blanches, c’est un circuit de 3 à 5 jours dans les Alpes, de refuge en refuge. Étapes, itinéraire, infos pratiques et récit pour boucler la boucle.
Et pourquoi pas le Tour des Dents Blanches ? Vous cherchez une randonnée de plusieurs jours, 3, 4 ou 5 jours, avec des paysages grandioses et préservés ? Un trek loin des foules des circuits du Mont-Blanc ou du massif de la Vanoise ? Une boucle relativement physique avec la possibilité de profiter de l’ambiance des refuges de montagne ? Ne cherchez pas plus loin ! Lancez-vous sur le Tour des Dents Blanches dans les Alpes, entre Suisse et France.
On a tenté l’expérience cet été et on ne regrette pas d’avoir choisi cet itinéraire pour découvrir la marche l’été en haute montagne !
Récit et informations pratiques : Voici tout ce qu’il vous faut savoir avant de se lancer sur ce magnifique itinéraire (le site officiel)…
SOMMAIRE
- Quand partir ?
- Les départs possibles
- En combien de jours ?
- Dans quel sens ?
- En autonomie ou en refuge ?
- Un forfait pour réserver en refuge
- Quel équipement mettre dans son sac ?
- J-1 : Champéry – Barme
- Etape 1 : Barme – Susanfe
- Etape 2 : Susanfe – Vogealle
- Etape 3 : Vogealle – Folly
- Etape 4 : Folly – Golèse
- Etape 5 : Golèse – Barme
Le Tour des Dents Blanches, c’est quoi ?
À cheval sur la frontière franco-suisse, entre Sixt-Fer-à-Cheval (France) et Champéry (Suisse), le tour du massif calcaire des Dents Blanches est un itinéraire de randonnée balisé, de 44,4 km, pour lequel il faut compter généralement 18 à 22h de temps de marche (une randonnée de 3 à 5 jours).
44,4 km et +/- 4200 m de dénivelé
Moins connu que son voisin le tour des Dents du Midi, il est aussi plus engagé, avec un dénivelé +/- de 4200 m et des passages assez techniques (des échelles, des montées ou descentes assistées de câbles…). C’est le chemin qu’empruntaient les contrebandiers pour passer d’un pays à l’autre…
La boucle est réservée aux randonneurs ayant déjà le pied un peu sûr : il faut savoir à quoi s’en tenir avec de se lancer sur le tour. Mais une fois sur place, ce n’est que du bonheur !
Pourquoi choisir le Tour des Dents Blanches ?
Les raisons sont nombreuses. Après plusieurs expériences de treks de plusieurs jours, sur le Chemin de Stevenson, le Salkantay trek jusqu’au Machu Picchu au Pérou ou avant nos 12 jours de grande randonnée sur le Chemin de Saint-Guilhem, on avait envie de remettre ça.
Ça faisait un petit moment que l’on cherchait un itinéraire de plusieurs jours en montagne, Alpes ou Pyrénées, sous forme de boucle (toujours plus intéressant). Avec un certain engagement, mais loin des foules de randonneurs. Le Tour des Dents Blanches, c’est la montagne en été dans ce qu’elle a de meilleur à offrir : la nature préservée et sauvage. Grand spectacle et plaisir garantis : bingo !
Comment organiser son Tour des Dents Blanches ?
On tente de répondre ici à toutes les questions que vous vous posez pour mener à bien votre projet de randonnée. Si vous en avez d’autres, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire, en fin d’article : on fera tout pour vous renseigner au mieux.
QUAND PARTIR ?
Attention, la saison d’ouverture du tour des Dents Blanches est relativement courte, et dépend des années. Généralement le chemin est praticable de juillet à septembre. Il est toutefois possible que l’enneigement décale l’ouverture à mi-juillet (c’était le cas cette année, en 2019).
NOTRE CHOIX. Nous nous sommes lancés sur le tour la semaine après le 15 août. Le pic d’affluence est généralement entre le 15 juillet et le 15 août. Mais la fréquentation dépend surtout de la météo… Les refuges peuvent afficher complet si le temps est au beau fixe. Réservations obligatoires !
LES DÉPARTS POSSIBLES POUR CETTE RANDONNÉE
ATTENTION ! Durant le Tour vous dormirez forcément une nuit en Suisse. Si vous partez de France, vous n’aurez sans doute pas de francs suisses sur vous. Les refuges acceptent le change mais à des taux pas très avantageux… Si vous partez de Suisse, gardez des euros sur vous pour les nuits en France et retirer des francs suisses avant de partir. L’idéal est d’avoir une certaine somme en liquide des deux monnaies. Pour plus de liberté.
Il existe quatre villes de départ possibles pour cette randonnée. Et à chaque fois, plusieurs options pour relier le Tour des Dents Blanches.
Depuis la Suisse, une seule ville de départ possible :
- Champéry (avec la possibilité de rejoindre le Tour par le Plateau de Barme ou par la Cantine de Bonavau)
En France, trois bases de départ :
- Morzine (avec là aussi trois possibilités pour relier le sentier : les Chalets des Mines d’Or, le Refuge de Chardonnière ou le Refuge de Golèse)
- Samoëns (en attaquant le sentier depuis le refuge de Folly, le refuge de Golèse ou le refuge de Bostan)
- Sixt-Fer-à-Cheval (en reliant le refuge de la Vogealle)
NOTRE CHOIX. Nous sommes partis depuis Champéry, et plus exactement depuis le Plateau de Barme.
Il est possible de monter sur le plateau de Barme à pied depuis Champéry via Grand-Paradis (10 km environ, 3 à 4 h de marche) pour rallier le Tour. En été, il existe une navette qui permet d’économiser ses forces. Le stop doit bien fonctionner, aussi. Si vous êtes véhiculé, vous pouvez facilement laisser votre voiture sur le plateau, elle y sera en sécurité.
Sans hésitation, au Petit Baroudeur ! C’est notre coup de cœur. Parce que l’auberge est cosy, confortable, bon marché et idéalement située, au centre du village, au pied du téléphérique. Ambiance backpacker unique : cuisine collective et espaces partagés, notamment la terrasse à l’arrière.
Mais surtout pour la maîtresse des lieux : Catherine Exhenry, une enfant du pays, qui a crée l’endroit. Toujours souriante, prévenante et disponible, Catherine est aux petits soins pour ses hôtes et elle multiplie les conseils et les bons plans. Elle offre au Petit Baroudeur une atmosphère unique : on s’y sent aussitôt comme à la maison. On recommande chaleureusement l’endroit.
Le Petit Baroudeur. Ouvert à l’année. Chambres mixtes de 4 à 10 personnes, de 34 à 47 CHF selon la chambre et la saison, moins cher pour les enfants. Tél . +41 24 479 14 07, info@lebaroudeur.ch.
TOUR DES DENTS BLANCHES : EN COMBIEN DE JOURS ?
5 jours de marche sont généralement conseillés pour venir à bout des 44 km du Tour des Dents Blanches. Cela peut paraître bien long pour les marcheurs confirmés. On l’a également pensé… Avant de constater que chaque kilomètre de la randonnée est engagé et exige efforts et concentration. On est bien là sur une randonnée physique et sportive.
Certains trailers ou marcheurs aguerris choisissent de boucler le tour en 3 jours. Ce qui revient à faire de sacrées journées de marche. Faisable, mais attention, ce n’est pas à la porté de tous !
NOTRE CHOIX. 5 jours. Sur les conseils avisés des professionnels du Tour, on a choisi de partir sur le format classique. L’occasion de profiter à fond des paysages mais aussi des pauses tout au long du sentier dans les différents refuges… On ne le regrette pas !
PETIT CONSEIL. Les imprévus sont nombreux en montagne, surtout quand il s’agit de la météo. Au milieu de notre randonnée, un fort épisode pluvieux-orageux de plus de 24 h est venu perturber nos plans. On a choisi de décaler notre départ et de rester abrités dans un refuge. Plus sage que sortir marcher alors que la visibilité est restreinte, la pluie ininterrompue, les pierres glissantes… Et les chances d’apprécier le paysage quasi-nulles.
Ce jour là, des marcheurs en famille ont, eux, choisi de poursuivre leur route… passant plusieurs étapes dangereuses (les fameuses échelles) sous des trombes d’eau. On les a vu arriver : ils ne faisaient pas les fiers.
N’hésitez donc pas à prendre un ou deux petits jours de marge : on ne sait jamais !
DANS QUEL SENS EFFECTUER CETTE RANDONNÉE ?
Il est possible de faire le Tour des Dents Blanches dans les deux sens. Mais il est recommandé de s’élancer dans le sens des aiguilles d’une montre. La principale raison : vous attaquerez l’épreuve des échelles du Col des Ottans dans le sens de la montée. Beaucoup moins dangereux et impressionnant qu’en descente !
NOTRE CHOIX. Dans le sens des aiguilles d’une montre ! Sans hésiter !
UN TREK EN AUTONOMIE OU EN REFUGE ?
Le Tour des Dents Blanches est parfaitement équipé de refuges. Tout au long du sentier, dix refuges de haute montagne permettent aux marcheurs de faire des étapes régulières et d’organiser leur randonnée comme ils l’entendent. Tous proposent gîte et/ou couvert. Et l’accueil y est souvent très chaleureux !
Il est bien sûr possible de partir sur le tour avec sa propre tente, en autonomie. Attention, c’est un itinéraire assez sauvage : pas de village, le ravitaillement est difficile en cours de route. Sans évoquer les risques météo en montagne.
NOTRE CHOIX. On aime aussi l’autonomie mais l’idée de partager l’ambiance conviviale et réconfortante des refuges chaque soir nous a vraiment séduits. C’était pour nous une grande première. Ce sont aussi les refuges qui font la saveur du Tour des Dents Blanches !
ORGANISER SON TOUR DES DENTS BLANCHES : UN FORFAIT POUR RÉSERVER LES REFUGES
Si vous choisissez de passer vos nuits en refuge, vous avez deux solutions pour organiser votre tour.
- Vous pouvez réserver vous même votre lit/chambre à la date qui vous convient en contactant chaque refuge. Et régler directement sur place vos dépenses.
- Vous pouvez profiter des forfaits existant sur le site du Tour des Dents Blanches pour réserver toutes vos nuits en une seule fois. Il suffit pour cela de connaître sa ville de départ, le nombre de nuits sur le tour et de choisir entre nuit en chambre ou dortoir… Simple et rapide. Génial ce système, non ?
QUEL ÉQUIPEMENT METTRE DANS SON SAC A DOS ?
Le contenu de votre sac dépend forcément de votre façon de randonner. Si comme nous, vous choisissez les nuits et repas en refuge (vous êtes bien plus légers), voici les indispensables :
- sac à dos de 30-40 litres (pas plus !)
- pantalon de randonnée léger
- short
- 2 tee-shirts
- 1 veste gore-tex
- poncho de pluie (ce n’est pas incompatible avec la gore-tex, au contraire !)
- 1 polaire
- 1 tee-shirt manches longues (en laine merinos, notre indispensable)
- crème solaire
- lunettes de soleil
- casquette
- buff
- 1 drap de soie ou petit duvet (ça suffit, les refuges proposent des grosses couvertures/couettes)
- En option : doudoune fine, tongs pour le soir et les douches.
BON À SAVOIR. Si votre budget est limité, vous pouvez prévoir vos repas tirés du sac les midis. Sachez toutefois que tous les refuges proposent des pique-niques à emporter. Il suffit de les réserver la veille… Ils sont généralement copieux et variés d’un refuge à l’autre, puisque les gardiens ont la bonne idée de s’entendre pour ne pas proposer les mêmes menus (tarif moyen 10 euros).
Nous sommes partis sans carte IGN. Nous avions les principales étapes détaillées sur le prospectus du Tour des Dents Blanches (que l’on peut trouver un peu partout sur le Tour). Et, comme à chacune de nos randonnées, nous avons utilisé l’application maps.me. Globalement, c’est suffisamment bien balisé (particulièrement côté suisse).
La carte et nos étapes sur le Tour des Dents Blanches
(cliquez pour agrandir la carte)
📍 JOUR 1 ▪ Barme – Susanfe : 3h30 de marche
📍 JOUR 2 ▪ Susanfe – La Vogealle : 4h de marche
📍 JOUR 3 ▪ Repos forcé / météo capricieuse
📍 JOUR 4 ▪ La Vogealle – Folly : 4h de marche
📍 JOUR 5 ▪ Folly – Golèse : 6h30 de marche
📍 JOUR 6 ▪ Golèse – Barme : 3h30 de marche
Notre récit jour après jour
Voici notre journal de bord avec les étapes détaillées du Tour des Dents Blanches, telles que nous les avons vécues. Nos coups de coeur, les difficultés du parcours et nos expériences dans les différents refuges.
J-1 : CHAMPÉRY- BARME
Nuit à la Cantine des Dents Blanches.
Après plusieurs jours en montagne déjà, dans les Hautes-Pyrénées, on a quitté la France depuis plusieurs jours, profitant des rives suisses du Lac Léman. On quitte Montreux pour Champéry en début d’après-midi. Moins d’une heure de route ! On découvre un des atouts forts de la station de Champéry : la montagne à deux pas du Lac Léman.
La ville de Champéry se situe dans le canton du Valais, où le Rhône prend sa source. C’est donc Catherine qui nous accueille sur place. La gérante de l’auberge de jeunesse Le Petit Baroudeur est très impliquée dans l’association internationale du Tour des Dents Blanches, qui rassemblent entre autres les nombreux refuges.
On fait un point sur notre programme des jours à venir puis direction le Plateau de Barme à 1492 m d’altitude. C’est de là qu’on partira demain matin. C’est l’une des solutions possibles. Si vous venez de loin et que vous voulez marcher dès le matin : faites comme nous, rejoignez le plateau la veille (en voiture ou à pied), dormez dans l’un des deux refuges et le lendemain, hop en avant !
ATTENTION ! L’eau n’est pas potable sur le plateau de Barme. Remplissez vos gourdes avant d’y aller. Ou acheter une carafe au refuge pour remplir vos gourdes (1 CHF pour un litre).
La Cantine des Dents Blanches est l’un des deux refuges du Plateau de Barme. Cette ancienne ferme authentique a été reconvertie en refuge et en cantine voilà au-moins un demi-siècle. Des chambres et dortoirs ont été créé à l’étage. L’intérieur tout en bois est plein de charme. Alors forcément, ça craque sur le plancher quand on marche et les murs très fins n’isolent pas vraiment du bruit… Ah, les joies du refuge !
Johan et Myriam Marolla gèrent la Cantine des Dents Blanches depuis deux ans. Et comme son nom l’indique, l’adresse est d’abord un lieu de plaisir culinaire. Le restaurateur accueille essentiellement une clientèle venu se restaurer. Toutes les spécialités de montagne sont à la carte ! Croûte, charcuterie, gibier en période de chasse…
Pour les demi-pensionnaires, c’est un énorme et très bon risotto maison ! Le chef adapte sa recette en fonction des saisons. Et au petit déjeuner : fromage et charcuterie font partie du buffet !
Cantine des Dents Blanches. Ouverture de fin mai à début octobre. 35 places (chambre+dortoir).
Nuit en dortoir : 38 CHF par personne. Demi pension (lit + repas du soir + petit déj’) : 60 CHF (dortoir), 72 CHF (chambre).
Réservations au +412 44 79 12 12 ou +4179 309 41 87 ou contact@cantine-dentsblanches.com
ÉTAPE 1 : BARME – SUSANFE
3h de marche – 7,8 km.
Difficulté : Pas d’Encel.
Repas du midi au Refuge de Bonavau.
Nuit au Refuge de Susanfe.
C’est parti ! On s’élance enfin sur les sentiers du Tour des Dents Blanches. 5 jours de marche et 44 km au menu, miam. On est chaud, entraîné par une récente randonnée de deux jours autour du cirque de Gavarnie. Et on commence dans un cadre idyllique. Le plateau de Barme offre la plus belle des images des alpages. Les pâturages verdoyants sont parsemés de vaches. Et on les entend ! Avec leur grosses cloches, elles font un véritable festival de musique.
Le sentier traverse le plateau. A droite, le massif des Dents Blanches, celui qui nous concerne directement ! En face, les fameuses Dents du Midi, plus célèbres que leurs voisines. D’ailleurs, c’est sur un chemin commun aux tours des deux massifs que l’on débute la marche. Jusqu’au refuge de Susanfe, nous croiserons les randonneurs qui sillonnent les deux parcours.
Montée jusqu’au Signal de Bonavau
Le plateau est derrière nous. Les choses sérieuses commencent avec trois quart d’heure de montée, régulière, sur un chemin facile. Une bonne mise en jambes ! Nos sacs ne sont pas trop chargés et ça compte (comparé avec notre récente marche dans le cirque de Gavarnie en autonomie). Plus on grimpe, plus la vue sur Champéry et sa vallée se dégage. Derrière nous, le plateau de Barme rétrécit peu à peu. Le sentier est jusqu’à maintenant parfaitement indiqué.
En haut de la montée : le Signal de Bonavau (1807m). Techniquement, il se trouve à 300 m du chemin… On fait le détour, mais la vue était aussi dégagée depuis le sentier (détour inutile) ! Devant nous : le Mont Ruan. A notre droite la fameuse dent de Bonavau. On redescend tranquillement pendant une vingtaine de minutes. On arrive au refuge de Bonavau (1556 m).
Le Refuge de Bonavau est l’autre point de départ possible sur le Tour des Dents Blanches depuis Champéry. Cette ancienne ferme d’alpage transformée en 2001 est très bien situé sur le parcours des deux tours, Dents Blanches et Dents du Midi, mais aussi de la Via Alpina. Le refuge est un véritable décor de carte postale.
Pour le ravitailler, la gardienne Christine Jouglas utilise les services d’un hélicoptère deux fois par an. Le reste du temps ? Elle descend à Champéry et remonte le chargement avec une brouette à moteur ! C’est l’avantage et l’inconvénient du lieu : ici nous ne sommes pas loin de la civilisation. Beaucoup de marcheurs sortent la journée et déjeunent au refuge. Le lieu est donc très fréquenté !
On déjeune sur place. Toute la cuisine est faite au feu de bois ! On en profite pour déguster notre première croûte au fromage. Spécialité du coin. Un régal !
Ici, l’eau est potable : possibilité de remplir ses gourdes.
Refuge de Bonavau. Ouverture de Pâques à fin octobre. 18 places réparties en trois dortoirs. Pas de douche. L’eau est potable.
Nuit en dortoir avec petit-déjeuner : 42 CHF par personne (35 CHF pour les moins de 16 ans). Repas du soir à la carte.
Réservations au +41 79 205 50 23 ou à cjouglas@netplus.ch.
Le Pas d’Encel, premier passage engagé
Pas le temps de digérer notre croûte, on repart. Assez rapidement, le sentier grimpe le long de parois rocheuses. Il devient plus technique. Un passage engagé assez long permet d’atteindre le Pas d’Encel. Des chaînes sécurisent certaines zones. Spectaculaire ! Mais ça passe bien. Au bout d’une heure de montée, on atteint donc le fameux Pas d’Encel à 1815 m. La vue est magnifique.
La montée continue. On traverse la passerelle qui surplombe le torrent de La Saufla. On grimpe sur le versant opposé une grosse demi-heure jusqu’à un croisement à 1964 m. C’est à ce croisement que les tours des Dents Blanches et des Dents du Midi se séparent. A droite, les Dents Blanches. A gauche les Dents du Midi. Sauf que pour rejoindre la Cabane de Susanfe (2102 m), notre camp pour la nuit, il faut prolonger notre marche sur le Tour des Dents du Midi, pendant 20 minutes. On reviendra sur nos pas le lendemain.
On poursuit donc notre route dans le vallon. Jusqu’au refuge. Le premier refuge du Tour loin de la civilisation ! La cabane en pierre se fond parfaitement dans le paysage. Elle est le point de base des randonneurs qui font l’ascension de La Haute Cîme à 3257 m (3h30 jusqu’au sommet – 1155m de dénivelé positif). Si vous voulez inclure l’ascension dans votre tour, comptez une journée de plus. Pour nous, ça sera pour une prochaine fois.
Perchée à plus de 2000 m, la Cabane de Susanfe, ou « cabane du bonheur » possède une âme. Cette âme, elle la doit à ses gardiens successifs qui ont su préserver l’histoire de cette jolie bâtisse en pierre à travers les registres de passage, consultables depuis 1937. Emouvant. Preuve qu’à Susanfe tout est question de personnes, tous les gardiens ont leur portrait accroché sur les murs de la cabane.
Depuis 2008, c’est Fabienne Debossens qui chapeaute ce refuge de montagne, 6e gardienne de l’histoire. Et après 12 saisons, la vie de refuge ? C’est « toujours autant de bonheur » pour elle.
On le découvre très vite : ici, nous sommes dans une véritable ambiance de refuge. On partage les tables. La gardienne fait les répartitions. Attablés avec nous, un Belge qui boucle le Tour des Dents du Midi et un jeune Suisse avec ses deux enfants en bas âge, venus partager avec eux les joies du refuge. Le pain est fait maison. Comme la quasi totalité du pique-nique que l’on découvrira le lendemain.
Si vous passez un midi, la spécialité de la maison : les rostis de pommes de terre au fromage de chèvre. Délicieux parait-il.
Cabane de Susanfe. Ouverture de début juin à début octobre ; quelques périodes d’ouverture en hiver (se renseigner).72 lits en dortoirs. Pas de douche. L’eau est potable (attention en cas d’orage).
Nuit en demi pension : 65 CHF par personne Pique-nique : 15 CHF.
Réservations au +41 24 479 16 46 ou à info@susanfe.ch
ÉTAPE 2 : SUSANFE – VOGEALLE
4h de marche – 8 km.
Difficulté : échelles du Col des Ottans.
Nuit au Refuge de la Vogealle.
L’orage a grondé toute la nuit. Il pleut encore à notre réveil. On prend des nouvelles de la météo auprès de Fabienne. Sur ses conseils, on patiente jusqu’à 10h une possible accalmie. On embarque nos pique-niques emballés dans de jolis sacs en tissu – « objectif zéro déchet » – préparés par l’équipe de la cabane et on décolle.
Il faut donc faire marche arrière un gros quart d’heure pour récupérer le Tour des Dents Blanches délaissé la veille au croisement. On traverse comme on peut le torrent La Saufla grossi par les orages de la nuit. Puis, rapidement, on attaque une montée assez raide. Le devers est de plus en plus important. Dans le pierrier, le tracé est toujours bien indiqué. On grimpe pendant 1h30 : traversées de ruisseaux, de névés… La zone est un peu technique. Devant les restes de neige alors qu’on est mi-août, on imagine l’état du sentier début juillet (crampons indispensables) !
Les échelles du col des Ottans
On lève régulièrement la tête, ne perdant pas de vue notre objectif de la journée : le redouté passage des échelles des Ottans se profile devant nous. Nous y voilà. Et il faut reconnaître qu’il est quand même impressionnant !
Il est temps d’attaquer la principale difficulté du Tour des Dents Blanches. L’épreuve commence par une vire équipée d’une main courante, puis des barreaux fixés dans la paroi. Et enfin les fameuses échelles vertivales, deux exactement. On finit par un passage cout mais étroit entre les rochers, pas facile avec les gros sacs sur le dos.
En tout, 80 m d’ascension périlleuse dans cette cheminée. Ici, il ne faut pas déconner, c’est du sérieux. Chute interdite. Pour les sujets au vertige, un passage très compliqué, c’est sûr. Mais ça se fait bien. Certains prennent de quoi s’assurer. Nous ne l’avions pas prévu. En y allant lentement avec beaucoup de concentration, on a réussi ! Fierté en franchissant le trou dans la roche qui marque la fin du secteur, tout en haut.
Et on a à peine le temps de se taper dans les mains pour célébrer la victoire que la pluie se met à tomber. Ouf, on a passé le pire. A 10 minutes près, on montait les échelles sous la pluie avec les pierres glissantes… L’épreuve aurait était beaucoup plus dangereuse.
Tempête sur la crête des Ottans
On continue l’ascension jusqu’à la Tête des Ottans sous la pluie (puisque contrairement à ce qu’on croyait, le sommet n’est pas juste à la sortie des échelles !). Encore quelques vires… Nous y voilà ! 2548 m d’altitude. Pile à la frontière entre la Suisse et la France. Il paraît que d’ici on aperçoit le Mont Blanc… Bon, pas nous. Brouillard, rafales de vent, pluie battante et visibilité quasi-nulle ! Malgré nos ponchos et gore-tex on est trempé et gelé. Petit flottement… les indications à la Tête des Ottans ne sont pas très précises. Pour la première fois, on doute du chemin à prendre. La visibilité est mauvaise et la pluie nous presse…
BON À SAVOIR. On comprendra plus tard – au sec – ce qui nous a perdu… Le col des Ottans matérialise la frontière entre la Suisse et la France sur le Tour des Dents Blanches. Les deux pays n’ont pas les mêmes systèmes de balisage. Côté suisse, de larges coups de peintures sur les rochers indiquent régulièrement le chemin. En France, la zone est classée en réserve naturelle. Les panneaux et les marques de balisage sont donc bien plus discrets. Le changement de méthode en pleine tempête nous a quelque peu perturbé !
Depuis la stèle de la Tête des Ottans, on continue sur la crête. Pendant 20 minutes, on avance tête baissé sur la crête totalement exposée, battue par les vents et la pluie. On marche vite pour trouver une zone plus abritée. Dommage, par beau temps, il paraît que le paysage est vraiment splendide. Nous, on ne lève pas la tête : un objectif, avancer et sortir de là.
Réserve naturelle française Sixt-Fer-à-Cheval
La pluie se calme. Le brouillard se dissipe. 40 minutes après le début de la tempête, une accalmie nous permet d’apprécier le paysage. Juste au moment où l’on entame la descente dans la réserve naturelle de Sixt-Fer-à-Cheval. Des cascades alimentées par l’orage coulent de toute part le long des montagnes.
On traverse de nombreux ruisseaux. Pour quitter nos ponchos trempés, on s’arrête, et en levant la tête : surprise ! On aperçoit quatre magnifiques bouquetins adultes ! Paisibles : ils sont chez eux ici. Loin de tout dérangement humain. On reste un petit moment à les admirer.
Après toutes ces émotions, on a besoin d’une pause. On en profite pour découvrir le délicieux pique-nique de la Cabane de Susanfe. On s’était gardé la surprise 🙂 Il nous en fallait pas plus pour nous redonner le sourire !
Encore 50 minutes de descente. Le sol est boueux et vraiment glissant. Une nouvelle fois, le sentier se fait très technique. La prudence est de mise. On aperçoit le lac de la Vogealle en contrebas. Le refuge n’est pas loin. On atteint les chalets de la Vogealle (1902 m) vers 15 h.
Jour de repos forcé au refuge
De toute notre journée de marche, on n’a aperçu qu’un seul marcheur, au loin, durant la descente. Effectivement, nous ne sommes que trois randonneurs à dormir au refuge ce soir. La pluie qui est revenue en fin de journée devrait durer plus de 24 h… Aïe. Que faire ? Partir sous l’orage ? Pas très prudent. On n’a pas envie de marcher trempés toute une journée, sans profiter du paysage ! On décale notre départ au surlendemain.
Immobilisation forcée. On profite donc de l’ambiance du refuge ! Un véritable arrêt dans le temps. Pas de réseau. On lit, on joue au Scrabble, on lit encore… On tente tout de même une sortie au lac de la Vogealle à quelques centaines de mètres, histoire de prendre l’air, sous la pluie ! Seuls l’oie et les canards du gîte sont ravis.
À la Vogealle, Dominique, le gardien, est une personnalité attachante : s’il paraît bougon au premier abord, il se révèle vite attentionné et passionnant. C’est un montagnard, un vrai, qui a multiplié les expériences et qui connaît très bien la montagne (et ses dangers). On passé de très chouettes moments avec Doriane et lui. On ne pouvait pas mieux tomber.
Le soir, contre toute attente le refuge se remplit ! Plusieurs marcheurs, certains en famille avec de jeunes enfants, ont bravé la tempête… Les groupes arrivent les uns après les autres, certains à la tombée de la nuit. Détrempés et exténués. On ne comprend pas forcément l’intérêt d’avoir pris des risques. Notamment avec les échelles du col des Ottans… Mais bon ! Le refuge est quasiment plein, un sacré contraste avec l’intimité de la veille.
On a donc passé plus de temps que prévu au refuge de la Vogealle. L’endroit n’a rien en commun avec les autres refuges rencontrés jusqu’alors. La bâtisse est récente et très spacieuse. Elle est aussi très confortable. Moins authentique, forcément, puisque le refuge actuel a été bâti en 2008. Les anciens chalets servant de refuge avant la construction du dernier bâtiment sont toujours là. Le premier a été inauguré en 1913.
Les gardiens, Dominique et Doriane Rabot sont aux petits soins avec nous ! Nous ne sommes que trois clients le premier soir, trois privilégiés qui ont droit à une fondue savoyarde. Le lendemain, pendant notre jour de repos forcé, à midi, c’est soupe chatraise, une spécialité locale (pain, oignon fromage gratiné)… Dominique fait tout maison, même le pain ! Et c’est un sacré cuistot. Le menu habituel, pour les randonneurs : polenta et diots, dans des proportions TRÈS généreuses. Et tournée de génépi offerte.
Refuge de La Vogealle . Ouverture de mi-juin à fin septembre. 58 lits en dortoirs de différentes tailles. Douche payante.
Nuit en demi pension : 45 € par personne Pique-nique : 10 €.
Réservations au +33 6 20 60 91 40 ou contact@refugedelavogealle.com
ÉTAPE 3 : VOGEALLE – FOLLY
4h de marche – 6,5 km (sans l’ascension à la Pointe de Bellegarde, 1h aller-retour)
Difficulté : Pas de l’Ours.
Le plus : ascension jusqu’à la Pointe de Bellegarde
Nuit au Refuge de Folly.
Le ciel est enfin bleu ! C’est reparti. On reprend la direction du lac de la Vogealle avant de tourner à gauche. Ça monte raide. 20 minutes plus tard, on attaque le Pas de l’Ours. Un autre passage parfois redouté sur le Tour des Dents Blanches. Ce passage sur un sol de schiste friable, pas vraiment stable, sans rien pour se retenir, demande un certain équilibre. Surtout après les pluies de la veille qui ont gommé le tracé du chemin. Mais encore une fois, en prenant son temps, on passe sans problème.
On monte encore, la pente reste assez raide pour rejoindre les 1415 m d’altitude du Col des Chambres. Sur les conseils avisés de Dominique, le gardien de la Vogealle, on décide de faire un détour jusqu’à la pointe de Bellegarde. Qui offre un panorama sur les Alpes. Après la frustration du col des Ottans, il fallait bien qu’on profite de ce ciel bleu pour nous rattraper…
Panorama sur le Mont Blanc depuis la Pointe de Bellegarde
35 minutes de montée dans les rochers. Il n’y a pas vraiment de difficultés, mais quasiment pas de balisage. Le meilleur moyen de trouver sa route : suivre les cairns ! On arrive à 2514 m d’altitude, à la Pointe de Bellegarde. Alors est-ce que ce détour vaut vraiment le coup ? Mille fois oui ! La vue sur tout le cirque du Fer à Cheval en contrebas est magnifique. On aperçoit le refuge en contrebas. Et au loin : les stars des Alpes, le Mont Blanc, l’Aiguille verte, les Grandes Jorasses, les Drus… Un panorama extraordinaire.
La descente dans les rochers pour retrouver le col des Chambres est assez désagréable. Et ça ne fait que commencer. On continue pendant trois quart d’heure dans les pierres jusqu’au Lac des Chambres. Là encore, pas vraiment de balisage, suivez les cairns !
De la glace sur le lac des Chambres
On l’attendait avec impatience, le Lac des Chambres. Des randonneurs, rencontrés la veille, nous avaient promis de la glace sur l’eau. Et ils n’avaient pas menti. De gros iceberg flotte encore fin août sur cette paisible eau de glacier. On en profite pour faire une pause pique nique et se rafraîchir les pieds dans l’eau glacée.
Rassasiés, on quitte le lac des Chambres en empruntant une vire en surplomb équipée d’un câble. On commence à être habitué à ces passages. Et celui là n’est pas vraiment compliqué. On grimpe au dessus du lac. Là-haut, quelle belle surprise : la vue sur le lac est belle mais celle sur la vallée de Samoëns, recouverte d’une mer de nuage est à couper le souffle !
On profite de la vue, puis il est temps de redescendre, dans la mer de nuage justement. On met 50 minutes sans se presser pour atteindre le Refuge de Folly. Attention, si le sol est humide, il peut être glissant !
Il existe un refuge à Folly depuis 1976. Le bâtiment est parti deux fois avec une avalanche, l’actuel a été reconstruit un peu plus haut en 1978. Le souriant Tendi, venu du Népal, y travaille depuis 29 ans ; il en a repris la gestion en 2015 avec le couple Romain et Charlotte. C’est Jean Moatti, l’ancien gardien, qui a rencontré Tendi lors d’une expédition au Népal et qui lui a proposé de venir le rejoindre en France.
La spécialité du lieu : le farcement, servi tous les midis. On a rencontré des randonneurs qui montent une fois par an depuis Samoëns, depuis des décennies, pour le déguster ici. Le refuge de Folly est très fréquenté le midi par les marcheurs à la journée qui montent jusqu’au lac.
Refuge de Folly. Ouverture de mi-juin à mi-septembre. 72 lits chambres et dortoirs. Douche (pas toujours d’eau chaude).
Nuit en demi pension : 45 € (dortoir), 52 € (chambre) par personne. Pique-nique : 12 €.
Réservations au +33 45 09 01 091 ou refuge-du-folly@gmail.com
ÉTAPE 4 : FOLLY – LA GOLÈSE
6h30 de marche – 11 km.
Difficulté : Pas au Taureau.
Nuit au Refuge de la Golèse.
Nous attaquons la 4e étape du Tour des Dents Blanches : la journée la plus longue si l’on respecte l’itinéraire classique. Notre départ est donc logiquement plus matinal, 7h45. On entre immédiatement dans le vif du sujet avec 1000 m de dénivelé positif à avaler en guise de petit-déjeuner. C’est pas rien ! Une longue montée qui nous rappelle notre récente ascension du mont Aigoual, sur le sentier des 4000 marches.
Depuis Folly, le début se monte bien, de façon régulière puis de plus en plus raide. La vallée de Samoëns est toujours dans les nuages. Le soleil brille au dessus de nous.
Le silence de la montagne est soudain brisé par le moteur d’un hélicoptère. On lève nos têtes. Ce matin, le refuge de Folly attendait un ravitaillement. Le voilà. Pendue au bout d’une longue corde, tractée par un hélicoptère. La vie de la montagne.
Descente spectaculaire du Pas au Taureau
On monte toujours. Les rochers ont remplacé l’herbe humide. A plusieurs reprises on doit poser les mains. Au bout de 2h30 de montée ininterrompue, on atteint un splendide point de vue. Mais l’on n’est pas au bout de la montée ! Encore un bon raidillon dans les graviers… et on arrive au Pas du Taureau (2550m). C’est le point culminant du Tour des Dents Blanches !
Et il y a encore un passage spectaculaire au programme. On observe l’épreuve en contrebas. Passer le Pas au Taureau en descente est un peu plus impressionnant et difficile que dans l’autre sens. La paroi de rocher est assez raide, les marches bien hautes. Il faut gérer le poids des sacs. Un câble fixé le long de la paroi permet là-aussi de s’assurer. Et de se rassurer. On prend le temps de descendre, et à part une paire de lunettes de soleil qui glisse dans la bataille, on passe sans problème ce Pas redouté.
La descente se poursuit ensuite dans un pierrier raide. Puis on traverse un névé avant d’arriver au col de Bostan, à la frontière entre la France et la suisse. Panorama à 360° sur les deux pays. Le plaisir des yeux, récompense d’une belle ascension ! On entame la descente vers le refuge de Bostan dans un vallon herbeux et encaissé. On en profite pour pique-niquer sur cette herbe moelleuse avec cette jolie vue.
Tarte aux myrtilles au refuge de Bostan
Petit passage au lac des Verdets, puis on arrive au refuge de Bostan. Le gardien, Bastien Froissard, boucle sa première année sur place. Ici, le refuge est ouvert en toutes saisons. L’hiver, les skis et raquettes remplacent les chaussures de rando.
Le premier refuge de Bostan date de 1971. Puis en 1986, un plus grand refuge paré de bois est construit. On profite de la terrasse au soleil donnant directement sur les pâturages pour déguster la tarte aux myrtilles maison. Notre petit plaisir en montagne ! Délicieuse !
Refuge de Bostan. 70 couchages (dortoirs et chambres). Demi-pension : 43 € par personne. Pique-nique : 10 €. Contact : +33 6 72 64 0684.
On poursuit notre longue journée de marche jusqu’au refuge de la Golèse, 40 minutes plus loin… Il est enfin temps de quitter les chaussures !
Le grand-père de Sébastien Baud, le gardien de la Golèse, était agriculteur : c’est son ancienne ferme qui a été transformée en refuge. Lors de travaux en 1988, une des deux écuries a d’abord été transformée en buvette. Puis en 1991, le père de Bastien reprend l’affaire et mène de grands travaux sur plusieurs années avant de céder les clés à son fils en 2014. La famille a toujours maintenu une activité agricole à la Golèse. L’hiver, Sébastien Baud est directeur de l’école de ski de Samoëns : un montagnard pur sucre qui connaît les pentes et les gens d’ici sur le bout des doigts.
En plus du Tour des Dents Blanches, le mythique GR 5 (la traversée des Alpes) passe aussi par ici. Le midi, le restaurant attire une clientèle de gourmets : le gratin de pommes de terre est une tuerie.
Refuge de la Golèse. Ouverture de mi-juin à mi-septembre. 58 lits chambres et dortoirs. Douche chaude: 3 € .
Nuit en demi pension : 45 € (dortoir), 55 € (chambre) par personne. Pique-nique : 10 €.
Réservations au +33 4 50 90 59 53.
ÉTAPE 5 : LA GOLÈSE – BARME
4h30 de marche – 11,6 km.
Difficulté : Col de Coux.
Nuit à la Cantine de Barmaz.
C’est notre dernier jour de marche. Cela fait déjà 6 jours que nous avons entamé le Tour des Dents Blanches. On décolle à 8h30 du refuge de la Golèse. Le sentier se profile dans un sous-bois jusqu’au refuge de Chardonnière. C’est la première fois depuis le début du tour, que l’on voit un passage aussi long aussi peu technique ! Une véritable promenade !
On entame ensuite un long tronçon de piste forestière, jusqu’au Col de Coux. Ce passage est pour nous le moins intéressant du tour. Beaucoup moins sauvage que le reste de l’itinéraire. La preuve ici les 4×4 peuvent passer ! La montée est longue… Mais on monte assez vite : après ces journées de marche, on commence à être en forme ! On est en haut du col à 9h45 !
Passage de la frontière au Col de Coux
Col de Coux, 1921 m : nous voilà à nouveau sur la frontière franco-suisse, la preuve : le poste frontière fermé. On avait peu apprécié le passage du col des Ottans. Cette fois, on prend un peu de temps pour contempler les deux versants. Pouvoir admirer deux pays en même temps ! On retrouve les Dents du Midi, en face. Magnifique.
Nous revoilà dans les pâturages suisses et leurs vaches ! On descend au milieu des bêtes jusqu’à un petit chalet d’alpage. Le sentier se poursuit alors dans les bois, jusqu’à Barme. Aucune difficulté sur cette étape… On retrouve en un rien de temps le point de départ de notre randonnée : le mignon plateau de Barme.
C’est fait, on a bouclé le Tour des Dents Blanches. C’était physique, c’était sauvage, c’était magnifique.
L’endroit a une histoire, et ça se sent. L’actuelle Cantine de Barmaz a été reconstruite en 1891. Le Vosgiens Olivier et la Bordelaise Valérie Demange ont racheté en 2011 et ont fait du lieu une auberge de montagne réputée pour sa cuisine. Tout est fait maison. Pour les randonneurs qui font halte ici, le menu change tous les soirs. La fondue est à tomber. La spécialité : le choléra, un gâteau salé typique du haut-valois fait de couches successives de pâte brisée ; juste un indice : y’a du fromage à raclette à l’intérieur.
Cantine de Barmaz. Ouverture de fin mai à mi-octobre. 48 lits chambres et dortoirs.
Nuit en demi pension : 59 CHF (dortoir), 72 CHF (chambre) par personne.
Réservations au +41 24 479 11 63 ou cantinebarmaz@bluewin.ch
D’autres idées de randonnées dans le secteur…
- Tour des Dents du Midi raconté par Novomonde
- Tour du Ruan raconté par la Globetrekkeuse
- Tour de la Vallée du Trient raconté par les Géonautrices
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Nous avons découvert le Tour des Dents Blanches
à l’invitation de l’association du Tour des Dents Blanches.
Nous nous lançons pour le tour en 4 jours. Après avoir lu vos commentaires, nous avons hâte. Bien écrit, agréable, exactement ce que l’on a envie de lire avant de partir. Merci pour le partage. Anne-Amélie Christophe
Génial ! Vous devriez vous régaler sur ce Tour engagé et spectaculaire. Merci pour ce message. Tenez nous au courant de votre expérience !