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Séjour sur l’île d’Olkhon, sur les berges du lac Baïkal

RUSSIE – Cap sur Olkhon, plus grande île du lac Baïkal, « Perle de Sibérie ». Comment y aller depuis Irkoustk ; où dormir, que faire en ces lieux d’une beauté envoûtante.

Le lac Baïkal nous a cueillis. À froid. Bien sûr, nous nous attendions à ce que le spectacle soit beau. Mais pas comme ça. Pas autant, même si on attendait cette halte avec impatience, dans notre voyage en transsibérien.

Partis à 10 heures d’Irkoutsk (lire l’encadré, tout en bas de la page), notre minibus plein à craquer s’arrête environ quatre heures plus tard sur une plage, au détour d’une courte descente. C’est lui. Il est là. Le Baïkal. Légendaire Baïkal. Glacé. Bien sûr, on n’aperçoit qu’un infime morceau de son immensité, mais cette première vision est fantasmagorique, comme irréelle, encore plus avec ces orages de neige et un vent terrible, qui nous congèle jusqu’aux os. Vite, on court jusqu’à la glace, pour y faire quelques pas. Et puis vite, on revient s’abriter du blizzard derrière le minibus, pour attendre les hydroglisseurs.

Frissons en hydroglisseurs

Mi-avril. Le lac Baïkal a débuté sa dégelée, elle prendra encore des semaines. Nous, on va sur Olkhon, la plus grande île du Baïkal, 71 km de long. La traversée, qui demande une petit dizaine de minutes, ne peux plus se faire directement en camionnette, comme au coeur de l’hiver : à cet endroit, une bande d’eau de quelques centaines de mètres s’est formée entre l’île et le continent. Mais elle ne peut pas être réalisée en bateau, pas encore, en raison de la glace qui enserre toujours les berges. Seule option, donc : de petits hydroglisseurs pilotés par les locaux. Pour les habitants d’Olkhon, qui vous passe allègrement devant, c’est gratuit ; pour nous, ça fera 350 roubles par personne et par trajet (6,30 euros), merci bien.

Passer à bord de ces engins hors d’âge de la glace a l’eau, que l’on sait ici d’une insondable profondeur, puis de l’eau à la glace, nous donne quelques frissons.

LA PROFONDEUR DU LAC BAÏKAL
Ce lac n’est pas un lac, c’est une véritable mer. En forme de croissant, il mesure 636 km de long – c’est plus que la distance Bordeaux-Paris – de 25 à 80 km de large. Le Baïkal est ainsi le plus grand bassin d’eau douce de la planète, il contient à lui seul près du cinquième des réserves mondiales, plus que les cinq grands lacs américains réunis. Une eau d’une formidable pureté : il paraît que l’été, certains baigneurs sont pris de vertige en regardant vers le fond.
La profondeur du lac Baikal, justement, peut atteindre plus de 1500 mètres aux abords de l’île d’Olkhon !
Là-aussi, c’est un record. « S’il était vide, il faudrait un an à tous les fleuves du monde réunis pour le remplir à nouveau », écrit Dominique Fernandez, dans 
Transsibérien. On y recense 1 550 espèces animales et plus de 600 espèces végétales ; près de la moitié d’entre elles sont endémiques. Voilà pour les chiffres. 

 
Sur l’autre rive, c’est une vieille fourgonnette russe 4×4 – elle a dû effectuer ses premiers tours de roues sous le règne de Khrouchtchev – qui nous permet de rallier Khoujir, ville principale d’Olkhon, où vivent 1300 des 2000 habitants de l’île. Une trentaine de kilomètres. Pas un mètre de goudron. Ça tape. Ça tape même beaucoup.

Chez Nikita (lire l’encadré Où dormir ?), on abandonne illico les sacs dans notre chambre pour parcourir les quelques centaines de mètres qui conduisent au rivage et au fameux « rocher chamanique« . L’île d’Olkhon est considérée comme le centre sacré du monde pour les chamans du nord, et le centre suprême, c’est ce petit morceau de caillou formidablement photogénique qui émerge des eaux (ou là, plutôt des glaces). On s’abrite comme on peut pendant les tempêtes de neige, on en prend plein les yeux quand le soleil revient.

Cette vaste étendue glacée, dont les teintes changent avec le mouvement des nuages et des ombres… Les montagnes, en face, en arriere-plan… Impossible de décrire pareil spectacle. A-t-on jamais vu rien d’aussi beau ? Franchement, on se pose tous deux la question.

Visiter l’île d’Olkhon 

Ce soir là, on sympathise avec Niall et Frederick, deux jeunes Singapouriens très drôles. Une belle rencontre :  on ne se quittera plus jusqu’à notre départ le surlendemain (belle histoire : on se reverra plusieurs fois par la suite, lire notre article Visiter Singapour en quelques jours). Le lendemain, on embarque avec eux, une Chinoise timidou et un chauffeur dans une autre de ces ancestrales fourgonnettes 4×4 pour une journée d’excursion vers le nord de l’île.

Expédition 4×4 jusqu’à la pointe du cap Khoboi

« La meilleure solution pour voir le maximum de choses en une journée », assure Nicolas Pernot, un Francais qui vit depuis trois ans sur Olkhon, bénévole chez Nikita et auteur de plusieurs livres de photos (son site web vaut aussi le coup d’oeil). Pressés par la péremption de ce satané visa russe, on doit en effet partir (hélas) dès le surlendemain. Coût de la balade, avec le repas du midi, une soupe à l’omoul (poisson à la chair blanche qui ne vit que dans les eaux du Baikal) : 900 roubles par personne (16,20 euros).

                                        

 

On ne regrettera pas ce choix. Nos compagnons de voyage sont extras. Le temps est au beau. Chacun des arrêts est source d’émerveillement. La marche d’une heure jusqu’au cap Khoboi, tout au nord de l’ile, nous offre un panorama à couper le souffle. Derrière nous, la steppe. A gauche, le « petit Baikal », entièrement pris par la glace. Blanc. Immaculé. A droite, de l’autre côté de l’île, des morceaux de banquise qui flottent sur une eau d’un bleu sombre et profond. Et en face de nous, à perte de vue, ce mélange d’eau et de glace, de couleurs, d’émotions, sur des centaines de kilomètres. Fascinant.

Marcher sur la glace du Baïkal

En fin d’après-midi, on fait une dernière halte aux abords d’une plage. Ici, la glace est épaisse, solide. Youpi, on peut s’avancer sur plusieurs centaines de mètres, sans risque. Car la beauté froide de la « Perle de Sibérie » dissimule aussi d’innombrables drames. Chaque année, plusieurs véhicules coulent. Tout juste un mois avant notre arrivée, le fils de l’ex-président ukrainien Ianoukovitch est mort, à proximité du cap Khoboi justement : son minibus est passé à travers la glace. Nicolas Pernot nous raconte que lors de son arrivée sur l’île d’Olkhon, il y a trois hivers, son chauffeur accélérait pour prendre de l’élan et réussir à passer d’une plaque de banquise à une autre. « C’était terrifiant », glisse-t-il. Ce jour-là, deux fourgons et leurs occupants ont disparu dans les profondeurs du Baïkal.

OÙ DORMIR SUR L’ÎLE D’OLKHON ?
À la sortie de Khoujir, côté lac, les ouvriers s’activent à construire de nouveaux bungalows en bois, à agrandir et améliorer l’existant. On sent, ici comme ailleurs dans le village, que le potentiel touristique du lieu va sérieusement s’étoffer ces prochaines années…
L’auberge de Nikita Bencharov, qui n’accueille qu’en formule demi-pension (matin et soir, tout le monde se retrouve dans la cantine familiale, ambiance bon enfant et cosmopolite), dispose de nombreuses chambres, de 1000 à 1800 roubles (de 18 à 32 euros) selon la saison et leur équipement. On recommande l’endroit.

 

 

IRKOUTSK, LA BASE ARRIÈRE DU BAÏKAL
Capitale de la Sibérie orientale, Irkoutsk (il faut s’entraîner un peu pour la prononciation, pas vrai ?) est l’arrêt le plus prisé du Transsibérien. Parce que la ville est plutôt agréable, ce qui n’est pas si fréquent en Russie, mais surtout comme base arrière pour découvrir le lac Baïkal, dont la rive la plus proche n’est qu’à 70 km.
Il faut en revanche environ sept à huit heures pour se rendre jusqu’à Khoujir, sur l’île d’Olkhon, en minibus (le trajet : 900 roubles, 16,30 euros, par l’intermédiaire de notre guesthouse, plus les 350 roubles de l’hydroglisseur).
Notre expérience : trois nuits, entre l’aller et le retour vers le lac, chez Baïkaler (1500 roubles la chambre double, 27,20 euros), la guesthouse coup de coeur du Lonely planet. Franchement, elle n’a rien de rare ni même de très attachant ;  la tenancière est même limite aimable.
En revanche, on a pu découvrir par anticipation le meilleur de la gastronomie mongole chez Kotchvenik (19, rue Gorkovo). Cadre charmant, plats délicieux, personnel gentil et en tenue traditionnelle, pour 1800 roubles (32 euros) à deux. Ça les valait. 

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