RUSSIE – Que voir dans la capitale russe ? En 4 jours, il a fallu se concentrer sur les incontournables. Et s’offrir des parenthèses, pour n’être pas dévorés par le monstre urbain.
Visiter Moscou, c’est l’étape suivante. Il est tôt. On a passé la nuit dans le train depuis Saint-Pétersbourg. Lui, comme convenu, nous attend, plongé dans un livre, assis au pied de la statue du métro Krasnopresnenkaïa (ça se lit Краснопресненская, pour que vous le sachiez). Il n’est pas du matin, et ça se voit. Mais il s’est levé pour nous. Morgan est le seul à avoir répondu oui à notre appel Courchsurfing pour Moscou. Il est Français et vit ici depuis plusieurs mois avec Vika, sa compagne russe (lire aussi Aller dans un bania en Russie).
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Trois soirées durant, dans leur petit appartement qui surplombe le zoo de la ville, on a échangé sur les différences entre les modes de vie, sur les décalages culturels ou politiques, sur l’URSS et les débridées années 90, sur le cas Poutine et tant d’autres choses encore. En français, en anglais et en russe (enfin, pas pour nous). Toujours devant un verre, ou plusieurs, et une bonne assiette. Posés. Reposés. Dans une bulle. Et ça fait du bien.
Car dehors, la ville est là, qui vous happe dans son implacable tourbillon. Moscou va vite, ses habitants vont vite, ses voitures vont vite. Moscou est insaisissable, son alphabet vous déboussole, son architecture part en tous sens, dômes dorés, bâtiments staliniens, palais ou tours de verre. Mais surtout, Moscou est grande, elle est gigantesque. C’est la plus étendue des villes d’Europe (plus de 1 000 km2). C’est aussi la plus peuplée : 15 millions d’habitants dans l’agglomération. Bonjour vertige.
La place Rouge, forcément
Mais alors, par où commencer ? Par la place Rouge forcément. Parce qu’elle est au centre de tout, historiquement, géographiquement. Mais surtout parce que l’endroit, symbole de toute la Russie, est d’une beauté réelle.
On l’a tellement vue, en photo, à la télé, qu’on se sent tout de suite en terrain connu en pénétrant sur cette vaste esplanade. On l’embrasse d’un rapide coup d’oeil. Voyons voir… Tout est là. Les pavés, OK. Les murs et les tours du Kremlin, OK. Les briques rouges du musée national et ses toits blancs, vous savez, ceux qui donnent l’impression d’être enneigés toute l’année, c’est bon. Et puis, tout au sud de la place, oui, elle existe pour de vrai cette géante pâtisserie semi-mystique semi-psychédélique qu’est la cathédrale de Saint-Basile-le-Bienheureux.
Visiter la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux
Rafales d’images devant le monument. La cathédrale de Saint-Basile-le-Bienheureux se visite (350 roubles, 6 euros). Le temps de se faire sévèrement houspiller – à la russe, quoi – parce qu’on photographie une cérémonie religieuse (désolés, on ne savait pas), on s’avance dans un dédale de couloirs, de marches et de petites pièces sombres. Déçus, d’abord. Et petit à petit, conquis par l’intérieur aussi.
Sous la pyramide et les bulbes colorés, il y a des chapelles. Chacune est différente. L’une d’elle résonne des puissantes voix d’un choeur d’hommes. On marque une pause. Petit instant de magie (un extrait à écouter dans la vidéo ci-dessous). Le labyrinthe tapissé de fresques continue, il nous mène jusqu’à la sortie, sur cette place Rouge qu’on semble redécouvrir. Elle nous aura fait le coup souvent : chaque jour de notre séjour à Moscou, on y est retourné, avec la même envie d’y traîner nos grolles, d’y passer un peu de temps.
Au milieu de la place, il y a le mausolée de Lénine, où repose le dirigeant soviétique – enfin, sa momie – depuis sa mort en 1924. Lui refait-on une beauté, à l’ami Vladimir ? Toujours est-il que le lieu est provisoirement fermé aux visiteurs. Comme souvent, apparemment. Juste en face, autre temple mais d’un genre différent, le Goum, lui, est bien ouvert. Comme toujours. Sous sa verrière, le gigantesque centre commercial héberge, entre autres, les marques de haute couture ou une épicerie fine renommée. C’est là que nous avons cédé à la tentation du caviar, histoire de ne pas faire l’impasse sur le poncif touristique (voir dans la vidéo ci-dessus). Mais quitte à y goûter pour la première fois, autant que ce soit à Moscou, non ?
Le Kremlin, siège de tous les pouvoirs
Billet acheté (500 roubles, 8,9 euros), poches contrôlées : le lendemain, c’est dans le Kremlin que l’on pénètre. Siège du pouvoir religieux (il abrite les plus anciennes églises de Moscou et leurs fameux toits couleur or), la forteresse fut aussi celui de l’empire soviétique, avant de devenir dans la foulée celui de l’administration présidentielle. Cette partie-là, entourée par les 800 canons volés à Napoléon, ne se visite pas.
La cathédrale d’Archange, si. Elle héberge les sépultures des premiers tsars, à commencer par Ivan le Terrible lui-même. Plus grosse cloche du monde, qui n’a jamais sonné, plus gros canon du monde, qui n’a jamais tiré : on écourte pour rejoindre le quartier de Kitaï-Gorod, l’un des plus vieux de Moscou, et le « pilote chinois », restaurant conseillé par un ami français mariée à une Russe.
François nous avait prévenu, l’endroit, peu balisé et fréquenté uniquement par les Moscovites, n’est pas facile à trouver. Le Pilote chinois (dites Letchik djao da, soit Китайский летчик) se dissimule sous terre, dans une rue de l’est du quartier de Kitaï-Gorod. Au 25, Loubianski Proezd, précisément. Ce bar-restaurant n’a rien de chinois.
Sur les conseils de notre ami, habitué des lieux, on a opté pour les crêpes, saumon et hareng (moins de 5 euros le plat). Copieux, bon et pas cher. Avant cela, c’était un bol de bortsch, potage à la betterave et à la viande (3 euros) pour chacun. Si on y a fait halte le midi, le cadre et la petite scène laissent deviner que c’est en soirée que le Pilote se met vraiment à vivre. Concerts quasiment tous les soirs.
Au troisième jour à Moscou, cap sur le monastère de Novodievitchi, ensemble architectural classé au patrimoine mondial de l’Unesco, situé sur les berges de la Moskova. Quatre sanctuaires autour d’une élégante cathédrale (dômes dorés, évidemment) : le petit parc (entrée gratuite) est agréable et reposant. Le repos est éternel dans le cimetière qui le jouxte, façon who’s who de l’histoire russe : les tombes de Gogol, Tchékov, Chostakovitch, ou Prokofiev sont ici. Bon, le plan à l’entrée est en cyrillique ; on a réussi à identifier seulement celle de Eltsine, énorme bloc de granit aux couleurs du drapeau russe.
- Comment se déplacer à Moscou : Prendre le métro de Moscou : le guide pratique.
Détour ensuite par Arbat, rue piétonne qui est souvent qualifiée de Montmartre moscovite. Fut un temps, paraît-il, où le quartier était celui des poètes, des musiciens, des écrivains. Evaporés. Il reste bien quelques caricaturistes mais la rue n’est plus que celle des boutiques de souvenirs et des attrape-touristes. Au bout, la « nouvelle Arbat » est un gigantesque boulevard bordé de moches tours, sur lequel les gros SUV et les voitures de luxe s’en donnent à coeur joie.
Le parc Gorki
Monstre urbain, Moscou accueille aussi en son coeur de gigantesques espaces verts. Le parc Gorki est sans doute le plus célèbre. Pas de joueurs d’échec, pas grand-monde d’ailleurs: par des températures à peine positives et un vent glacial en ce début avril, on n’y a croisé quasiment personne.
Le dernier jour, on a pique-niqué au pied du mont des Moineaux, juste en-dessous du tremplin de saut à ski (oui, en pleine ville), colline qui offre un panorama sur – une partie – de la mégapole. Histoire de contempler une dernière fois cette exubérante capitale russe. Qui fascine, qui fatigue. Qui envoûte, qui dégoûte. Que bien sûr, on n’aura pas réussi à appréhender en seulement quelques jours. Mais il faut s’en aller. Par l’une des neuf gares que compte la ville. Cap à l’est, le lac Baïkal et la Sibérie nous attendent.
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C’est à Moscou que l’on a fait goûter du roquefort aux Russes (malgré l’embargo !) : la vidéo marrante de cette expérience.
Ils ont eu droit au baptême du roquefort ?
Vous reste pas un peu de caviar ?
Oui, ils y ont eu droit, mais ça n’a pas été facile. Encore un peu de patience, la vidéo arrive. Pour le caviar, euh, vu le rapport prix-poids, on n’a pas laissé un seul oeuf… 😉
Bel article ! Nous avions nous aussi beaucoup aimé Moscou (mais nous avons quand même préféré Saint Petersbourg). Amitiés !
Merci ! Les deux villes sont en effet de styles très différents. On a aimé les deux, chacune dans leur genre.