Afrique du Sud

Non, Durban n’est pas forcément à éviter

AFRIQUE DU SUD – Dénigrée par une partie de  la population, la troisième ville du pays tente, avec aquarium et parc aquatique, d’attirer les touristes sur sa côte. Mais sa mauvaise réputation est tenace.

Afrique du Sud, Durban

« You don’t want to go to Durban, it’s black, black, black. » Malaise. On se regarde. Comment interpréter cette phrase ?   Helmut nous paraît tout à coup moins sympathique. Le propriétaire de notre guesthouse de Nelspruit, 70 ans bien mouillés et un accent afrikaner à couper au couteau, se veut prévenant. Mais le malaise est là. La formule est-elle juste maladroite ou sommes-nous témoin d’un vieux relent d’apartheid ? Pas sûr qu’on veuille savoir.

Après notre incroyable escape au Kruger, on continue notre route vers le sud. Vers Durban, troisième ville du pays, célèbre pour son taux de criminalité élevé. Mais on ne va pas résumer une ville à ses statistiques.
En chemin, Helmut n’est pas le seul à tenter de nous dissuader de nous y rendre. La ville ne semble pas avoir les faveurs des Afrikaners, les plus de 60 ans en première ligne. Eux nous préconisent chaudement de fuir le centre, d’explorer les stations balnéaires sur la côte nord de la ville. Mais nous on n’est pas venu pour des vacances farniente à l’occidentale.

Après plusieurs arrêts sur la route, dont un à Umhlanga, dans le plus grand centre commercial du coin Gateway theatre shopping (rien qui ne mérite le détour contrairement à ce qu’on a pu nous en dire), on arrive au coucher du soleil sur Durban. On a pris l’habitude de ne pas sortir de nuit en Afrique du Sud. Pas prudent, surtout quand on ne connait pas le quartier. Alors ce soir, on reste sagement à l’hôtel (lire ci-dessous).

OÙ DORMIR ?
Jamais facile de choisir un quartier pour dormir. Encore moins dans une grande ville. Encore moins quand on a un véhicule à garer. On est tombé sur cette adresse en cherchant sur booking.com. L’hôtel Cube (186 Innes Road Morningside) est propre, relativement bien situé, équipé d’un parking surveillé ; le petit-déjeuner est inclus dans le prix et copieux. Les chambres sont pas immenses mais suffisent. L’atmosphère n’est pas celle des grandes auberges de jeunesse, mais pour une nuit ou deux, l’adresse est correcte tant d’un point de vue du confort que du tarif. Tarif : 467 rands la chambre double, soit 27,30 euros.

 

Afrique du Sud, Durban

On ne s’attend pas à tomber sous le charme de cette immense agglomération. Mais Durban est sur notre route, et on aime prendre le pouls des grands centres urbains. Se fondre dans la masse et observer. On va vite comprendre qu’il est difficile à Durban plus qu’ailleurs de se fondre dans la masse. Le centre-ville est fréquenté quasi-exclusivement par la communauté noire du pays. Pas un blanc à l’horizon. Exceptés nous.

Ça fait tout juste une semaine qu’on est en Afrique du Sud, et on s’est plusieurs fois fait la réflexion : la nation arc-en-ciel de Nelson Mandela n’est-elle pas finalement un doux rêve ? Le pays semble dans certaines régions toujours divisé clairement en deux. Les quartiers blancs, les quartiers noirs ; les centres commerciaux blancs, les centres commerciaux noirs, les métiers des blancs, les métiers des noirs (on poussera plus loin la réflexion dans un prochain article). 

Le bunny chow, l’Inde et l’Afrique du sud dans une même assiette

Notre journée commence par un passage au Workshop, encore un centre commercial, mais qui a l’avantage d’avoir un parking en plein Durban. Un brin moins occidentalisé que celui de la veille, ces 120 boutiques ont été aménagées dans un hall de gare reconvertie à la fin du XIXe siècle. Un pied dehors et nous voilà en plein coeur de ville. Tout autour de nous, l’architecture des bâtiments témoigne d’un passé colonial : le splendide hôtel de ville néo-baroque, l’ancien palais de justice au style victorien, aujourd’hui transformé musée d’histoire locale (Bergheil local history museum)… Dans les rues, la foule des grands jours. Les commerces sont pleins, les trottoirs débordent. La ville bouillonne. Et pourtant c’est un jour de semaine comme un autre, aucun événement particulier. 

Afrique du Sud, DurbanTout en se dirigeant vers le Victoria street Market, à l’ouest du Workshop et à deux pas de la mosquée Juma, on prend conscience pour la première fois de la présence d’une forte communauté indienne. On l’avait lu, Durban compte un million d’Indiens (70 % hindus, 20 % musulmans), descendants d’immigrants venus chercher du travail dans les nombreuses plantations de cannes à sucre de la région du KwaZulu-Natal. Si certains ont parfaitement assimilé les coutumes de la société sud-africaine, une autre part maintient les usages indiens (langue, religion, vêtement, caste).  

Justement, le Victoria street Market, créé en 1910, était à l’origine un marché indien spécialisé dans les épices et les produits frais. C’est ce qui nous a poussé à venir y faire un tour. Bon, autant être honnêtes, si certains commerçants conservent fièrement leurs étals colorés d’épices, on peut aujourd’hui résumer l’endroit à un marché d’artisanat africain ! Un bon endroit pour faire votre shopping souvenir, mais pensez à négocier à l’indienne. Vous obtiendrez des prix record : on ne retrouvera jamais pareils tarifs par la suite.

Afrique du Sud, Durban, bunny chow

Et puisqu’on touche à l’influence du Sous-continent en Afrique du Sud, on va tester une spécialité locale, un plat aux subtiles saveurs du curry indien créé ici-même à Durban. Le bunny chow se résume à un pain creusé et remplit de curry (légumes, poulet ou autres). Ceux qui, comme nous, ont déjà mis un pied en Inde ne pourront pas le nier, ce plat a le goût du pays. On débusque une bonne adresse dans le Workshop justement : l’Oriental. Ça ressemble à un fast-food, mais on peut manger sur place pour trois fois rien (entre 25 et 35 rands le bunny chow, soit 1,50 à à 2 euros). Copieux, épicé et savoureux. On adore.

Dans le Top dix des plus grands aquariums au monde…

C’est un rêve de gosse. Un caprice peut-être, mais ça fait parfois du bien de redevenir des enfants. On a passé notre après-midi dans l’un des plus grands aquariums au monde (« le plus grand de l’hémisphère sud » d’après le site) : uShaka Sea World. Un parc immense immense situé en front de mer et divisé en plusieurs parties : l’aquarium à proprement parler construit dans l’épave d’un navire ; un parc aquatique (accessible pour quelques euros de plus, on n’y est pas allé, la journée était déjà trop avancée mais on ne peut que recommander aux familles de prendre une journée complète pour profiter de tout cet ensemble de loisirs) ; un espace de boutiques et l’accès à la plage. C’est un peu le Disneyland des poissons. Tarifs : entrée aquarium adulte, 165 rands (9,65 euros) ; entrée parc aquatique adulte, 158 rands (9,25 euros).

Afrique du Sud, Durban

Si ce genre de lieu est parfois décrié, il faut au moins leur reconnaître que tout est axé sur place sur la protection de l’environnement : du spectacle de dauphins à la reproduction des pingouins. On n’est pas des spécialistes, donc difficile pour nous de juger le traitement des mammifères marins et autres poissons…

Alors Durban, c’était si terrible ?

On ne va pas se mentir, on a à peine entrevu la ville. En une journée sur place, on ne peut pas vraiment établir un portrait réaliste du lieu. Si on avait eu un peu plus de temps, on aurait pu se balader sur le port, le plus gros et encombré d’Afrique, on aurait pu faire un tour dans son mythique stade Moses Mabhida, ou découvrir ses jardins botaniques. Durban n’était qu’un arrêt sur notre route. Une étape qu’on a bien failli sauter à force de se voir dépeindre tous les mauvais aspects de la ville. On est fier d’avoir dépassé tout ça, d’avoir mis un pied à Durban, d’avoir arpenté son centre-ville. 

Aujourd’hui, avec le recul, on se rend compte pourtant qu’on a peut-être pas poussé l’expérience jusqu’au bout, justement à cause de ces témoignages inquiétants, qui nous ont refroidis. À force de s’entendre dire que la ville est dangereuse, on a pris des précautions supplémentaires. Précautions qui nous ont peut être empêchés d’en profiter (on est parti les mains dans les poches, exit l’appareil photo…). Ou peut-être ces précautions nous ont au contraire permis d’en profiter sans danger. Mais ça, on ne saura jamais.

 

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